Intervention de Jacques Bompard

Séance en hémicycle du mardi 4 juillet 2017 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Bompard :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, à mesure que s'accroît mon expérience politique, je ne cesse d'être conforté dans l'idée que le bon pouvoir est celui qui se conforme au réel. C'est une exigence plus complexe qu'il n'y paraît quand le siècle des idéologies, du prêt-à-penser et des intérêts partisans nous éloignent totalitairement du bien commun. Le réel aujourd'hui, c'est la crise de l'ensemble des organes constitutifs de notre société. L'homme est attaqué dans sa définition, la famille dans son intégrité, la société dans son unité, la nation dans son homogénéité et sa justice.

Parfois, monsieur le Premier ministre, vous approchiez de ces constats dans votre discours. Cependant, vous ne les affrontez jamais dans leur essence ou leurs racines.

L'homme d'abord, donc l'anthropologie, est en crise. Le respect intégral de sa dignité n'est pas assuré : dignité symbolique, mise à mal avec la marchandisation des corps et des naissances ; dignité identitaire avec les victimes du grand déménagement du monde maquillé en jours heureux des migrations massives ; dignité économique avec le refus du rétablissement du droit au travail pour tous et donc de la fin de la société du chômage ; dignité dans la douleur, enfin, quand on sait que les promesses d'un grand plan d'investissement pour les soins palliatifs ne seront pas tenues.

Cette aporie dans la définition de l'homme dans ses devoirs et dans ses droits ne peut que renforcer les aléas pour les familles. Avec la loi Taubira et la modulation des allocations familiales, le gouvernement Hollande leur avait déjà fait un grand tort. Avec l'augmentation de la CSG et l'ouverture de la procréation médicalement assistée – PMA – aux couples de même sexe, vous aggraverez la situation. Les familles françaises réclament plus de libertés : liberté éducative, d'abord, et je salue les premières initiatives de M. Blanquer ; liberté économique, ensuite, notamment en instaurant une sécurité fiscale et une liberté testamentaire, qui effraient tellement la gauche ; liberté financière, enfin, en préférant la fin réelle des 35 heures aux sempiternelles négociations avec des partenaires sociaux, qui représentent souvent davantage la technocratie que la France au travail.

Enfin, les familles de France réclament que l'État les laisse tranquilles, souveraines en leur foyer, loin des desiderata des lobbies, des instances supranationales et des expériences pseudo-scientifiques.

Ce désir de tranquillité est lié à un besoin de sécurité. Sécurité dans nos rues, en combattant l'explosion des viols, des violences aux personnes et de l'ensauvagement des rapports sociaux. Sécurité en rétablissant l'autorité de la loi par l'application des peines, l'incarcération des condamnés et le retour à l'ordre. Nous devons cette prise de conscience aux familles de France avant qu'elles ne se désintéressent complètement des décisions de l'État.

Le réel, c'est que la société française est davantage emplie de « ceux qui ne sont rien » que de copies d'entrepreneurs américains. Une France périphérique est confrontée à l'exode pour fuir des métropoles invivables ou inabordables, qui subissent l'abandon le plus complet. Déserts médicaux, mille-feuilles territoriaux, excès de normes, persécutions des agriculteurs : tous ces Français sont de véritables victimes d'un apartheid de fait.

Notre société est en crise parce qu'elle est interdite de réaction. À cet égard, le grand remplacement à l'oeuvre dans notre pays est l'enjeu politique le plus crucial.

Pourtant, rien dans votre déclaration n'augure d'une prise de conscience à ce sujet. Pire, les dehors humanistes du mouvement En marche laissent planer le doute d'une connivence avec les intérêts de l'immigration massive : réduction de la France à une société multiculturelle, soutien d'État aux clandestins qui forment la majeure partie des flots de migrants, renonciation de la France devant l'arasement des civilisations – puisque pour votre demi-dieu, la culture française n'existerait pas !

J'ai alerté à plusieurs reprises déjà vos ministres sur les drames en cours : chaos dans les zones d'accueil de migrants, insécurité aux abords des lieux de placement, expansion des partis extrémistes comme l'AKP de M. Erdogan sur notre territoire. C'est toute la nation qui est mise en danger par ces trahisons. Et toute la nation craint que, à Hermès et Jupiter, nous n'ayons préféré Éole, le dieu du vent.

La France est en danger dans un monde multipolaire et l'on annonce un ministère de la défense dont la première qualité serait d'obéir sagement à Bercy. La France est en danger face au terrorisme islamiste, et aucun ne demande l'exclusion de notre société des Frères musulmans, des salafistes et de l'argent du Golfe.

La France est en danger à cause du blocage du marché du travail, et l'on feint encore de croire que les accords d'entreprise suffiront à panser les plaies de la gestion socialiste du pays, dont la Cour des comptes, face aux rêves, a encore souligné les errements.

Alors que la France n'a plus confiance en ses élites, vous soutenez le non-cumul des mandats et la proportionnelle, ce qui empirera la dépersonnalisation des mandats et le régime des partis. La France n'a pas besoin de rêves. La France, monsieur le Premier ministre, ne veut pas être Apple, une entreprise qui fait de la communication sur l'esclavage de ses plus pauvres et des immigrés de tous les pays. Elle veut être elle-même, la nation de l'unité et de la justice ! Cela, vous refusez de le constater.

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