Intervention de Laurence Trastour-Isnart

Séance en hémicycle du mercredi 17 février 2021 à 15h00
Reconnaître et prendre en charge les complications à long terme de la covid-19 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Trastour-Isnart :

Chers collègues, voilà maintenant un an que la pandémie de la covid-19 affecte notre pays et le monde entier. Les premiers patients atteints de la covid-19 en France l'ont contractée au mois de février. Et depuis, une partie d'entre eux ont toujours des symptômes.

Cette proposition de résolution transpartisane vise à reconnaître et à prendre en considération les symptômes au long cours de cette maladie. En effet, de nombreux patients sont dans la détresse depuis des mois. Dès le mois de juin 2020, grâce aux témoignages de certains malades, j'ai pris conscience des difficultés que rencontrent les personnes souffrant des symptômes persistants de la covid-19. C'est pourquoi j'ai déposé, en juin 2020, la proposition de loi visant à une reconnaissance des symptômes persistants de la covid-19 et une prise en charge des personnes atteintes. Je remercie l'ensemble des collègues qui avaient cosigné cette proposition transpartisane. Depuis, nous avons travaillé avec Patricia Mirallès à un dispositif qui puisse être débattu dans cet hémicycle. La présente proposition de résolution est le fruit de ce travail en commun.

La covid-19 est une infection qui peut prendre plusieurs formes et pas uniquement des formes pulmonaires, même si ce sont les plus graves puisqu'elles peuvent être létales. Il ne faut pas néanmoins minimiser les autres symptômes.

Le covid long se traduit par de nombreux maux qui persistent : fatigue intense, faiblesse musculaire, douleurs aiguës, troubles digestifs et intestinaux, troubles cardiaques, troubles cognitifs, troubles neurologiques, problèmes dermatologiques… Plus de cent symptômes ont été répertoriés par les patients dès le mois de juin. Ils sont révélateurs de séquelles à long terme qui empêchent la reprise d'une vie normale, le retour au travail et à une vraie vie sociale. Il semblerait que la proportion de malades qui développent le covid long s'élève à 10 % ; une étude anglo-saxonne l'évalue même à 20 %.

Nous devons en être conscients, les malades atteints de symptômes persistants sont, depuis des mois, baladés d'un médecin à l'autre, d'un service hospitalier à un autre. Ils ne sont pas reconnus et se heurtent à l'incompréhension de leurs proches, de leur employeur, mais aussi, pour beaucoup, des professionnels de santé eux-mêmes : personne, dans le corps médical, n'avait envisagé l'existence de symptômes persistants. Ces malades attendent et espèrent beaucoup de ce débat.

Je vais vous rapporter quelques témoignages de concitoyens qui souffrent du covid long, pour certains depuis maintenant un an. Je commencerai par celui d'Annabelle, qui en a fait un livre. Annabelle a trente-sept ans. C'est une jeune femme active, malade du covid long depuis le mois de mars. Dans son livre, elle décrit son histoire, son isolement, ses symptômes persistants et son incapacité à reprendre son travail normalement.

Il y a aussi le témoignage d'Aurore, qui raconte : « Hier, aux urgences, quand j'ai commencé à parler de mes symptômes sans dire que je suis covid long, le médecin m'a dit : Je ne comprends pas, mais qu'est-ce que c'est ? Avez-vous consulté des spécialistes pour tous vos symptômes ? »

Et celui de Paul : « Nous, ça fait presque un an que nous sommes les ignorés de cette pandémie, à souffrir en silence de séquelles sans réponses ni prise en charge. »

Enfin, le témoignage de Céline : « Covid long onze mois, grosse rechute. Je ne peux plus marcher ni tenir debout. »

Tous les patients qui ont attrapé la covid-19 aux mois de mars et d'avril 2020 n'ont pas été testés. Ils n'ont pas fait de tests PCR – réaction en chaîne par polymérase – et ne sont donc pas reconnus comme ayant eu cette maladie. Rappelons le discours contradictoire du Gouvernement à l'époque : pas de masques, donc port de masque inutile ; pas de tests, donc test non nécessaire. Certains malades contaminés pendant cette période ont été maintenus à domicile avec simplement du paracétamol et des appels téléphoniques des médecins. Leurs symptômes n'étaient pas considérés comme suffisamment graves pour qu'ils soient hospitalisés. Pourquoi ? À cause du manque de moyens et de lits dans nos hôpitaux.

Il faut une vraie reconnaissance pour ces patients. C'est la raison pour laquelle les députés du groupe Les Républicains voteront en faveur de cette proposition de résolution.

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