Intervention de Bruno Bilde

Séance en hémicycle du mardi 2 février 2021 à 21h00
Respect des principes de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Bilde :

Après l'assassinat abominable de Samuel Paty devant son collège, le 16 octobre dernier, après l'attentat islamiste en la basilique de Nice, le 29 octobre dernier, la République française était dans l'obligation de réagir et de répondre avec la plus grande fermeté.

Ce projet de loi aurait pu être un acte fondateur et le grand tournant d'un quinquennat crépusculaire, terni par la succession des crises et entaché d'une impuissance chronique. Ce projet de loi aurait pu être un formidable sursaut national, l'union sacrée de tous les républicains, au-delà des clivages, autour de nos libertés, de nos valeurs, de notre mode de vie. Ce projet de loi devait être le bouclier et le glaive du peuple français pour combattre l'islamisme. De l'islamisme, pourtant, il n'est pas du tout question dans ce texte. Vous refusez purement et simplement de le nommer, comme si vous aviez peur que nos ennemis ne traînent l'État devant les tribunaux pour stigmatisation. Vous refusez d'interdire cette idéologie barbare qui nous mène une guerre implacable depuis janvier 2015 et l'attentat effroyable qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Vous refusez, encore et toujours, de mettre hors la loi toutes celles et tous ceux qui font l'apologie de l'islam politique et radical, vous refusez, encore et toujours, d'attaquer le mal à la racine et le laissez prospérer sur son terreau migratoire et ses cellules de recrutement.

Le débat qui s'ouvre aujourd'hui est dramatiquement déconnecté d'une réalité terrifiante et d'un contexte sanglant. Il insulte le passé, fragilise le présent et condamne l'avenir. Pouvons-nous d'ailleurs réellement parler de débat : le choix du temps législatif programmé est un scandale démocratique majeur, qui ne trompe personne et dont l'objectif à peine dissimulé n'est autre que d'écarter le Rassemblement national et de le censurer.

Votre projet de loi est gangrené par la lâcheté, rongé par la peur, paralysé par votre mantra du « vivre-ensemble ». L'exemple le plus éloquent en est, sans nul doute, la reculade sémantique pitoyable à laquelle s'est livré votre gouvernement ces derniers mois.

Le 8 octobre 2019, après l'attentat islamiste à la préfecture de police de Paris, qui a causé la mort de quatre policiers, le Président de la République esquissait un semblant de prise de conscience en prononçant un discours inhabituellement offensif. Emmanuel Macron appelait alors, avec lucidité, à venir à bout de l'hydre islamiste et à lutter contre cet islamisme souterrain qui corrompt les enfants de France. C'était il y a un an et demi, et cela semble aussi lointain que la préhistoire.

Le 2 octobre dernier, dans le discours contrasté des Mureaux, dans lequel le « en même temps » reprenait ses droits, Emmanuel Macron, demandait la mobilisation de tous dans la bataille républicaine contre le séparatisme islamiste. Puis le séparatisme islamiste s'est soudainement vu délesté de son fardeau stigmatisant, pour devenir « les séparatismes », formulation épargnant l'idéologie qui a tué 270 personnes sur notre sol.

Mais, manifestement, cette nouvelle formule apparaissait encore trop dure aux oreilles sensibles du Gouvernement, qui a cheminé vers la défense de la laïcité pour s'échouer honteusement sur les rivages du respect des principes de la République.

En refusant de nommer, de désigner, de définir, de caractériser, de cibler l'idéologie islamiste, vous ne confortez pas les principes de la République, vous les affaiblissez. Au bout du compte, ce projet de loi, monsieur le ministre, est celui de la politique de l'autruche et du statu quo. Il ne conforte qu'une seule chose : l'islam radical en France.

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