Intervention de Agnès Firmin Le Bodo

Séance en hémicycle du mercredi 13 janvier 2021 à 15h00
Situation dans les ehpad

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Firmin Le Bodo :

Nous débattons cet après-midi de la situation dans les EHPAD, près d'un an après le déclenchement de la pandémie. Je tiens avant toute chose à remercier les personnels de ces établissements, ainsi que les aidants et les services de l'État comme des collectivités. C'est leur engagement sans faille sur le terrain qui permet d'accompagner nos anciens, de préserver la vie.

J'ai une pensée toute particulière pour les personnels soignants au chevet de nos EHPAD, dont ils accompagnent au quotidien les résidents depuis les premiers jours de cette épidémie d'une exceptionnelle gravité, entraînant une surmortalité importante. Mme Pires Beaune les a qualifiés d'« admirables » ; j'ajouterai qu'ils sont extraordinaires. Face à ces drames, au fardeau mental et psychologique qui en résulte, le professionnalisme ne fait pas tout. Ils ont entouré les malades avec humanité et bienveillance, permettant à plus de 20 000 de nos concitoyens de s'en aller dans la dignité.

Au fil des progrès de la médecine, la mort a été de plus en plus cachée : elle survient discrètement, dans les EHPAD ou les hôpitaux. Durant l'année 2020, les médias en ont beaucoup parlé ; elle est redevenue visible, sans être acceptée pour autant. Cela ne doit pas nous conduire à sacrifier les principes qui nous lient. J'insiste sur ce point, car, ici et là, des voix se sont élevées pour critiquer le choix de protéger les plus vulnérables, qui aurait été fait au détriment de la société dans son ensemble et de la jeunesse en particulier. Opposer ainsi les générations n'est ni digne, ni responsable. Ce n'est pas la conception de la société, harmonieuse et inclusive, à laquelle j'aspire. Je suis convaincue, au contraire, que c'est dans de tels moments de crise que notre société se grandit et révèle son humanité. La loi du plus fort ne doit pas prévaloir. La protection des uns ne nécessite pas le sacrifice des autres.

Il est vrai que ces longs mois ont représenté une charge mentale inédite pour la plupart d'entre nous, et particulièrement pour les personnes âgées. Les effets pervers des mesures de confinement sur les résidents des EHPAD, le syndrome du glissement, faute de chaleur humaine, ont constitué une importante source d'inquiétude pour les familles ou pour les proches aidants.

Madame la ministre déléguée, vous avez entamé une réflexion sur l'éthique, sujet qui nous a plus que jamais sollicités durant cette période. Pour apporter des réponses à la faveur du futur projet de loi « grand âge et autonomie » que nous espérons tous, il est nécessaire de redonner une visibilité à tout ce qui a été occulté, consciemment ou non. J'ai évoqué la mort, mais le vieillissement du cerveau, le déclin des capacités physiques en raison de l'absence des kinésithérapeutes au sein des EHPAD, les troubles de la mémoire, de la parole, du comportement, sont également préoccupants. Il nous faut absolument écouter ceux qui les éprouvent, qui les vivent : les résidents eux-mêmes, mais aussi tous les acteurs qui partagent leur quotidien. Vos premiers travaux dans le domaine de l'éthique ont-ils déjà ouvert des pistes, notamment en ce qui concerne l'isolement ?

Par ailleurs, le groupe Agir ensemble soutient qu'il est nécessaire d'apprendre à vivre avec le coronavirus. Notre stratégie repose sur le triptyque « tester, isoler, soigner » : tester massivement pour identifier davantage de personnes contaminées et de cas contacts ; isoler plus efficacement pour briser les chaînes de contagion ; soigner pour guérir et empêcher la propagation de l'épidémie. Parallèlement à la stratégie vaccinale, c'est le seul moyen de mettre un terme aux débats sur la pertinence d'un confinement généralisé en vue de protéger les plus vulnérables.

Nous avons bien conscience des difficultés logistiques soulevées par l'organisation d'une campagne de vaccination de cette ampleur. Les critiques sont faciles, alors que le Gouvernement met tout en oeuvre pour atteindre ses objectifs. L'accélération de la stratégie vaccinale suscite cependant des interrogations, en particulier concernant les EHPAD : selon des informations venues du terrain, certains de ces établissements auraient hésité à figurer parmi les premiers concernés par la vaccination, de peur de ne pas être prêts à la date prévue. Avez-vous des remontées à ce stade ? Peut-on envisager, comme le demandent certains acteurs du secteur, d'étendre la vaccination à tout l'écosystème de l'EHPAD, c'est-à-dire à l'ensemble des professionnels de santé, quel que soit leur âge, des familles et des intervenants extérieurs ?

Lors de l'examen du dernier projet de loi de financement de la sécurité sociale – PLFSS – , j'avais appelé, au nom de mon groupe, à ce que soit présentée une trajectoire de revalorisation salariale pour les personnels de secteurs en lien avec l'autonomie qui n'avaient pas été pris en compte dans les accords historiques de juillet 2020. Tel est l'esprit de la mission que vous avez confiée à Michel Laforcade, en novembre dernier, au sujet des métiers de l'autonomie et de la revalorisation de l'ensemble de leurs personnels. L'enjeu, c'est bien le renforcement de l'attractivité de ces métiers, essentiels pour faire face au vieillissement. La crise du covid-19 ne fait qu'accroître l'urgence de les refondre. Madame la ministre déléguée, avez-vous déjà des pistes à ce stade, dans la perspective du Laroque de l'autonomie et du futur projet de loi « grand âge et autonomie » que nous attendons tous ?

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