Intervention de Karine Lebon

Séance en hémicycle du lundi 2 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Santé ; solidarité insertion et égalité des chances

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon :

Je voudrais d'ailleurs saluer ici l'engagement et la détermination des bénévoles des associations. Ils font vivre la solidarité, l'amitié et la fraternité. Ils garantissent le maintien du lien social durant cette période difficile.

Les mesures annoncées le 24 octobre dernier par le Premier ministre ne répondront en rien à l'urgence sociale. Elles sont principalement axées sur l'insertion par l'activité économique. Mais, en période de forte augmentation du chômage, les plus éloignés de l'emploi sont aussi ceux qui ne pourront bénéficier de ces dispositifs. Même l'annonce d'une prime exceptionnelle de 150 euros en faveur des allocataires du RSA est loin d'être suffisante.

Et toujours rien pour cette nouvelle période de confinement ! L'expérience aurait dû vous servir de leçon. Avec la persistance de votre politique, vous allez encore aggraver la situation des familles, des jeunes, des plus précaires !

Dans le cadre de la commission des affaires sociales, Pierre Dharréville et Michèle de Vaucouleurs avaient proposé en mai dernier qu'une réflexion s'engage sur les minima sociaux et une réévaluation des budgets à la faveur de cette mission. Le Gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour faire vivre réellement la solidarité.

Je voudrais également aborder le sujet des violences intrafamiliales. Elles ont considérablement augmenté ces derniers mois. Mourir sous les coups n'est pas une fatalité : les politiques publiques peuvent prévenir les violences, sauver des vies et protéger les victimes. Malheureusement, le second confinement risque une nouvelle fois d'augmenter les risques de violences intrafamiliales, qui entraînent bien souvent des situations de repli difficiles à briser. Des mesures exceptionnelles spécifiques doivent être mises en place, dont l'indispensable accueil pour chacune et chacun afin d'éviter les mises en danger.

Parmi les dispositifs existants, le numéro d'écoute 3919 a été initié et est aujourd'hui géré par la Fédération nationale Solidarité Femmes, qui fait preuve de beaucoup d'engagement pour être à l'écoute et accompagner les victimes. Il n'est jamais évident pour une victime de se confier sur son quotidien, de se livrer sur sa vie, surtout lorsque l'emprise du conjoint est forte. À cet égard, il est indispensable de permettre aux femmes, dans les outre-mer, de s'exprimer dans leur langue natale, en créole, autrement dit de régionaliser le 3919.

Le professionnalisme des membres de cette fédération est précieux pour poursuivre l'action. Nous prenons acte de la décision d'étendre l'écoute sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais nous ne pouvons accepter qu'un marché public soit lancé par les services du ministère pour la reprise du 3919. Nous sommes fermement opposés à cette démarche, qui signe la fragilisation de cette ligne d'écoute.

Un an après le Grenelle des violences conjugales, les associations continuent d'alerter. Il serait essentiel d'avoir un bilan des démarches engagées.

Victor Hugo affirmait : « Le propre de la solidarité, c'est de ne point admettre d'exclusion ». Il serait temps que le Gouvernement réponde réellement à la souffrance sociale qui s'exprime. Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine ne peut pas voter ce budget qui manque de volonté politique.

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