Intervention de Frédérique Vidal

Réunion du mercredi 8 novembre 2017 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Les propositions concernant les cours en ligne ouverts à tous ont été formulées dans le cadre des groupes de travail par des étudiants inscrits notamment dans les filières de santé ; rien n'est encore défini ni, a fortiori, imposé.

La filière STAPS donne accès à un très grand nombre de métiers, ce qu'ignorent la plupart des jeunes qui s'engagent dans cette voie, et qui souhaitent souvent travailler autour de l'animation ou du sport – d'où l'idée de réactiver les diplômes d'études universitaires scientifiques et techniques (DEUST) et d'ouvrir des places de formation initiale dans les centres de ressources, d'expertise et de performance sportive (CREPS). La réflexion en la matière est en cours et produira bientôt ses conclusions.

Nous n'avons naturellement aucun moyen de prédire quelles filières se trouveront sous tension. Nous travaillons simplement sur la base de la situation de l'année précédente afin d'anticiper. Il faut donc envisager avec la plus grande prudence la manière dont nous accompagnons les fluctuations de ces filières sous tension. Que faire, par exemple, si – cas peu probable – plus aucun étudiant ne souhaite s'inscrire dans la filière STAPS dans trois ans ? Nous devons pouvoir nous projeter. Puisque l'orientation commencera aussi tôt que possible, la réflexion des jeunes doit nous permettre d'affiner notre action et d'anticiper davantage.

Les 450 millions d'euros du Grand plan d'investissement serviront à créer un certain nombre d'outils destinés à être partagés le plus largement possible. Il pourra par exemple s'agir de préparer les tests de remise à niveau et les exercices prescrits pour ce faire, y compris ceux qui peuvent être accomplis dès le lycée ou après l'université ; en tout état de cause, l'idée est de mettre en place des dispositifs qui ne sont pas pérennes, alors que les financements budgétaires, eux, le sont par définition. C'est pourquoi nous les consacrons plutôt à la création de places, aux recrutements, à la reconnaissance de l'engagement, c'est-à-dire des mesures à long terme. En revanche, les programmes d'investissement, comme leur nom l'indique, ont une durée limitée dans le temps ; ils doivent donc servir à créer ou transformer des outils nécessitant un investissement initial destiné à cesser.

J'en viens à la question du directeur des études – une réflexion à laquelle la conférence des grandes écoles et celle des écoles d'ingénieurs ont été associées. Elles nous ont dit ceci : les écoles, même lorsqu'elles ont 6 000 étudiants, n'ont qu'une seule personne dont le travail est de formuler des propositions et de discuter avec les élèves afin de dessiner des parcours personnalisés. L'idée n'est donc pas d'avoir un directeur des études par université, mais par champ disciplinaire. La concertation, une fois de plus, a été menée avec les praticiens, et les propositions qui en sont sorties sont donc toutes réalistes puisqu'elles émanent de ceux qui les mettront en oeuvre. Nous faisons en effet le choix d'accompagner les étudiants plutôt que de leur dire non.

Les élèves pourront désormais déposer des documents sur la plateforme à venir. Les avis des conseils de classe n'auront rien de prescriptif ; les appels n'auront donc pas lieu d'être. Les élèves pourront toujours déposer un document attestant de leur motivation.

Nous introduisons la possibilité pour un étudiant de sortir de son académie afin de garantir la répartition harmonieuse des bons élèves. Les qualités requises pour réussir à l'université ne sont pas forcément les mêmes que celles qui étaient attendues au lycée. Il est donc très difficile de prédire qui seront les bons étudiants, et c'est la raison pour laquelle nous refusons la sélection à l'entrée à l'université. Souvent, en effet, les bons étudiants se révèlent, parce que leur formation leur correspond. Les entreprises, d'ailleurs, reconnaissent de plus en plus souvent la particularité de cette formation et le fait que les étudiants formés à l'université sont capables de s'adapter beaucoup mieux que ceux qui proviennent de n'importe quel autre type de formation.

La possibilité de sortir de l'académie d'origine répond à un objectif très pragmatique : prenons l'exemple d'un lycéen toulonnais qui souhaiterait s'engager dans une filière qui n'existe pas dans sa ville mais seulement à Nice et à Marseille ; il serait contraint de faire 250 kilomètres pour s'y inscrire, puisqu'il relève de l'académie de Nice, plutôt que d'aller à Marseille, toute proche. C'est pour répondre à ces cas que les recteurs pourront autoriser à sortir de l'académie. De même, pourquoi faut-il qu'un élève qui se trouve dans une académie où la paléontologie n'est pas enseignée doive définitivement renoncer à cette formation au simple motif qu'il n'habite pas au bon endroit ? En autorisant la sortie de l'académie, il ne s'agit pas d'ouvrir les portes à tout-va mais de permettre l'accompagnement de cas concrets par les recteurs – et donc par l'État – afin de lever ces freins absurdes qui obligent par exemple un étudiant à parcourir deux cent cinquante kilomètres plutôt que trente.

Il est prévu de créer un observatoire des logements pour examiner la localisation des hébergements de manière plus approfondie.

Quant au recrutement d'apprentis, je rappelle que la fonction publique ne recrute que par concours.

Il faut favoriser les fonctions support dans les établissements. Pour ce faire, il faut enfin moderniser l'administration de manière à multiplier ces fonctions de soutien à la recherche et à la formation, notamment grâce à l'automatisation. Rien n'impose par exemple que les directeurs des études soient forcément des enseignants ou des enseignants-chercheurs ; il peut s'agir de membres du personnel de soutien. Nous en discuterons avec les présidents d'université afin de déterminer ce qui leur convient le mieux.

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