Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du mercredi 4 novembre 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Ils ont été au rendez-vous de l'histoire lorsqu'il s'agissait de défendre les intérêts de la France et des Français que nous représentons. Dans la période récente, nous l'avons démontré. Nous mesurons comme vous la gravité de la situation sanitaire ; celle-ci nous préoccupe et nous inquiète autant que vous. Nous pensons même que nous aurions dû nous préoccuper du sort des soignants et des patients bien avant que cette crise ne nous tombe sur la carafe !

En revanche, nous estimons qu'il ne faut jamais banaliser les régimes d'exception, exorbitants du droit commun. Ils portent atteinte aux libertés fondamentales qui ont occupé notre journée : la liberté de conscience, la liberté d'expression, la liberté de circulation et la liberté fondamentale du Parlement – celle de discuter, d'amender et d'enrichir la loi. Voilà de quoi il s'agit ! Pour ne pas s'y habituer, il ne faut pas inscrire dans la durée les pouvoirs exorbitants du droit commun que nous conférons à l'exécutif pour faire face à la crise.

Nous sommes, de plus, convaincus qu'on réfléchit mieux à plusieurs têtes qu'à une seule et que l'exercice solitaire du pouvoir conduit à des improvisations, à des errements et à des erreurs : on l'a constaté à la veille de la deuxième vague, comme si vous n'aviez tiré aucune leçon du passé. Pour nous, la démocratie n'est pas un handicap, un poids ou du temps perdu : elle peut rimer avec efficacité. Il est possible d'améliorer le projet initial prévu par le Gouvernement, il est même possible de remonter ici l'expression des acteurs de nos territoires pour la prendre en compte dans le difficile équilibre entre gestion du risque sanitaire et nécessité de laisser la vie se poursuivre. Vous ne le voulez pas, mais l'exercice solitaire du pouvoir face à une situation aussi préoccupante ne fonctionne pas.

Vous dites – j'entends ce message qui pourrait, en certaines circonstances, convaincre les républicains que nous sommes – que, face à l'adversité, il faut faire preuve d'unité nationale. Mais celle-ci ne se décrète pas comme une ordonnance ! Elle se construit dans la co-élaboration ; les rapports de confiance ne se commandent pas, ils s'appuient sur une manière de travailler, de respecter l'opposition, d'enrichir son point de vue grâce à des avis différents. La dernière sortie du ministre des solidarités et de la santé – « Si vous n'êtes pas d'accord, dégagez » ! – en est l'illustration.

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