Intervention de Serge Letchimy

Séance en hémicycle du mercredi 4 novembre 2020 à 21h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Mission outre-mer (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy :

Cet amendement a été déposé à l'initiative de Josette Manin, qui ne peut être avec nous ce soir.

Un rapport de la Cour des comptes remis en septembre 2020 fait une analyse assez négative du PLOM. Cet avis d'une institution d'État n'appelle pas de commentaire supplémentaire, sinon que nous savons que les objectifs n'ont pas été atteints.

Comment expliquer que les crédits prévus pour le logement – car il y en a, même s'ils varient de quelques milliers d'euros d'une année sur l'autre – ne soient pas utilisés ? J'ai mon analyse, et Josette Manin aussi. Dans la plupart des départements et régions d'outre-mer, et plus particulièrement en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, nous sommes sortis de l'ère où l'on pouvait construire des programmes de 500 ou 1 000 logements – et même 2 000 dans les années 1960 et 1970 – , parce que le foncier était disponible et l'on pouvait construire des HLM à tire-larigot. Aujourd'hui, ce n'est plus possible : le foncier urbain et agricole étant devenu rare, les constructions concernent beaucoup plus souvent le tissu ancien et relèvent de l'extension urbaine. Leur coût est donc beaucoup plus élevé. Dans les années 1960, on a construit les cités Dillon et de Briand en Martinique ; maintenant, on ne pourrait plus le faire, et on doit se contenter de programmes de quarante logements.

Regardez de près la question du coût, monsieur le ministre, et voyez si vous pouvez jouer sur certains paramètres, et en premier lieu sur le prix maximum de construction. Car il existe un surcoût de 15 à 20 % en Guadeloupe et en Martinique.

Par ailleurs, vous devriez relire et faire relire le rapport important sur l'habitat outre-mer publié il y a un an par le CGEADD, le conseil général de l'environnement et du développement durable : il y est écrit que la réhabilitation et la restauration du patrimoine privé sont sous-financées et sous-utilisées. Pour ne prendre qu'un seul exemple, le centre-ville de Fort-de-France comptait 12 000 habitants ; il n'en compte plus que 4 000. On pourrait donc potentiellement y loger 8 000 habitants supplémentaires ! À mon avis, l'offre résidentielle pouvant résulter de la restauration du patrimoine ancien, privé et locatif, est une voie qui n'a pas suffisamment été explorée.

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