Intervention de Rodrigue Kokouendo

Séance en hémicycle du jeudi 10 décembre 2020 à 9h00
Accord de coopération avec les États membres de l'union monétaire ouest-africaine — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRodrigue Kokouendo, suppléant Mme Marielle de Sarnez, présidente de la commission des affaires étrangères :

Quant à l'argument sur le franc CFA ou l'eco comme rente pour les multinationales exportant des matières premières, les grands groupes pétroliers qui opèrent au Nigeria, au Ghana, autant si ce n'est plus qu'en Côte d'Ivoire ou au Sénégal, n'ont pas besoin du franc CFA. La lutte légitime contre la faible redistribution du produit de l'extraction des matières premières aux populations et contre ses conséquences écologiques se mène ailleurs.

Nous entendons que la parité emporte comme conséquence une lutte prioritaire contre l'inflation. Ce débat permanent entre la stabilité et la croissance est universel, il dépasse l'Afrique de l'Ouest. L'absence d'inflation a des avantages : une famille malienne de Kidal continue à acheter ses produits de première nécessité avec des francs CFA qui ne se déprécient pas, même quand tout s'effondre autour d'elle. Elle a des inconvénients : l'investisseur est confronté à des taux d'intérêt bancaires prohibitifs. Le choix est difficile, mais il appartient aux pays de l'UMOA, indépendants depuis soixante ans. C'est à eux seuls de décider.

La CEDEAO, qui regroupe quinze pays, a engagé une réflexion pour mettre en place une monnaie à l'échelle de l'ensemble de la zone. Les pays s'orienteraient vers une monnaie à taux flottant ou arrimée à un panier de monnaies. Il s'agit de gagner en compétitivité face aux entreprises étrangères qui bénéficient de crédits abordables, sans renoncer trop rapidement à la stabilité monétaire, afin d'éviter l'effondrement de la consommation et la fonte de l'épargne.

Je ferai une parenthèse sur la Communauté économique des États de l'Afrique centrale – CEEAC – , qui a également une monnaie commune : le franc CFA-XAF. À ce stade, ces pays n'ont pas demandé la révision de l'accord les liant à la France, mais ils sont attentifs à l'évolution qui a lieu en Afrique de l'Ouest. L'intégration des deux zones pourrait avoir pour avantage d'équilibrer une zone CEDEAO où un seul pays, le Nigeria, a un poids démographique et économique disproportionné.

Ce sont des dynamiques internes à l'Afrique. Nous pouvons les observer, les commenter, les accompagner dans un partenariat fructueux, mais nous ne pouvons pas décider à la place des pays concernés, même au nom de principes généreux.

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