Intervention de Didier Le Gac

Séance en hémicycle du vendredi 30 octobre 2020 à 21h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Le Gac, rapporteur pour avis de la commission de la défense nationale et des forces armées :

En premier lieu, je voudrais à mon tour me féliciter que, dans un contexte budgétaire contraint, le budget de la défense nationale continue d'être en hausse, conformément aux engagements que nous avons pris lors de l'adoption de la LPM 2019-2025.

Une fois encore cette année, les crédits alloués à la marine nationale sont, eux aussi, en hausse avec 3,8 milliards d'euros en autorisations d'engagement et 2,6 milliards en crédits de paiement. Je ne peux évidemment que m'en réjouir.

En effet, je fais partie de ceux qui pensent que nous avons parfois pêché aux cours des dernières décennies par une approche géostratégique trop terrestre. On voit aujourd'hui combien la mer est au centre des enjeux géopolitiques et stratégiques du moment et comment notre pays, deuxième puissance maritime mondiale, peut et doit endosser un rôle majeur dans ce domaine.

De nouvelles menaces – mais aussi de nouveaux espoirs, je l'espère – viennent et viendront de la mer, qu'il s'agisse de questions liées à la défense stricto sensu, à la sécurité et au respect des frontières et des zones économiques exclusives, à l'humanitaire, aux transports, à l'énergie, à l'environnement ou encore à la circulation de l'information via les câbles sous-marins.

Qui aurait pu imaginer, il y a seulement vingt ans, que le réchauffement climatique ouvrirait de nouvelles routes maritimes par l'Arctique – les fameux passages du Nord-Est et du Nord-Ouest – pour les navires russes et chinois ?

Sur l'ensemble de ces sujets, notre marine nationale est pleinement mobilisée. En outre, comme nous l'a confirmé le chef d'état-major de la Marine, l'amiral Pierre Vandier, lors de son audition, le combat naval redevient une sérieuse hypothèse de travail.

C'est pourquoi je me réjouis que les crédits de la marine pour 2021 permettent la mise en oeuvre de trois types d'engagement : d'abord, la permanence de la posture de dissuasion ; ensuite, la défense de notre territoire maritime, pour laquelle la marine est chargée des missions relevant de l'action en mer ; enfin, la présence sur cinq théâtres d'opérations simultanés, le golfe de Guinée, le détroit d'Ormuz, l'Atlantique Nord, la Méditerranée centrale, en Libye, et orientale, en Syrie ?

L'ambition 2030 vise à construire un modèle d'armée complet, à la hauteur de ces enjeux stratégiques.

Les crédits du projet de loi de finances pour 2021 confirment l'effort de réarmement de notre marine nationale entrepris depuis le vote de la LPM 2019-2025 avec des commandes clés, dont celle d'une frégate de défense et d'intervention et celle de huit hélicoptères interarmées légers ; des livraisons nombreuses, dont trois avions de patrouille rénovés, une frégate multi-missions – FREMM – , une frégate légère furtive rénovée et un hélicoptère Caïman.

Par ailleurs, les grands programmes liés aux infrastructures dans nos ports seront poursuivis en 2021, avec l'arrivée de nombreux bâtiments de nouvelle génération. À ce sujet, j'ai pu constater, lors de mes déplacements dans les ports militaires, les premiers effets tangibles du plan famille lancé en 2017, qui contribue à l'amélioration des conditions de vie des marins et de leur famille, ainsi que de leurs conditions d'hébergement et d'équipement.

La marine va continuer à se doter de drones, absolument cruciaux pour la surveillance d'approche et d'écoute. L'effort de maintien en conditions opérationnelles – MCO – des équipements et d'investissement se poursuivra en 2021. Le MCO est essentiel pour la disponibilité des navires et le nombre de jours passés en mer.

Comme je l'ai souligné dans la deuxième partie de mon rapport, il faut impérativement un successeur au Charles-de-Gaulle à l'horizon 2038 et construire un porte-avions de nouvelle génération – PANG. Il est indispensable que la marine nationale tienne son rang de grande puissance maritime et conserve son autonomie navale en se dotant d'un porte-avions moderne, c'est-à-dire un porte-avions de haute technologie, qui conjugue, d'une part, notre savoir-faire aéronaval centenaire et, d'autre part, l'adaptabilité aux dynamiques de la conflictualité mondiale. Le concept de porte-avions et de force aéronavale conserve toute sa pertinence en raison de l'avantage opérationnel qu'il représente face à d'éventuels ennemis aux méthodes peu orthodoxes et de plus en plus désinhibés. Il faudra également s'adapter au système de combat aérien du futur, dont le nouvel avion de combat sera au porte-avions ce que le Rafale est actuellement au Charles-de-Gaulle. Enfin, il faudra que le PANG garantisse une interopérabilité avec les alliés stratégiques et qu'il soit au coeur de toutes les coopérations européennes.

Mes chers collègues, les crédits alloués par le projet de loi de finances pour 2021 correspondent aux objectifs de remontée en puissance de la marine nationale française. Je salue cette évolution positive, qui permettra à notre pays de tenir son rang de grande puissance dans le monde, de protéger ses intérêts et de veiller à l'application du droit international partout et sur tous les océans.

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