Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du jeudi 14 janvier 2021 à 15h00
Situation du commerce et des autres secteurs touchés par la crise de la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Dans la continuité de l'intervention de mon collègue Jean-Hugues Ratenon, monsieur le ministre délégué, je vous interrogerai, moi aussi, sur la culture. En Espagne, elle n'a pas été sacrifiée à la crise : les salles de spectacle sont ouvertes, malgré l'épidémie ; grâce à des protocoles sanitaires stricts, aucun foyer de contamination n'y a été détecté. Il n'en va pas de même en France, ce dont beaucoup de gens s'émeuvent. À Montreuil, dans ma circonscription, il y a quelques semaines, plus de 500 personnes étaient réunies pour protester contre la fermeture des lieux culturels.

Cette fermeture des cinémas, des musées, des théâtres, des salles de spectacle, sous l'égide du président Macron et du Gouvernement, constitue un choix politique et non sanitaire. Le Conseil d'État lui-même a reconnu que ces lieux n'étaient pas plus propices à la contamination que les autres. Le président du Conseil scientifique a répété à trois reprises que cette fermeture ne résultait pas d'une préconisation sanitaire, mais d'un choix gouvernemental.

Pouvez-vous donc nous expliquer, monsieur le ministre délégué, en quoi le BHV ou tout autre établissement du même ordre exposerait davantage au virus qu'un musée ? Dans les grands magasins, les clients se croisent, touchent les articles, les reposent. Les musées sont plus spacieux, mieux aérés, et vous n'ignorez pas qu'on ne touche pas La Joconde. Pourquoi donc cette différence de traitement entre le commerce et la culture ? Autre incohérence : depuis décembre, les salles de vente aux enchères ont pu rouvrir, alors que leur configuration est sensiblement celle d'une salle de théâtre ; on s'y assied dans un fauteuil pour écouter attentivement les personnes qui animent la séance. Or les théâtres, eux, restent fermés. Plutôt des enchères qu'une pièce de Molière, telle est la devise du Gouvernement !

Quel est donc le principe qui guide vos décisions ? Si vous tenez à maintenir les lieux culturels fermés, faites en sorte que la culture continue à vivre, comme le demandent les syndicats. L'État doit élaborer un plan d'urgence en faveur de l'emploi, financer des journées de travail pour tous les professionnels du secteur, qui pourraient ainsi, autant que possible, limiter la casse, et surtout préparer la suite. Si vous n'autorisez pas les artistes à jouer, permettez-leur du moins de travailler, d'écrire, de répéter. Sans cela, la culture se meurt, et notre société avec elle.

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