Intervention de Erwan Balanant

Séance en hémicycle du jeudi 28 janvier 2021 à 9h00
Service public d'eau potable et d'assainissement en guadeloupe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaErwan Balanant :

Avoir accès à l'eau potable et à l'assainissement est un droit de l'homme et un des Objectifs de développement durable, le sixième, qui stipule un accès à l'eau et à l'assainissement efficace. Si la France ne paraît pas rencontrer de difficultés pour rendre ce droit effectif, des dysfonctionnements majeurs persistent en réalité dans certains territoires, en particulier la Guadeloupe.

Vous l'avez clairement indiqué, madame la rapporteure : en Guadeloupe, « le service public de l'eau potable et de l'assainissement présente des carences graves et structurelles qui affectent son fonctionnement, avec des coupures d'eau fréquentes, d'ampleur et d'origines diverses ». Ce réseau de distribution d'eau particulièrement vétuste ne permet de distribuer qu'à peine un tiers de l'eau pompée. Avec un rendement entre 40 et 50 %, le gaspillage est énorme. Ce constat alarmant est en 2021 le même que celui de l'inspection générale de l'administration, l'IGA, qui, dans un rapport de 2018, pointait déjà du doigt « une situation de crise sévère, de caractère systémique, avec la multiplication des coupures, générant des risques pour la santé publique et de fortes contraintes économiques ». L'IGA en appelait alors à un plan d'actions ambitieux, indispensable et urgent.

Mes chers collègues, ces dysfonctionnements ne datent pas de 2018 : ils sont beaucoup plus anciens, et la presse relate régulièrement le quotidien de Guadeloupéens qui vivent au rythme de ces coupures d'eau en raison d'un système de distribution non entretenu depuis très longtemps. Ainsi, début 2020, Odile racontait que dans son quartier, « il n'y a pas d'eau courante depuis un mois ». Avant, elle en avait « au moins deux ou trois nuits par semaine » – imaginez, deux ou trois nuits par semaine seulement !

Cette situation inacceptable est aggravée par la crise sanitaire de la covid-19. En pleine pandémie, de nombreux Guadeloupéens subissent la double peine et leur vie s'organise autour d'une pénurie plus que jamais exacerbée.

Parmi les éléments qui ont concouru à cette situation désastreuse, il y a le caractère éclaté de la gestion des services d'eau et d'assainissement. Justine Benin rapporte que depuis 2016, cinq structures intercommunales exercent les compétences en cause, soit en régie soit par délégation à un prestataire privé, si bien que les difficultés sont accrues par le fait que le périmètre administratif de ces structures et le périmètre technique des infrastructures ne coïncident pas. C'est pourquoi le groupe du Mouvement démocrate (MoDem) et démocrates apparentés se réjouit que notre collègue ait pris ce douloureux et difficile dossier à bras-le-corps. Il est urgent d'agir, urgent d'ouvrir la porte à une résolution pérenne de ces difficultés, urgent de mettre un terme aux atteintes portées à ce droit d'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui vise ainsi à améliorer la gouvernance de la distribution d'eau, préalable indispensable pour moderniser les réseaux et répondre à l'urgence de la situation, notamment à travers la création d'un service unique de l'eau potable et de l'assainissement en Guadeloupe continentale. Il n'est pas question de remettre en cause les compétences légitimes des EPCI, notre collègue l'a rappelé, mais de leur proposer un support pour engager une sortie de crise et poser les bases d'un avenir plus serein en matière de gouvernance de l'eau.

Ce texte empreint de pragmatisme et de responsabilité est issu d'une longue phase de dialogue avec tous les acteurs concernés. Justine Benin a su faire preuve d'écoute, mais elle n'a pas fait qu'écouter : elle a entendu et agi, et c'est pourquoi je voudrais saluer son engagement, sa ténacité et son humanité.

Je salue votre engagement, madame la rapporteure, parce que vous avez saisi ce dossier à bras-le-corps alors que vous saviez qu'une montagne d'obstacles se dressait devant vous. Je salue votre ténacité, parce que vous n'avez rien lâché ; vous n'avez pas cédé aux sirènes de la résignation que certains vous invitaient à écouter pendant toute l'élaboration de ce texte. Je salue, enfin, votre humanité : c'est avec votre coeur de femme, de citoyenne, que vous avez appréhendé une situation héritée de pratiques anciennes et durablement installées. En travaillant à la résolution des difficultés qui conduisent régulièrement à une pénurie d'eau en Guadeloupe, vous avez démontré que, si nous rassemblons toute notre énergie collective, nous pouvons avancer vers cette fenêtre ouverte sur un avenir plus radieux dont parlait Paul Éluard, et retrouver la confiance indispensable à une action efficace.

Chers collègues, nous avons aujourd'hui la possibilité d'apporter une réponse concrète aux problèmes de l'eau en Guadeloupe. Notre groupe, en inscrivant cette proposition de loi dans sa niche parlementaire, a pris toutes ses responsabilités, et nous espérons qu'à nos côtés, vous voterez en faveur de ce texte issu d'un travail de fond de notre collègue Justine Benin. Rassemblons-nous pour ne laisser personne sur le bas-côté de la route qui mène au droit effectif d'accès à l'eau !

Chère Justine Benin, les Guadeloupéens peuvent être fiers de votre travail. Nous, Démocrates, sommes fiers de ce que vous faites pour les Guadeloupéens.

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