Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mercredi 13 janvier 2021 à 15h00
Situation dans les ehpad

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Depuis le 11 janvier 2020, 20 616 personnes sont décédées dans les EHPAD. J'ai d'abord une pensée pour ces femmes et ces hommes qui n'ont parfois pas pu voir leurs proches une dernière fois, qui n'ont pas pu se promener, manger à la cantine tous ensemble, qui n'ont pas pu participer aux activités culinaires ou à la chorale, qui n'ont pas aperçu les sourires derrière les masques avant de nous quitter. Je pense aussi à celles et ceux qui ont vu leurs camarades s'éteindre et qui ont eu peur. Toutes leurs habitudes ont été bouleversées car il s'agissait alors de vivre, vieillir et mourir au temps du covid-19. Les visites en chambre ont été suspendues, puis ce régime a été assoupli le temps des fêtes. Les personnels d'EHPAD ont alerté à propos du manque de soignants et de moyens, qui ne permettait pas de garantir le respect du protocole sanitaire.

Avant cette crise les soignants en EHPAD exprimaient déjà leur détresse, ils étaient déjà épuisés, honteux de ne pas pouvoir exercer leur métier dignement. Ils ont mis en garde contre la rapacité des groupes privés d'EHPAD, dont les patrons figurent parmi les plus grandes fortunes de France, ils ont dénoncé les économies réalisées sur les repas des résidents, sur les salaires des auxiliaires de vie ou sur les équipements des établissements. Le coronavirus n'a pas eu raison de leur colère. Ces profiteurs de crise, qui préfèrent l'argent aux gens, sont une honte pour notre République, encore plus en période d'épidémie. Le manque de moyens nécessaires et l'austérité à tout-va condamnent les résidents à la solitude et à l'abandon.

Dès mars 2018, ma collègue Caroline Fiat vous alertait : pour mettre fin à la maltraitance institutionnelle dans les EHPAD, il faut embaucher 210 000 soignants, soit une dépense de 8 milliards d'euros que vous avez été incapables de trouver alors que vous vous êtes privés – quel hasard ! – de 8 milliards d'euros en 2018 et en 2019 en supprimant l'impôt de solidarité sur la fortune.

Madame la ministre déléguée, jusqu'à quand le règne de la solitude va-t-il durer pour nos personnes âgées ? Qu'allez-vous faire contre les profiteurs de crises qui s'engraissent sur leur dos ? Quand allez-vous enfin mette les moyens nécessaires pour que vivre et vieillir en temps de covid-19 ne soit plus une crainte pour nos aînés ?

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