Intervention de Moetai Brotherson

Séance en hémicycle du mercredi 4 novembre 2020 à 21h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMoetai Brotherson :

Comme chacun de nous ici, j'ai examiné les crédits de la mission « Outre-mer » : ils sont, peu ou prou, semblables à ceux de l'année dernière. Certaines actions à la marge connaissent des améliorations ; d'autres, au contraire, sont moins bien dotées cette année. Une chose est sûre, vous avez un rôle particulier au sein du Gouvernement, monsieur le ministre. Le ministère des outre-mer dépend beaucoup de la personnalité du ministre, de sa volonté et de sa capacité à s'engager pour les outre-mer. Pour l'heure, je n'ai pas de raison de douter de votre volonté.

Les outre-mer sont divers : ils recouvrent autant de situations sociales, économiques et constitutionnelles que de collectivités et de territoires. Pour appréhender cette diversité, vous disposez toutefois d'une marge de manoeuvre limitée : Mme Pau-Langevin l'a rappelé, l'essentiel des crédits utiles aux outre-mer ne viennent pas de votre ministère, mais des autres ministères, avec lesquels vous devez la plupart du temps batailler pour maintenir les équilibres et faire entendre les demandes des outre-mer.

Pour ce qui me concerne, je voterai en faveur des crédits de la mission « Outre-mer ». La situation est bien entendu particulière cette année en raison de la pandémie, qui a des conséquences dans tous les domaines. En l'espèce, les outre-mer présentent des situations très diverses. Certains départements sont de simples démembrements de la République quand d'autres collectivités sont dotées d'un statut particulier. Vous revenez de Nouvelle-Calédonie, monsieur le ministre. Ce territoire est une bulle covid free ; mais, à cinq heures d'avion de là, il n'en est plus de même, tant s'en faut, en Polynésie.

Dans ce contexte, l'État a une responsabilité particulière : la protection des personnes lui incombe. Les décisions qu'il prend en matière d'ouverture de frontières, quand bien même elles sont prises avec les exécutifs locaux, ont des conséquences. La reprise de la pandémie en Polynésie en est la parfaite illustration : 1 500 fonctionnaires d'État ont fait rouvrir les frontières de notre territoire, qui présente aujourd'hui un nombre croissant de morts du covid-19 et des chiffres deux fois plus élevés qu'en métropole.

L'État a une responsabilité s'agissant des mesures appliquées à la suite de ses décisions. Je vous exhorte donc, monsieur le ministre, à être notre ambassadeur au sein du Gouvernement et à vous battre avec vos collègues ministres – avec l'ogre de Bercy notamment – dans l'intérêt des outre-mer. Je vous souhaite bien du courage. Les députés ultramarins n'ont pas la volonté de tirer sur l'ambulance, mais ils ne sont pas non plus complaisants. Ils seront attentifs à votre action !

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