Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du lundi 23 novembre 2020 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Ignorez-vous que 45 % des Français ont déjà renoncé à se soigner pour des raisons budgétaires, que 3 millions d'entre eux sont dépourvus de mutuelle, lesquelles ont d'ailleurs augmenté leurs tarifs de 47 % en dix ans et, à n'en pas douter, répercuteront sur leurs tarifs les coûts supplémentaires engendrés par la prise en charge de ces 18 euros que vous instaurez.

Vous dites vouloir responsabiliser les gens, mais les gens ne vont pas aux urgences par plaisir. Quand ils ne s'y rendent pas pour une urgence vitale, ils y vont parce qu'ils ne parviennent pas à évaluer la gravité de ce qu'ils ressentent et attendent parfois des heures avant d'être pris en charge. En moyenne, 30 % des passages nécessitent une hospitalisation. Mais 20 % des Français disent être allés aux urgences dans les deux dernières années faute d'avoir trouvé un médecin pour répondre à leurs besoins, et 3,8 millions de personnes vivent dans un désert médical.

Vous dites vouloir éviter les restes à charge trop lourds, mais c'est vous qui les avez augmentés en 2019 en poussant à 24 euros le montant du forfait. À chaque occasion, il nous faudra rappeler aux Français que le manque de moyens dont souffre le système de santé auquel ils sont attachés est le corollaire de la baisse des cotisations sociales à laquelle vous procédez, car ce sont elles qui le financent.

Au pouvoir, nous abrogerons cette disposition des urgences payantes. À rebours de vos choix, s'il fallait retenir quelques-uns des nôtres, nous sommes pour des moyens humains et matériels supplémentaires pour reconstruire l'hôpital, pour la construction d'un pôle public du médicament afin de découvrir et de fabriquer en France les molécules indispensables, pour le « 100 % sécurité sociale » plutôt que le business des mutuelles à but lucratif et les coûts qu'ils engendrent.

La santé n'a pas de prix, disait le chef de l'État. Le Gouvernement fera le nécessaire, quoi qu'il en coûte, ajoutait-il. Lui s'est contenté de le dire ; nous, nous le ferons.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.