Intervention de Céline Calvez

Séance en hémicycle du vendredi 6 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Médias livre et industries culturelles ; avances à l'audiovisuel public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCéline Calvez, rapporteure pour avis de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

La culture, c'est tout ce que l'homme a inventé pour façonner le monde, pour s'en accommoder, et pour le rendre vivable : voilà en quelques mots ce qu'Aimé Césaire aimait à dire de la culture. J'y souscris pleinement, surtout en ces temps qui troublent nos vies. Et c'est bien parce que les médias et les industries culturelles participent à cette mission singulière et primordiale pour notre économie et pour notre vie que les efforts budgétaires en leur faveur sont indispensables.

En 2021, ils sont au rendez-vous et traduisent un engagement fort du Gouvernement. Ce budget, nous l'avons déjà dit, est exceptionnel. Il arrive après trois – et bientôt quatre – lois de finances rectificatives qui ont déjà permis d'adopter des mesures d'urgence en soutien au secteur. Le projet de loi de finances est donc le trait d'union entre l'urgence et la nécessaire relance. C'est un budget d'optimisme – gardons cet optimisme ! – , qui doit nous permettre de refonder notre politique culturelle pour protéger, mais aussi, et surtout, pour inviter à se réinventer.

S'agissant de la mission « Médias, livre et industries culturelles », pour laquelle je suis rapporteure pour avis, ce budget exceptionnel se traduit tout d'abord par une dotation en hausse de 20 millions d'euros, qui atteint plus de 606 millions d'euros.

Pour la presse et les médias, le soutien de 8 millions d'euros supplémentaires est indispensable, car la crise sanitaire que nous traversons est un véritable cataclysme pour l'ensemble des secteurs concernés. Je pense en premier lieu à la presse, qui a subi de plein fouet une double crise : une crise sanitaire, tout d'abord, marquée par la fermeture des points de vente et l'effondrement du chiffre d'affaires pour les éditions papier ; une crise de la distribution ensuite, avec la faillite de Presstalis. C'est pour l'aider à faire face à ces difficultés qu'a été décidé un plan de filière d'une ampleur sans précédent, avec pas moins de 483 millions d'euros débloqués entre 2020 et 2022. Ce plan complet aidera la presse, non seulement à affronter les conséquences de l'épidémie, mais aussi à accélérer sa modernisation – je pense notamment aux aides en faveur des services de presse en ligne ou pour la modernisation des imprimeries de la presse régionale, ou encore aux fonds en faveur de la transition écologique ou de la lutte contre la précarité.

En définitive, le budget alloué à la presse est autant un budget de crise qu'un budget de refondation, et je m'en félicite. Je souhaite que ces nouveaux crédits permettent d'accélérer véritablement la triple transformation du secteur : la transformation numérique, car il faut vraiment poursuivre la réflexion sur la place du papier dans l'offre journalistique de demain, la transformation écologique, grâce la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire et à nos futurs travaux issus de la convention citoyenne pour le climat, et la transformation sociétale, car l'égalité entre les femmes et les hommes doit être une véritable priorité pour les médias.

Le livre et les industries culturelles ne sont pas en reste, avec un budget en hausse de plus de 11 millions d'euros en 2021. Ces nouveaux crédits permettront de renforcer le soutien au Centre national de la musique et au secteur du livre, dont tous les maillons de la chaîne doivent être pris en compte, des auteurs aux éditeurs en passant par les imprimeurs, les distributeurs, les diffuseurs et les libraires.

Quant au cinéma, il bénéficie d'un soutien massif dans le plan de relance avec 165 millions d'euros en faveur de toute la filière, auxquels s'ajoutent 50 millions d'euros pour les salles de cinéma. Alors que la deuxième vague de l'épidémie vient à nouveau mettre en difficulté ce secteur déjà largement dévasté, ce soutien est crucial.

S'agissant de l'audiovisuel public, les crédits des six sociétés dans le compte de concours financier « Avances à l'audiovisuel public » connaissent une baisse de 70 millions d'euros en 2021. Cette diminution est globalement conforme à la trajectoire décidée en 2018, mais les effets de la crise doivent toutefois être compensés, sans quoi la situation sera intenable au plan financier. C'est pourquoi le plan de relance refinance les six sociétés à hauteur de 70 millions d'euros en 2021 et 2022. Néanmoins, une attention particulière doit être portée aux charges qui ne sont pas annulées, mais simplement reportées – je pense notamment à la diffusion des Jeux olympiques de Tokyo.

Enfin, comme nous l'avons évoqué il y a quelques jours encore en commission, madame la ministre, toute la question de l'avenir de la contribution à l'audiovisuel public reste d'actualité. J'espère que nous trouverons des solutions pour assurer à l'audiovisuel public un financement pérenne : je crois en la visibilité pluriannuelle que nous devons à ces sociétés, pour qu'elles puissent réaffirmer les synergies possibles qu'elles sont en train de trouver et qui méritent d'être développées.

Ce budget est celui des artistes, mais aussi notre budget à nous tous, citoyens. Il participe au renforcement des liens qui nous unissent, par la culture, mais également à la démocratie. C'est pourquoi, au nom de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, je vous invite, mes chers collègues, à approuver ces crédits.

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