Intervention de Paul Molac

Séance en hémicycle du lundi 1er février 2021 à 21h00
Respect des principes de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Molac :

Alain Lamassoure avait évidemment pris soin que cet article ne se retourne pas contre les langues régionales – un Béarnais, vous pensez bien ! Malheureusement, le résultat des discussions de l'Assemblée n'a pas été celui espéré, et si l'article 2 a peut-être un tout petit peu servi pour se protéger de l'anglais – trois fois rien, vraiment – , il nous a en revanche beaucoup embêtés s'agissant des langues régionales, je peux vous l'assurer – d'autant qu'il en est parfois fait une interprétation qui va au-delà des avis du Conseil d'État ou du Conseil constitutionnel.

Chat échaudé craint l'eau froide : dès lors, parce qu'ils s'opposeraient à la vision de la république indivisible promue par la Constitution de 1958, ceux que l'on appelait déjà abusivement des séparatistes – qu'ils soient Bretons, Basques, Corses ou Canaques – , et qui se revendiquent indépendantistes, autonomistes, fédéralistes ou régionalistes, doivent-ils craindre d'être touchés, par ricochet, par cette nouvelle loi contre les séparatismes ?

Il est intéressant de noter que celle-ci devrait renforcer les cellules départementales de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire. Selon le ministère de l'intérieur, elles sont censées « faire échec aux actes qui sapent les principes formant notre tradition constitutionnelle : la liberté, l'égalité, la fraternité mais aussi la laïcité, l'égalité hommes-femmes, l'indivisibilité de la République et l'unicité du peuple français. » Rappelons-nous que c'est, notamment, au nom de ces deux principes d'indivisibilité de la République et d'unicité du peuple français que le Conseil constitutionnel a jugé, en 1999, que la France ne pouvait ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, et que le statut de la Corse a été modifié – l'expression « peuple corse, partie intégrante du peuple français », ne plaisait pas au Conseil constitutionnel.

Il me semble pourtant, chers amis corses, que vous êtes aussi Français que moi ; que vous puissiez être Corses, ne me gêne pas, comme je suis Breton, d'ailleurs !

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