Intervention de Raphaël Gérard

Séance en hémicycle du lundi 2 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Mission santé (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRaphaël Gérard :

Monsieur le président, je soutiendrai en même temps, si vous le permettez, l'amendement no 1848 de M. Jean-Louis Touraine.

L'amendement no 1846 vise à répondre à une situation dramatique, que nous laissons se développer avec une indifférence absolue : celle des travailleuses du sexe qui, avec l'instauration d'un nouveau confinement, seront confrontées aux mêmes difficultés que lors du premier confinement. Au printemps, l'État s'est montré incapable d'apporter des solutions pragmatiques et proches du terrain pour venir en aide à des personnes qui se sont enfoncées un peu plus chaque jour dans la précarité sociale et sanitaire, à cause des mesures propres au confinement.

Je sais que cette assemblée a choisi, en 2016, d'inscrire la politique publique du pays dans la ligne de l'abolitionnisme, mais je vous demande instamment, chers collègues, d'entendre les appels de détresse des associations qui, tous les jours, aident des femmes, des hommes et des femmes transgenres plongés dans la misère, car exclus du logement et de politiques de prévention. Ils ont besoin d'être aidés – à titre d'exemple, entre mars et mai 2020, l'association Acceptess-T a distribué plus de 1 200 colis alimentaires.

L'amendement ne prévoit d'augmenter les crédits consacrés à cette politique d'aide que de 90 000 euros. Expliquez-moi ce que 90 000 euros pèsent dans un plan de relance et d'accompagnement de la crise sanitaire de 100 milliards d'euros ! Nous pouvons entendre les appels de détresse de ces associations et les aider à agir concrètement et immédiatement pour soutenir ces personnes. J'en appelle à votre bon sens sur un sujet où l'on parle d'humanité. Je comprends difficilement que l'on laisse des personnes s'enfoncer dans la misère, alors que l'on prétend défendre la dignité humaine. Je vous invite à réfléchir et à m'accompagner pour soutenir cet amendement.

L'amendement no 1848 , déposé par Jean-Louis Touraine, est différent, même s'il porte sur les mêmes lignes budgétaires. Il vise à sanctuariser le budget consacré à la lutte contre le VIH, qui est en diminution. Cette baisse peut paraître symbolique mais, pour des acteurs de terrain, une somme de 20 000 euros n'est pas sans intérêt.

Le nombre de tests de VIH a très sensiblement diminué pendant le premier confinement. De la même façon, la crise sanitaire a fortement déstabilisé la délivrance et l'usage de la PrEP – prophylaxie pré-exposition – , avec des conséquences sanitaires que l'on ne mesurera qu'à moyen et long terme, mais que nous devons prendre en compte.

Mes chers collègues, serons-nous capables, dans quelques mois, de nous regarder en face quand il sera l'heure de faire le bilan du deuxième confinement, en sachant que nous n'avons rien fait, en toute connaissance de cause, pour les travailleuses du sexe ni pour les personnes qui ont une vie sexuelle épanouie et qui se trouvent exposées à des risques que l'on pourrait éviter par le vote de ces deux amendements ?

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