Intervention de Caroline Fiat

Séance en hémicycle du lundi 23 novembre 2020 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Fiat :

Pas de chance, nous sommes imperméables à votre langue de bois et nous parlerons de coupes budgétaires, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Avec vous, les hôpitaux doivent faire toujours plus, sans que les moyens suivent. Comme l'an dernier – car, manifestement pour vous, rien ne s'est passé en l'espace d'un an – , vous prévoyez de retirer aux hôpitaux 800 millions d'euros dont ils ont cruellement besoin, en exigeant des fermetures de services et de lits, ainsi que des suppressions de postes.

C'est donc cela, pour vous, le retour à la normale ? Comment justifiez-vous cette politique libérale ? N'apprenez-vous donc rien ? Vous pouviez dire que vous n'étiez pas responsables des vingt dernières années, mais pas cette fois. Vous parlez de restructuration de l'offre de soins, mais appelons un chat un chat : il s'agit bel et bien de la poursuite de la destruction de l'hôpital public.

Monsieur le ministre, ne voyez-vous donc pas les arrêts de travail et les démissions à l'hôpital comme un signal d'alarme ? Les étudiants en santé, les soignants, les médecins souffrent. Turnover infernal, destruction des équipes hospitalières, rappels incessants sur les jours de congé, harcèlement moral ou sexuel : comme le décrivent les textes de Sara Eudeline et Amélie Jouault, dénigrement, humiliations, harcèlement et violences constitueraient un passage obligé lors du passage des étudiants en médecine à l'hôpital et, dans une moindre mesure, en cabinet libéral. À l'heure où l'hôpital public et, plus généralement, le système de santé, a besoin de renforcer ses effectifs, l'État ne peut permettre que les futures forces vives de la santé soient ainsi maltraitées.

Or, que faites-vous ? À ce jour, 180 000 infirmiers diplômés d'État ont changé de profession. Pourquoi ne pas auditionner ces infirmiers dont nous avons tant besoin en cette période ? Nous devons impérativement comprendre leur malaise et à quelles conditions ils seraient prêts à revenir. Pourquoi n'instaurez-vous pas un ratio de personnel par malade dans chaque service hospitalier, ou par résident en EHPAD et dans les établissements sociaux et médico-sociaux ? De tels ratios sont les garants de la qualité des soins et de bonnes conditions de travail.

Autre aberration du projet de loi : pour justifier la baisse des dépenses de l'assurance maladie, vous prétendez vouloir faire des économies sur le prix des médicaments. Alors que les pénuries de médicaments explosent depuis 2017, tous nos amendements visant à mieux réguler ce marché ont été rejetés et notre proposition de créer un pôle public du médicament balayée d'un revers de main, mais vous espérez réduire les dépenses en médicaments ! Recevables en commission, nos amendements seraient aujourd'hui irrecevables en séance : là encore, c'est un retour à la normale bien anormal.

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