Intervention de Paul-André Colombani

Séance en hémicycle du lundi 1er février 2021 à 21h00
Respect des principes de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul-André Colombani :

Cette assimilation forcée s'est notamment effectuée à travers l'école dite de la République où il était interdit « de parler breton et de cracher par terre », sous peine pour les élèves ayant l'outrecuidance de s'exprimer dans leur langue maternelle de subir des punitions parfois corporelles de leur maître d'école. Le sens de cette phrase – je la répète : « Au fil des ans, patiemment, la République a rassemblé tout un peuple, et parmi ce peuple, même ceux qui au départ lui étaient hostiles » – pourrait se résumer ainsi : « Assimilez-vous ou disparaissez ». Voilà qui rappelle la fameuse formule choc de Nicolas Sarkozy : « La France, tu l'aimes ou tu la quittes ». Je vous avoue que certains, chez nous en Corse, aimeraient bien quitter, de manière institutionnelle, la France, non qu'ils ne l'aiment pas mais parce que celle-ci ne leur offre pas de perspectives d'émancipation suffisantes.

D'autres n'aiment pas la France et nourrissent des projets insidieux, mortels, barbares, niant l'humanité qu'il y a en chacun de nous et menaçant l'existence même de nos institutions démocratiques et notre cohésion sociale : il s'agit des islamistes dont le fondamentalisme se nourrit dans notre pays de l'échec de la République à apporter à tous ses citoyens d'origine étrangère des perspectives d'avenir, à commencer par une intégration réussie. C'est d'ailleurs l'un des manques criants de votre texte, qui se veut uniquement répressif. Où sont les mesures favorisant l'éducation à la laïcité, l'intégration en matière d'emploi, la mixité sociale dans le logement, l'égalité des chances à l'école ou encore la lutte contre les discriminations ?

Alors que le texte ne devait cibler que ce qui pose problème dans la société, à savoir le fondamentalisme islamiste, il vise très large, au risque de causer des dommages collatéraux dans de nombreux pans de la société qui n'ont rien à se reprocher. Nous ne sommes pas les seuls à le dire. Écoutez donc les représentants des religions respectant parfaitement les lois de la République ; écoutez les représentants des écoles hors contrat soutenant des enfants qui seraient déscolarisés ; écoutez les parents de ces 50 000 enfants qui reçoivent une instruction à la maison. Alors qu'il faudrait faire de la chirurgie de précision, vous vous apprêtez à tailler à la hache.

Mon courant politique s'inquiète particulièrement des répercussions que pourrait avoir ce texte, compte tenu de son expérience des dispositions législatives et juridiques censées ne pas concerner nos peuples. Je fais référence à un épisode politique dramatique pour nous, l'inscription en 1992 à l'article 2 de la Constitution du français comme langue de la République. En théorie, cette modification devait permettre de lutter contre l'hégémonie grandissante de l'anglais ; en pratique, elle n'aura servi qu'à combattre insidieusement les langues régionales. À cet égard, l'article 6 du projet de loi nous paraît très problématique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.