Intervention de Robin Reda

Séance en hémicycle du mercredi 3 février 2021 à 21h15
Respect des principes de la république — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRobin Reda :

Je salue le courage de notre collègue Typhanie Degois, qui nous permet de prendre la parole en proposant une solution en forme d'entonnoir. Notre débat est intéressant. Je peux comprendre que certains souhaitent éviter qu'il se poursuive ce soir, mais c'est une question qui interroge la société française, comme en témoignent d'ailleurs les différentes interventions que nous avons entendues, y compris parmi ceux qui sont opposés à toute réforme sur ce sujet.

Le port du voile peut résulter de trois choix de natures différentes. Il peut s'agir d'un choix intime relevant de convictions personnelles – ou d'une prétendue foi religieuse pour avoir la paix, le voile n'étant plus un instrument d'expression de la foi religieuse. Quand on est élu d'un territoire où beaucoup de femmes portent le voile, y compris dans le cadre scolaire, on peut s'interroger et on n'a pas envie, en tout cas, de les stigmatiser.

Ensuite, il y a le choix forcé, c'est-à-dire la contrainte. J'ai bien noté, monsieur le ministre, que vous étiez étonné qu'aucun amendement sanctionnant ceux qui forceraient une femme à porter le voile n'ait été déposé en commission. Nous sommes nombreux à avoir essayé de déposer des amendements sur cette question. Ils ont tous été déclarés irrecevables, et je regrette que vous n'ayez pas étayé vos propos par le dépôt d'un amendement au nom du Gouvernement.

Enfin, il peut y avoir des choix politiques, ce qui me conduit à proposer ce sous-amendement. On peut être confronté à l'hypothèse de mamans voilées participant à une sortie scolaire qui portent le voile comme une revendication, ce que révèle un faisceau d'indices : réseaux sociaux, expressions, association de parents d'élèves… Le voile n'est alors ni un instrument religieux, ni même un instrument d'ordre moral, mais un instrument d'ordre politique. Dans ces cas-là, il faut avoir le courage de dire qu'à l'école républicaine, les choix contraints ou les choix de revendications politiques doivent être identifiés.

J'ai consacré la pause du dîner à lire votre ouvrage, monsieur le ministre – vous voyez comme je suis zélé ! Dans un passage de deux pages, vous écrivez tout de même, en citant notamment Bernard Rougier, que la prégnance du voile est le symptôme d'une présence de l'islamisme dans certains territoires. Vous reconnaissez donc la situation ambiguë dans laquelle nous sommes et le fait que le voile est une expression politique. J'aimerais que vous en tiriez les conclusions et que nous débattions avec le Gouvernement sur ce point, et non pas seulement entre collègues.

2 commentaires :

Le 11/02/2021 à 16:55, Laïc1 a dit :

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Monsieur Reda a oublié le choix volontaire de la coquetterie, et le choix forcé de la pluie qui tombe.. Mais c'est déjà trop penser, revenons aux simplifications abusives et anti-laïques habituelles.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 11/02/2021 à 16:57, Laïc1 a dit :

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"Dans ces cas-là, il faut avoir le courage de dire qu'à l'école républicaine, les choix contraints ou les choix de revendications politiques doivent être identifiés."

On va finir par penser que s'opposer au voile revient à voter LR, mais il y a aussi des sympathisants chez les LREM, donc le doute est permis. En tout cas c'est une attitude nettement politique qui doit être bannie de l'école publique et laïque.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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