Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du jeudi 3 décembre 2020 à 9h00
Dépistage systématique de la covid-19 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

L'OMS le répète depuis le début : tester, tester, tester ! Pourtant, la stratégie de test mise en place en France a été particulièrement poussive au printemps dernier. En raison de difficultés d'organisation et de retards, les capacités de test ont très vite été débordées. Le rapport de la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée sur la gestion de la crise sanitaire détaille différents manquements graves.

Avec l'été et la décrue de l'épidémie, on aurait pu penser que les leçons de la première vague avaient été tirées, mais non ! En voulant tester tout le monde, on n'a testé personne. L'annonce ronflante du million de tests par semaine a eu pour effet la saturation du système. Les résultats tombaient en moyenne sept jours après le prélèvement : ils étaient inutiles pour casser les chaînes de contamination.

Le refus de la planification par le Gouvernement l'a conduit à réagir à la situation sanitaire par des restrictions de liberté toujours plus grandes. Un deuxième confinement du pays a été décidé, en toute opacité, par le conseil de défense, mais il comporte lui-même de nombreux manques, qui nuisent à son efficacité. La plupart des lieux de contamination – travail, écoles, transports – restent ouverts, sans protocole sanitaire sérieux. La fermeture arbitraire de l'ensemble des petits commerces, pour lesquels une jauge aurait pu être prévue, va provoquer leur effondrement.

À présent que de nouveau l'épidémie décroît, nous ne devons pas retomber dans les mêmes erreurs. Nous ne sommes que trop endeuillés. La France se relèvera difficilement de la crise économique, surtout avec un plan de relance indigent.

Le groupe La France insoumise a présenté des propositions de solutions alternatives au confinement. Pour la vie ordinaire, il faut organiser des roulements dans les écoles, dans les transports et dans les entreprises : c'est possible par la maîtrise collective du temps. Nous nous sommes appuyés notamment sur l'exemple de pays étrangers, ainsi que sur l'expertise de professionnels de divers secteurs – éducation nationale, enseignement supérieur, santé, culture, transports publics. Oui, les exemples étrangers doivent nous inspirer, mais pas les exemples autoritaires et liberticides, qui aboutissent à toujours plus de contrôle de la population.

Prenons l'exemple de l'État indien du Kerala, exemplaire dans sa réponse à la pandémie : il compte beaucoup moins de contaminations et de morts. Une grande partie de sa stratégie repose sur la solidarité sociale. En même temps que des quarantaines strictes et le traçage des cas contacts, le Kerala a instauré des livraisons gratuites de repas, construit des hébergements et proposé un moratoire sur les crédits à la consommation. La réponse sociale est essentielle dans la lutte contre la pandémie car il est impossible pour les individus de se confiner quand ils ont besoin de travailler, tout comme il est impossible pour eux de s'isoler quand leur logement est surpeuplé ou insalubre.

Le vaccin, bien sûr, est source d'espoir, mais son efficacité doit être garantie, de même que son innocuité. En tout état de cause, le vaccin ne sera pas le remède miracle. Là encore, une planification est nécessaire. L'étude des eaux usées permet d'anticiper la reprise épidémique. Cette méthode est utilisée à Marseille depuis l'été. Pourquoi ne pas avoir généralisé une telle surveillance ?

De même, une campagne de dépistage massif est en cours à Saint-Étienne, à Lille et au Havre. D'autres pays, comme la Slovaquie, l'ont déjà appliquée à l'échelle de leur population. C'est également la technique utilisée par la Chine pour résorber les dernières poches de l'épidémie. Pourquoi la France y recourt-elle seulement maintenant ? A-t-on prévu d'isoler les personnes testées positives ? S'il s'agit de tester sans planifier la réponse sanitaire, le Gouvernement perd encore son temps. Il faut une réponse globale à la pandémie : une réponse sanitaire, économique, sociale et démocratique. Tout l'inverse de ce que fait le Gouvernement.

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