Intervention de Christine Pires Beaune

Séance en hémicycle du mardi 12 janvier 2021 à 15h00
Questions au gouvernement — Réouverture des universités

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Pires Beaune :

Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, le monde universitaire se sent abandonné. Et comment lui donner tort lorsque le Premier ministre, lors de son allocution du 7 janvier, n'a pas eu un mot pour lui ?

L'université du Mans vient de réaliser un sondage : sur 3 000 réponses, 68 % des étudiants et 63 % des enseignants veulent une réouverture de l'université. Ce sondage nous dit surtout que seuls 12 % des étudiants affirment réussir à suivre leurs cours tous les jours en ligne, isolés qu'ils sont, sous pression et condamnés à fixer un écran toute la journée – pour ceux qui ont la chance d'en avoir un. Parmi eux, 36 % déclarent souffrir d'épuisement, de troubles oculaires et de stress.

L'université de Clermont-Auvergne vient de publier une étude épidémiologique : 3 % seulement des étudiants contaminés l'ont été à l'université. En revanche, le nombre de consultations d'aide psychologique a explosé : il a augmenté de 25 % entre septembre et décembre. Sachant qu'en France on compte un psychologue pour 30 000 étudiants contre un pour 1 500 aux États-Unis ou un pour 3 000 au Canada, le doublement des psychologues que vous venez d'annoncer est largement insuffisant. En outre, selon une étude australienne, du fait de la crise du covid-19, le nombre de suicides, qui est déjà la deuxième cause de mortalité des 15-24 ans, pourrait augmenter de 30 % en quelques années. Vous avez d'ailleurs présenté vos condoléances à la famille du jeune Lyonnais ; or nous ignorions qu'il était décédé, nous le pensions encore hospitalisé.

Aussi, je vous le demande solennellement, donnez un cap, un cadre stable aux universités. Apportez-leur un soutien exceptionnel et urgent pour permettre le suivi rapproché des étudiants et le renforcement des services d'aide psychologique. Faites leur confiance pour mettre en place des mesures adaptées au contexte. Il y a urgence à débloquer des fonds exceptionnels, sans quoi votre proposition d'une reprise pour les étudiants vulnérables par groupes de dix restera lettre morte. Bien d'autres questions restent en suspens, comme celle de savoir si vous comptez autoriser les restos U à proposer des repas à emporter…

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