Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du vendredi 12 février 2021 à 21h00
Respect des principes de la république — Article 28

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

Nous abordons ici un volet important du projet de loi. Disons-le d'emblée : nous approuvons la volonté du Gouvernement de favoriser au maximum la constitution d'associations loi de 1905, lesquelles sont hélas aujourd'hui, trop peu nombreuses – 5 000 d'après l'étude d'impact – et ce, pour des raisons historiques qui ont été rappelées à plusieurs reprises.

Si nous partageons cet objectif, nous refusons en revanche catégoriquement la nouvelle possibilité octroyée aux associations cultuelles d'administrer des immeubles de rapport, quand bien même la valeur de ceux-ci serait plafonnée.

Nous considérons que ce dispositif est totalement contraire à l'esprit et à la loi de 1905, laquelle confère aux associations cultuelles la seule gestion du culte, ni plus ni moins. Dévier de cette ligne reviendrait à remettre en cause le travail accompli par nos prédécesseurs.

Ensuite, cette mesure nous semble complètement contre-productive. Elle est censée favoriser l'autonomie financière du culte musulman, mais nous savons bien qu'en réalité, elle profiterait avant tout aux cultes les plus anciens en France, dont les fidèles seraient plus à même de transmettre des biens. C'est une réalité sociologique que nous déplorons, mais qui n'en demeure pas moins vraie. Mohammed Moussaoui a d'ailleurs indiqué qu'il n'avait pas réclamé cette disposition.

Nous voyons bien qu'en restreignant la possibilité de bénéficier de flux financiers d'origine étrangère, le Gouvernement cherche un moyen de reprendre d'une main ce qu'il accorde de l'autre. Quoi qu'il en soit, nous ne devons en aucun cas dévier de la ligne fixée par la loi de 1905 ni céder à des logiques nuisibles au principe de la laïcité, trésor de notre République. C'est aux cultes eux-mêmes qu'il revient de s'organiser et de se financer. La puissance publique doit de son côté tenir son rôle et, le cas échéant, faciliter les garanties d'emprunt pour les associations cultuelles, comme cela est permis aujourd'hui. C'est ce que nous avons proposé et nous regrettons que nos amendements aient été déclarés irrecevables car il y avait là matière à aider les cultes les plus récents.

Dans la même veine, nous voulons que les collectivités territoriales aient la possibilité de céder, à l'échéance d'un bail emphytéotique conclu entre les deux parties, un édifice consacré au culte à une association cultuelle. Nous y reviendrons un peu plus tard. Pour l'heure, nous répétons avec force notre opposition à cette nouvelle possibilité offerte par l'alinéa 5 aux associations cultuelles. Il s'agit pour nous d'une grave entorse à la loi de 1905 qui nuit à l'ensemble d'un chapitre dont nous pensons qu'il va plutôt dans le bon sens.

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