Intervention de Jean-Hugues Ratenon

Séance en hémicycle du mardi 15 décembre 2020 à 15h00
Conseil économique social et environnemental — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Hugues Ratenon :

Voilà, une fois encore, un texte très décevant par rapport aux ambitions affichées, et qui démontre la grande capacité du Gouvernement, qui se la joue champion de l'expression populaire, à nous enfumer. Comme pour de très nombreux textes examinés ici, c'est, malheureusement, une montagne qui accouche d'une souris.

Faire du CESE l'assemblée des consultations publiques : les termes utilisés pour qualifier le projet de loi organique font rêver. Emmanuel Macron, plus royaliste que le roi, a même parlé d'une chambre des conventions citoyennes quand le Gouvernement en appelle à un forum de la société civile, carrefour des consultations publiques. Rien que ça !

Sans vouloir insulter qui que ce soit, connaissez-vous vraiment la signification des mots consultation publique, convention, citoyens ? Sincèrement, je ne le crois pas. Votre marque de fabrique, c'est plutôt la noblesse, les édiles, les ordonnances !

Toutes vos réformes ont été combattues dans la rue et ont entraîné, dans tout le pays, de grosses manifestations : pouvoir d'achat, santé, services publics, retraites, justice fiscale, climat, sécurité, et j'en passe… Le peuple s'exprime, mais l'écoutez-vous ? Non. Vous utilisez la force, la répression, l'intimidation contre les citoyens qui vous disent : assez, nous n'en pouvons plus, partagez les richesses ! Non seulement vous restez sourds à leurs appels de détresse, mais vous bafouez également le rôle de leurs représentants, qu'il s'agisse des syndicats ou des députés.

Vous utilisez toutes sortes d'artifices pour rejeter, détourner nos amendements et nos propositions de loi. L'exemple récent du débat sur le prolongement de l'état d'urgence sanitaire est encore dans toutes les mémoires, le ministre de la santé nous privant même de vote. Votre loi sur la sécurité globale ne porte-t-elle pas de graves atteintes aux libertés, à différents niveaux ? Vous souhaitez même museler la presse. Alors, ne me faites pas croire, dans ce cadre autoritaire, que vous voulez faire du CESE la chambre des conventions citoyennes ! Vous excellez dans l'hypocrisie.

Le projet de loi organique a été annoncé le 29 juin dernier par le Président de la République devant les membres de la convention citoyenne pour le climat. Or le texte ne satisfait pas leurs demandes : premièrement, rendre systématique la consultation du CESE lors de la rédaction de projets ou de propositions de loi ; deuxièmement, rendre ses avis plus contraignants ; troisièmement, tirer au sort des conseillers du CESE, avec une part identique de citoyens et de personnalités ou, au moins, une part de citoyens comprise entre 15 et 20 % de l'ensemble des membres. Voilà des exemples de manquement à la parole donnée.

En somme, votre carrefour des consultations publiques n'est que le carrefour de l'hypocrisie et de la démagogie. Vous faites mine d'écouter les citoyens en organisant des grands débats, mais c'est autant de temps perdu pour le peuple, face à l'urgence sociale autant qu'écologique. Où est passée la promesse d'Emmanuel Macron de faciliter le référendum d'initiative populaire en abaissant le seuil du nombre de signatures nécessaires ? Depuis trois ans, vous piétinez l'expression populaire. Le projet de loi organique réformant le CESE n'est qu'une continuité de votre politique et de vos méthodes : de la com', rien que de la com' !

Le nouveau CESE est en fait une caution démocratique que vous n'hésiterez pas à brandir chaque fois que vous porterez de mauvais coups contre les gens. Nous ne serons pas complices de vos agissements. Le confinement est devenu votre devise ; la liberté, l'égalité, la fraternité, vous les avez, elles aussi, confinées.

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