Intervention de Raphaël Gérard

Séance en hémicycle du vendredi 6 novembre 2020 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRaphaël Gérard :

La mobilisation exceptionnelle, dont nous avons été les témoins au cours des derniers jours en faveur des librairies, marque l'attachement viscéral de nos concitoyens à la culture et la place centrale que celle-ci occupe dans notre imaginaire national.

Au printemps, lors de la première période de confinement, les Français se sont mis à chanter aux fenêtres ; ils se sont réfugiés dans la lecture, dans la musique et dans la fiction pour affronter l'épreuve du réel et retrouver l'espérance aux racines de la vie.

À présent, les Français craignent que notre exception culturelle se noie dans la seconde vague de l'épidémie de coronavirus. Je voudrais les rassurer : le Gouvernement et la majorité sont pleinement mobilisés pour accompagner le secteur de la culture à l'épreuve de la crise.

Les crédits inscrits au titre de la mission « Culture » sont en hausse de près de 4,5 % par rapport au projet de loi de finances initiale pour 2020.

En premier lieu, je veux saluer la priorité donnée à la conservation et à la restauration des monuments historiques, dont les crédits sont en hausse de près de 4,22 % pour 2021. C'est une excellente nouvelle pour la culture dans les territoires.

Contrairement à un musée ou un spectacle – où le public choisit de se rendre – , l'observation de l'environnement architectural immédiat est libre et gratuite ; elle s'impose à nous. Au-delà du sentiment de réflexion esthétique qu'il procure, le patrimoine est ainsi un excellent instrument de médiation culturelle, une passerelle vers l'histoire et une meilleure appropriation des cultures et des identités locales.

Cette priorité donnée à la conservation et à la restauration des monuments historiques constitue aussi un important dispositif de soutien et de maintien de l'activité des TPE et PME du secteur des métiers d'art et de la restauration du patrimoine, qui sont très dépendantes de la commande publique.

La crise sanitaire actuelle fait courir le risque d'une disparition de savoir-faire ancestraux qui sont nécessaires à la transmission de notre bien commun aux générations futures.

Soulignons la montée en puissance du fonds incitatif et partenarial – FIP – en faveur des monuments historiques des petites communes : près de 5 millions d'euros de crédits de paiement supplémentaires lui ont été octroyés en 2021, ce qui témoigne d'une attention particulière portée à la ruralité.

Cette mesure répond à une préoccupation des communes à faibles ressources, qui ont parfois des difficultés à boucler les tours de table financiers avec l'ensemble des acteurs – État, collectivités territoriales, partenaires privés – , notamment à la suite du désengagement de certains départements.

À cet égard, je salue la politique volontariste de mon département de Charente-Maritime qui a décidé, dans le contexte actuel, d'augmenter de 400 000 euros sa contribution pour financer le patrimoine historique et les patrimoines de proximité, y compris non inscrits. Cela démontre, si besoin en était, que le patrimoine est l'affaire de toutes les institutions.

Le FIP complète l'action engagée par le ministère de la culture pour valoriser la dimension patrimoniale des projets de revitalisation des centres anciens, notamment au sein des sites patrimoniaux remarquables – SPR – , dans le cadre du dispositif action coeur de ville, et bientôt dans celui du plan petites villes de demain.

Rappelons que, dans le cadre de la troisième loi de finances rectificative, nous avons modifié les conditions d'octroi du label de la Fondation du patrimoine, afin de les élargir aux immeubles situés dans des communes de moins de 20 000 habitants et non protégés en qualité de monuments historiques.

Toutes ces mesures illustrent l'attention portée par la majorité au patrimoine situé dans l'ensemble des territoires, en particulier ceux où l'offre culturelle est limitée.

Je voudrais également mettre l'accent sur le soutien accru à la création, signe que, même en temps de crise, le Gouvernement entend accompagner l'inventivité, l'innovation et la vitalité du secteur culturel.

Je me réjouis en particulier de la hausse de 18 % des crédits de paiement du budget alloué à la création, la production et la diffusion des arts visuels.

Je souhaite que ces crédits soient pour partie dédiés à l'accompagnement des artisans et des maîtres d'art, dont le chiffre d'affaires s'est effondré souvent au-delà de la limite de 80 %, notamment du fait de l'annulation de nombreux salons culturels et de l'érosion des commandes. La fragilisation de ce secteur économique, en raison de l'épidémie, fait planer la menace de la disparition de savoir-faire qui participent à notre dynamique de diffusion culturelle et à la renommée de notre pays à l'international.

Enfin, je voudrais signaler le renforcement du soutien à la transition et l'innovation numérique : près de 1,5 million d'euros supplémentaires. La première période de confinement nous a montré combien le numérique était un important levier de démocratisation culturelle. C'est ainsi que le musée du Louvre a réinventé – avec succès – sa politique de consultation numérique : près de 10 millions de personnes ont visité son site au printemps, soit autant que de visiteurs physiques en une année.

Le groupe de La République en marche votera donc pour les crédits de la mission « Culture ». Ceux-ci apportent une réponse proportionnée à la crise, tout en consacrant notre exception culturelle où la culture est un continuum de pratiques en amateur et professionnelles, aux entrées multiples et au chemin foisonnant.

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