Intervention de Sandrine Mörch

Séance en hémicycle du vendredi 19 février 2021 à 21h00
Lutte contre les inégalités mondiales — Article 1er et cadre de partenariat global

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mörch :

Je voudrais profiter de l'occasion pour parler des MNA. Il est toujours très facile de caricaturer et de stigmatiser les jeunes mineurs étrangers qui, pour commencer, n'ont pas parole, mais qui participent pourtant au rayonnement économique de la France. Il n'y a pas de problème généralisé avec les MNA. La plupart d'entre eux sont des jeunes qui cherchent à travailler et à s'intégrer dans la société française. Comme vous le savez tous, ils ont traversé les mers et les déserts au risque de leur vie, pour fuir la grande pauvreté ou des zones de conflits armés, ou bien encore des tortures ou des massacres de populations civiles. L'aide au développement a un rôle stabilisateur important à cet égard. Je crois que nous devons réellement faire confiance à ces jeunes mineurs étrangers, car la France a besoin d'eux.

Récemment, le boulanger Stéphane Ravacley a obtenu la régularisation de son apprenti guinéen au prix d'une grève de la faim. Il pourrait vous citer des centaines de témoignages de patrons d'entreprises qui le soutiennent et qui, comme lui, cherchent des jeunes à employer et ne trouvent pas d'apprentis. Il y a en France 9 000 emplois non pourvus dans le secteur de la boulangerie, mais on aurait voulu qu'en période de crise économique et sanitaire, ce boulanger mette la clé sous la porte en l'empêchant de recruter un jeune guinéen qui a mille fois mérité son titre de séjour français. Comme tant d'autres, ce jeune est arrivé en France à l'âge de seize ans, pour fuir la Guinée. Il s'est levé tous les jours à quatre heures du matin pour apprendre le métier de boulanger en tant qu'apprenti. Et si son employeur ne s'était pas mis en grève de la faim quand il a eu dix-huit ans, il aurait été renvoyé en Guinée.

Je vous alerte car le Président de la République rappelait en septembre dernier que « chaque jeune à qui on ne donne pas sa juste chance, c'est non seulement une injustice vécue à titre individuel et familial, c'est ce faisant une injustice sociale ». Il ajoutait qu'en France, sur le plan économique, c'est une aberration. Ces apprentis représentent en effet un potentiel dont notre pays a besoin, et les patrons les réclament.

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