Intervention de Aina Kuric

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Aide publique au développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAina Kuric :

Le budget pour 2021 de l'aide publique au développement connaît une montée en puissance historique. Lors de la réunion du CICID en février 2018, a été annoncée une trajectoire conduisant les dépenses de solidarité de la France à représenter 0,55 % du RNB en 2022. La crise sanitaire et économique mondiale rend cet effort budgétaire plus nécessaire encore. Nous devons maintenir des objectifs d'augmentation en volume, tout en y intégrant la dégradation de nos finances publiques. Il s'agit là, ni plus, ni moins, de tenir les engagements internationaux de notre pays.

Nous ne pouvons que nous réjouir de constater que l'APD, c'est-à-dire les programmes 110, « Aide économique et financière au développement », 365, « Renforcement des fonds propres de l'Agence française de développement », et 209, « Solidarité à l'égard des pays en développement », est la politique publique qui enregistre la plus forte hausse sur l'ensemble du quinquennat. Après une progression de 14 % des crédits de la mission « Aide publique au développement » entre 2017 et 2020, le projet de loi de finances pour 2021 amplifie ce mouvement, avec une hausse de 17 % des crédits.

Nous vivons une crise inédite qui, ne l'oublions pas, est mondiale. Afin de répondre à la crise internationale due à la covid-19, les institutions internationales telles que le Fonds monétaire international – FMI – et la Banque mondiale se sont mobilisées de manière rapide, coordonnée et efficace. Au niveau bilatéral, notre aide a été en partie réorientée pour soutenir les États les plus vulnérables, notamment les États africains. De plus, la France a négocié, dans le cadre du club de Paris et du G20, un moratoire du service de la dette des pays les plus pauvres pour l'année 2020.

Toutefois, notre politique d'aide publique au développement doit encore se moderniser pour s'adapter aux enjeux nouveaux. C'est ce que devrait faire le projet de loi de programmation relatif à la politique de développement et à la lutte contre les inégalités mondiales, toujours attendu au Parlement et pour lequel aucun calendrier n'est encore fixé.

Les priorités thématiques et géographiques fixées en 2018 par le CICID continueront de bénéficier de crédits supplémentaires en 2021. C'est une bonne chose. Ainsi, les dix-huit pays prioritaires identifiés – situés en Afrique subsaharienne, à l'exception d'Haïti – seront les premiers bénéficiaires de moyens destinés à prévenir les crises, à lutte contre les effets du changement climatique, à promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes, à renforcer les systèmes de santé et à soutenir l'éducation.

La crise sanitaire ne doit en aucun cas nous faire oublier la situation d'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons. À titre d'exemple, le sud de l'île de Madagascar connaît un épisode de sécheresse intense et exceptionnel : pas une seule goutte de pluie n'est tombée depuis plus d'un an, entraînant plus de 1,6 million de Malgaches vers la malnutrition sévère, malgré une aide française qui tente de s'organiser depuis l'île de La Réunion.

Un accent particulier devra être porté sur la santé en 2021. Avec les engagements pris antérieurement à la crise sanitaire en faveur du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, 50 millions d'euros de la mission « Plan de relance », exceptionnellement en réponse à cette pandémie, permettront de financer, en complément du programme 209, des dispositifs de sécurité sanitaire et de déploiement de vaccins. À ce titre, 37,5 millions d'euros seront versés à l'initiative Access to COVID-19 Tools Accelerator, défendue par le Président de la République depuis le 4 mai dernier, et que le groupe Agir ensemble soutient fortement ; ces fonds contribueront également à financer Gavi, l'Alliance du vaccin.

Conformément à l'objectif fixé par le CICID de consacrer 500 millions d'euros à l'aide humanitaire en 2022, les crédits qui lui sont consacrés augmentent de 82,4 millions, pour s'établir à 329 millions d'euros en 2021. Les trois principaux canaux d'acheminement de l'aide voient leurs crédits progresser respectivement de 32 millions d'euros pour les contributions volontaires aux Nations unies, de 30 millions d'euros pour le Fonds d'urgence humanitaire et de 20 millions d'euros pour l'aide alimentaire programmée.

Le groupe Agir ensemble votera les crédits de la mission « Aide publique au développement ». Je souhaite toutefois conclure mon propos en rappelant que l'atteinte des dix-sept Objectifs du développement durable ne saurait en aucun cas être optionnel. Éradication de la pauvreté, lutte contre la faim, réduction des inégalités, lutte contre le changement climatique, accès à la santé : ils couvrent l'intégralité des enjeux de développement dans tous les pays. Nous devons, tous ensemble, État, secteur privé, acteurs de la société civile, redoubler nos efforts pour bâtir un monde en paix, prospère et durable d'ici à 2030.

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