Intervention de François Pupponi

Séance en hémicycle du jeudi 3 décembre 2020 à 15h00
Protection du peuple arménien — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

C'est aussi ce à quoi sert notre résolution : témoigner du fait que l'Artsakh est arménien, que l'Azerbaïdjan et la Turquie sont et seront tenus responsables des exactions passées, et enfin que des crimes de guerre sont commis à l'encontre de civils, passibles de poursuites devant les tribunaux et les instances pénales internationales.

Il y a aussi une troisième raison de voter cette résolution qui nous concerne, en tant que Français. Nous n'avons pas été au rendez-vous de l'histoire – de notre histoire, de nos valeurs. Notre présence au sein du groupe de Minsk n'a pas permis d'empêcher le conflit, le massacre de civils, l'usage d'armes chimiques et toutes les exactions auxquelles nous avons assisté ces dernières semaines. Pire, le sentiment que nous laissions les Azéris agir a gagné beaucoup d'entre nous depuis quelques années. Le maire de Sarcelles que j'étais alors a vécu comme une réelle infamie le fait que des préfets de la République saisissent les tribunaux à la demande des Azéris pour sanctionner les élus qui avaient signé des chartes d'amitié avec des collectivités locales arksahiotes. À Sarcelles, cette charte nous permettait par exemple d'offrir des ordinateurs aux enfants démunis de notre ville soeur et aujourd'hui meurtrie de Martakert.

Depuis quelques semaines, le Président de la République a trouvé les mots pour nommer les choses et replacer notre pays là où il n'aurait jamais dû cesser d'être, c'est-à-dire auprès des chrétiens d'Orient et, dans le cas présent, des Arméniens. La France a, de fait, une grande tradition d'amitié et de fraternité avec les Arméniens et plus globalement avec les chrétiens d'Orient.

Les Azéris et leurs partisans dans notre pays se sont émus que les Français d'origine arménienne soient nombreux et qu'ils aient défendu leurs frères d'Artsakh. Oui, les Arméniens sont nombreux en France et c'est une chance pour notre pays. Ils le sont car la France a été une terre d'accueil et d'adoption pour les survivants du génocide décidé par le gouvernement Jeunes-Turcs. Ils n'ont jamais oublié cette horreur, ni leurs bourreaux. Oui, ils se sont mobilisés pour réveiller la France. Ces dernières semaines, ils ont été notre conscience : qu'ils en soient à jamais remerciés !

Cent cinq ans plus tard, le choix pour la France est simple : subir le déshonneur en acceptant avec passivité ce qui se passe sous ses yeux ou bien sauver l'honneur en reconnaissant cette petite république, ô combien grande par son héroïsme, et en permettant la construction d'une paix durable et la survie des Arméniens.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.