Intervention de M'jid El Guerrab

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Débat consacré à l'europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaM'jid El Guerrab :

L'année 2021 marque le renouvellement d'une stratégie commune entre l'Union européenne et l'Union africaine : dans un contexte de pandémie mondiale et face au défi de la transition écologique, les pays européens et africains tracent les lignes directrices de leur coopération future.

En effet, le sixième sommet UE-Afrique, qui devait initialement se tenir en octobre 2020, a été repoussé à 2021. Le 28 janvier 2021, au Parlement européen, la commission du développement sur l'éducation, l'agriculture, le genre, l'allégement de la dette et la migration a adopté une position concernant la relation future entre les deux continents. Elle a notamment déclaré que l'Europe et l'Afrique devaient s'affranchir de la relation donateur-bénéficiaire. Nous ne pouvons que nous en réjouir, la pandémie de covid-19 ayant démontré la nécessité d'un partenariat renforcé avec l'Afrique.

En effet, alors que les tensions entre les grandes puissances que sont la Chine, la Russie ou les États-Unis ne cessent de s'accroître, au risque de balkaniser un peu plus le monde, les relations entre l'Union européenne et l'Union africaine doivent être renforcées. L'Afrique est en train de changer positivement, contrairement à ce que l'on peut penser, et le regard européen sur ce continent doit lui aussi évoluer. La question migratoire ne peut plus être le seul prisme par lequel le second regarderait le premier. J'ouvre ici une parenthèse en tant que co-rapporteur de la mission d'information sur la politique des visas, pour rappeler que nous avions fait, Sira Sylla, que je salue, et moi-même, plusieurs propositions parmi lesquelles l'amélioration du dispositif Schengen pour une meilleure mutualisation et la création de guichets uniques dans certains pays d'Afrique.

Rappelons-nous qu'en dépit de la crise sanitaire, les taux de croissance en Afrique sont parmi les plus élevés de la planète et que nul ne peut ignorer ses potentialités économiques et commerciales – or, dans le même temps, la Turquie, la Chine, les pays du Golfe, la Russie et l'Inde ne l'ont, eux, pas oublié. Ainsi, si l'APD – aide publique au développement – ne doit jamais être considérée comme une contrepartie à d'hypothétiques gains de parts de marché, il importe néanmoins de rappeler que l'Europe reste le principal investisseur et le premier partenaire commercial de l'Afrique.

Avec près de 20 milliards d'euros décaissés par an, l'Union européenne se place parmi les premiers contributeurs aux divers programmes de développement. Comme je l'ai défendu récemment par le biais d'un amendement adopté lors de l'examen du projet de loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, nous ne devons plus en avoir honte – ni en tant que Français ni en tant qu'Européens. Nous ne pouvons d'ailleurs qu'encourager l'engagement de neuf pays européens auprès de nos forces armées, notamment au sein de la force Takuba, qui intervient au Sahel, car la menace terroriste est commune – j'y insiste – aux pays africains et européens.

Enfin, afin de traiter l'Afrique comme une entité complète, il est nécessaire de réinventer le cadre du partenariat entre l'UE et l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique – ACP – , qui n'intègre ni le Maghreb, ni l'Afrique du Sud, traitée séparément.

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