Intervention de Sandrine Mörch

Séance en hémicycle du vendredi 19 février 2021 à 9h00
Lutte contre les inégalités mondiales — Article 1er a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mörch :

Cet amendement identique à celui défendu par l'ensemble du groupe La République en marche me permet de revenir sur l'actualité internationale de l'enfant, occultée par notre ethnocentrisme politique et journalistique depuis un an.

L'UNICEF, que j'avais invitée à s'exprimer lors de la commission d'enquête, que j'ai présidée, pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse, nous alertait déjà sur le lourd tribut payé par les enfants : l'Afrique, véritable continent de la jeunesse, ne meurt pas seulement du virus de la covid mais surtout de ses conséquences. Elles sont dévastatrices pour les enfants notamment.

La crise a déjà déplacé des millions d'entre eux. Ils subissent de plein fouet la pauvreté qui s'est abattue sur leurs familles, qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. En conséquence, les fillettes sont poussées au mariage dans le seul espoir qu'elles soient nourries. Situation sans précédent dans l'histoire de l'humanité : près d'1,6 milliard d'enfants sont privés d'école. Les familles sont en mode survie, ce qui ne laisse aucune place à un retour à l'instruction scolaire. De très nombreux enfants se retrouvent contraints de travailler, d'autres sont enrôlés dans des groupes armés, et nous perdons en fait dix à vingt ans de progrès dans l'accès à l'école.

Autre point crucial : le recul de la santé. Contre des maladies faciles à éviter et que nous savons bien traiter, comme la rougeole, les ONG n'ont pu mener leurs campagnes de vaccination dans des dizaines de pays d'Afrique subsaharienne et d'Afrique de l'Est, parce que le confinement les a privées des moyens et du personnel nécessaires. Idem pour l'eau, l'assainissement et l'hygiène, laquelle est, nous l'avons, en France, compris et éprouvé, le meilleur rempart contre le virus. Mais, en Afrique, 700 enfants meurent chaque jour de maladies dues à l'absence d'infrastructures adéquates.

Ériger en priorité les droits de l'enfant n'est pas seulement un impératif de justice et de solidarité. L'avenir de la France se joue sur la scène internationale et on ne pourrait imaginer construire un monde commun sans développer des projets avec les pays du Sud misant sur leur jeunesse. À moins de neuf ans de l'Agenda 2030, ces avancées législatives doivent impérativement se traduire dans des programmes concrets et ambitieux en faveur des enfants. La loi que nous étudions aujourd'hui nous grandit, elle recueille l'enthousiasme de plusieurs ONG. Il faut qu'elle vive avec ses applications chevillées au corps.

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