Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du lundi 14 décembre 2020 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

En effet, vous déplacez plus de 20 milliards d'euros et vous transformez l'article liminaire : ce texte ressemble donc étrangement à un projet de loi de finances rectificative.

Dès octobre, nous vous avions dit que le projet de loi de finances pour 2021 n'était qu'indicatif. Nous avions raison – il ne fallait d'ailleurs pas être grand clerc pour le comprendre. Nous vous avions demandé d'élaborer plusieurs scénarios dynamiques pour nous donner de la visibilité, mais vous ne l'aviez pas souhaité. Au fond, le meilleur scénario est la transformation, au fur et à mesure, du budget. Évidemment, celle-ci est très forte et ne va pas dans le bon sens, mais l'actualité la dicte.

La dette publique va exploser, le ministre de l'économie comme le ministre délégué chargé des comptes publics l'ont dit, et dépasser les 122 % du PIB. Elle va augmenter, en deux ans, de plus de 400 milliards d'euros, ce qui représente 100 milliards de plus qu'en 2009 et 2010. Sans doute la crise actuelle est-elle plus profonde et difficile, mais les chiffres sont là.

Le mélange du « quoi qu'il en coûte » avec le « en même temps » est détonnant : il aboutit à la récession et à la dette. Cette année, nous allons emprunter un montant à peu près équivalent à celui des retraites versées, qui représente environ 320 milliards d'euros ; nous allons emprunter un peu moins, mais l'ordre d'idée est le même. La question de notre capacité à soutenir une telle dette se pose ; vous le savez, mais il faut maintenant agir.

J'ignore si vous avez lu le dernier prix Goncourt, très intéressant : l'auteur, Hervé Le Tellier, y duplique un avion avec ses passagers. Bercy a quelque peu tendance à dupliquer la dette au même rythme et à enclencher un mécanisme permanent de réattribution et d'augmentation de la dette, qui deviendra vite insoutenable.

Jean Arthuis – j'ai été auditionné tout à l'heure par la commission qu'il préside – demande la stabilité de la dette. Commençons par la stabiliser immédiatement ! Vous allouez 6 milliards ou 8 milliards d'euros d'argent frais – je n'ai pas très bien compris le montant exact, nous verrons cela au cours du débat – parmi les 20 milliards d'euros que vous réaffectez sur les lignes de dépenses, afin de tenter de faire face à l'urgence. Vous faites bien et je suis favorable à ces mesures, car les permittents et les titulaires de contrats précaires doivent être aidés grâce à un abondement du fonds de solidarité. Néanmoins, vous devez arbitrer entre les dépenses de moyen et long termes et celles de court terme. Vous ne pouvez pas accumuler les dépenses ! Il ne peut y avoir d'empilement de la dépense publique, qui conduit la dette à devenir insoutenable. Tant que les taux d'intérêt sont bas, elle est soutenable, comme vous l'avez dit, mais, comme vous l'avez également souligné, il faudra bien la rembourser d'une manière ou d'une autre.

Le taux d'endettement est préoccupant et vous devriez financer les nouvelles et nécessaires mesures d'urgence à dette constante.

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