Intervention de Antoine Herth

Séance en hémicycle du mercredi 27 janvier 2021 à 15h00
Suivi des projets franco-allemands mis en place par le traité d'aix-la-chapelle — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

… je suis en quelque sorte un enfant du traité de l'Élysée. Au cours des cinquante-huit dernières années, j'ai pu mesurer concrètement les retombées de cette main tendue entre la France et l'Allemagne, que ce soit en matière d'ouverture au voisin, d'enrichissement culturel ou de développement économique. La paix retrouvée entre nos deux nations a été scellée par des gestes symboliques au plus haut niveau, mais les citoyens, eux, ont davantage retenu les projets concrets.

C'est cette alchimie heureuse que doit réactualiser le traité d'Aix-la-Chapelle, signé le 22 janvier 2019 entre la République française et la République fédérale d'Allemagne, une alchimie entre des engagements solennels signés à l'ombre du trône de Charlemagne et la construction en commun de réalisations concrètes au service de nos deux peuples. Le général de Gaulle ne disait pas autre chose en 1965, dans son célèbre entretien avec Michel Droit portant sur la politique étrangère européenne de la France : « Ce sont ces pays-là qu'il faut mettre ensemble, et ce sont ces pays-là qu'il faut habituer progressivement à vivre ensemble et à agir ensemble. » Aussi, il est important que le Parlement apporte sa contribution, en assurant le contrôle des engagements du traité d'Aix-la-Chapelle.

Celui-ci prévoit une coopération dans de nombreux domaines, notamment en matière de politique économique, de politique étrangère et de sécurité, d'éducation et de culture, de recherche et de technologies, de climat et d'environnement. Ainsi nos deux pays s'engagent-ils à mettre en oeuvre un nouveau traité par le biais de quinze projets prioritaires dont le suivi est assuré par le conseil des ministres franco-allemand.

Parmi eux, figure une coopération accrue au sein du Conseil de sécurité des Nations unies – sujet qui a parfois été sensible entre nos deux pays – afin de coordonner le plus possible les positions française et allemande.

D'autres projets comme la reconversion du site de la centrale nucléaire de Fessenheim ou la liaison ferroviaire Colmar-Fribourg, explicitement mentionnés dans le traité, concernent le territoire alsacien. À ce propos, je rappelle que la loi du 2 août 2019 relative aux compétences de la collectivité européenne d'Alsace confère à cette dernière des compétences en matière de coopération transfrontalière : l'action publique devra donc intégrer les acteurs locaux afin d'assurer la réussite des projets.

Enfin, un des points clés du traité d'Aix-la-Chapelle fut à mes yeux – et je sais que d'autres partagent cet avis – la création d'une assemblée parlementaire franco-allemande, dans laquelle siègent cinquante élus de chaque pays et à laquelle j'ai l'honneur de participer régulièrement en tant que membre du bureau. Je veux souligner que ce lieu de dialogue entre le Bundestag et l'Assemblée nationale fut d'un secours précieux, au cours des derniers mois, pour contribuer à la coordination des politiques nationales de lutte contre la pandémie tout en alertant sans cesse sur la nécessité de maintenir les échanges économiques et plus encore la circulation des travailleurs frontaliers.

Je ne peux qu'encourager mes quarante-neuf collègues français à s'investir dans ce travail interparlementaire, tant il est enrichissant de confronter les expériences, de comparer les méthodes de travail dans le champ législatif et plus encore de chercher les points de convergence entre nos deux pays, comme c'est le cas en matière de politique étrangère et de capacités militaires, notamment dans le dossier du Sahel, ou encore en matière de transition énergétique. Quant à ceux qui s'interrogent sur le poids du Parlement – certains l'ont fait à l'instant – dans la Ve République, ils trouveront certainement de l'inspiration dans l'observation du travail exigeant de nos collègues de Berlin.

Alors que le Brexit nous a rappelé à quel point l'Union européenne pouvait être la cible de menaces internes et externes, un axe franco-allemand vigoureux est indispensable pour fortifier l'Europe car, sans elle, nous ne pourrions faire face aux défis écologiques et économiques ni aux enjeux sanitaires et humains.

Le groupe Agir ensemble votera donc en faveur de la proposition de résolution. À titre personnel, je le ferai avec d'autant plus de conviction que je souhaite faire profiter les jeunes générations d'opportunités semblables à celles qui m'avaient été offertes.

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