Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du lundi 30 novembre 2020 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

À l'heure où nous discutons une dernière fois de ce PLFSS dans l'hémicycle, voilà bientôt un an que l'épidémie de covid-19 a surgi et qu'elle s'est abattue sur un système de santé hyper-fragilisé par des années d'économies insoutenables, notamment à l'hôpital. Car derrière les lignes comptables, il y a des lits, et derrière les lits, il y a des vies : 100 000 lits ont été fermés en vingt ans à l'hôpital, dont 7 400 ces deux dernières années, sous votre majorité.

Et ça continue : en pleine crise sanitaire, quelque treize hôpitaux font encore les frais de cette logique de fermeture de lits. À cela, il faut bien entendu ajouter le précieux temps perdu en raison d'une gestion calamiteuse de la crise, depuis le fiasco des masques, qu'il ne fallait pas porter avant qu'ils deviennent obligatoires, jusqu'aux petits commerces, qu'il fallait fermer alors que les rames de métro restaient bondées. Confinement, déconfinement raté et reconfinement incohérent se sont ainsi succédé, nous faisant perdre un temps précieux. À présent, et alors que d'autres vagues du virus pourraient survenir, il est clair que les Français ne peuvent continuer à vivre dans l'alternance permanente des confinements et des déconfinements.

La semaine dernière, le groupe de la France insoumise a donc présenté un document complet développant des alternatives au confinement. Il vient s'ajouter à nos onze propositions de loi, aux quatre guides, dont un dédié à la protection des salariés, aux cinq plans complets et au rapport issu de la centaine d'auditions que nous avions réalisées pendant la première vague, lors du premier confinement.

Le tout a bien entendu été systématiquement balayé par le Gouvernement et la majorité qui, de toute façon, ne semblent plus rien contrôler de la crise sanitaire, d'autant que les décisions sont dorénavant prises au sein du fameux conseil de défense, lequel est d'ailleurs soumis au secret défense. Qu'importe : nous croyons ces propositions d'alternatives au confinement utiles au pays, et nous avons notamment travaillé sur le concept de roulement – roulement au travail, roulement à l'école, roulement dans les transports – de manière à éviter une trop forte concentration de personnes au même endroit et au même moment, cette mesure devant bien sûr être associée à un renforcement des protocoles sanitaires.

Le télétravail doit constituer la règle ; il faut en fournir pleinement les moyens.

Dorénavant, l'attention est focalisée sur l'attente du vaccin, lequel suscite l'espoir des uns, l'attentisme voire la méfiance des autres, mais toujours l'engouement sur les places boursières. Nous l'affirmons solennellement : la pandémie étant mondiale, le vaccin contre la covid-19 devrait être un bien commun à l'humanité tout entière. Il ne peut d'ailleurs constituer la seule solution à l'épidémie : nous devons déployer les moyens nécessaires pour concevoir des traitements efficaces contre le virus. Il y a vingt ans, nous produisions 80 % des médicaments que nous consommions ; aujourd'hui, c'est l'inverse : nous en importons 80 %. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons la création en France d'un pôle public du médicament pour la recherche fondamentale et pour la fabrication des molécules indispensables.

Par ailleurs, la crise sanitaire se double désormais d'une crise économique grave. Nombre de postes sont supprimés, y compris par des profiteurs qui, tout en continuant à distribuer d'incroyables dividendes, taillent dans leurs emplois, en pleine crise, afin d'accroître encore leurs marges. La pauvreté atteint des records, alors que la richesse se concentre toujours plus entre quelques mains. À la faim qui sévit en de nombreux endroits s'ajoute à présent le froid commençant à s'abattre sur notre pays. Il faut un plan exceptionnel en faveur des personnes sans abri, ainsi qu'un plan de lutte contre la précarité énergétique ; nous voulons par exemple la gratuité des consommations vitales de biens communs de première nécessité, comme l'eau et l'énergie. Cette mesure pourrait être financée par une tarification progressive. Il nous faut une garantie de dignité, afin que personne, dans ce pays, ne vive sous le seuil de pauvreté.

C'est ce moment précis où la pauvreté s'accroît que vous choisissez pour instaurer un paiement obligatoire de 18 euros lors de tout passage aux urgences ne débouchant pas sur une hospitalisation. Incontestablement, vous vous préparez ainsi à une augmentation du non-recours aux soins. Monsieur le ministre, le « quoi qu'il en coûte » n'était donc bien qu'une formule, d'ailleurs vite corrigée par le Président de la République, qui s'en est allé déclarer devant le personnel d'un hôpital que le problème résidait dans l'organisation et non dans le manque de moyens.

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