Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Débat consacré à l'europe

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

La solidarité européenne s'est également manifestée à l'occasion de l'accord intervenu sur le plan de relance : pour la première fois, la solidarité européenne a pris la forme d'une capacité d'emprunt, donc d'un endettement commun. Sans revenir davantage sur une question qui a été longtemps débattue ici, j'insiste sur le fait que cette solidarité devra également s'exprimer en matière de lutte contre le dumping social : sur ce point, nous devons fixer un agenda de convergence économique et sociale entre les États de l'Union, notamment sur la question du salaire minimum européen.

La solidarité, c'est aussi ce qui nous permettra de trouver une solution européenne au défi de l'immigration – c'est même la seule manière réaliste d'y parvenir. Je pense à la solidarité entre les États membres, mais aussi à celle dont nous devons faire preuve à l'égard de nos partenaires du Sud. Les États membres doivent faire preuve de solidarité et de responsabilité entre eux pour soutenir les pays de première entrée et éviter les mouvements secondaires et, pour ce qui est des personnes n'ayant pas droit à la protection, faire valoir ensemble une même exigence vis-à-vis des pays de transit et d'origine au sujet des retours et des réadmissions des personnes non éligibles au droit d'asile. Ne pas engager cette démarche revient à tuer le droit d'asile, car cela banalise les mouvements. Le paquet « Migration et asile » proposé par la Commission va dans le bon sens et constitue une excellente base de travail pour les Vingt-Sept, qui auront sans doute à se prononcer sur ce point au moment de la présidence française.

Comme je le disais, la solidarité doit également s'exprimer envers nos partenaires du Sud, car nous ne saurions apporter de réponses durables à ce défi sans redonner à ceux qui se sentent forcés à partir vers l'Europe des perspectives d'avenir ne passant pas par les tragédies et les dangers de l'exil. C'est tout le sens de l'engagement que nous avons pris hier ensemble quand vous avez voté le projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, et c'est tout le sens de l'engagement de l'Europe qui est le premier bailleur au niveau mondial en matière de développement.

Enfin, mesdames et messieurs les députés, l'Europe est un projet d'avenir, un projet de combat. En effet, les biens communs que nous voulons transmettre demain à la nouvelle génération sont menacés et nous devons les défendre, à commencer par notre planète. Mme Maillart-Méhaignerie a évoqué les sujets qui sont sur la table dans le cadre de la préparation de la rencontre de Copenhague. Dans cette perspective, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union réunis au sein du Conseil européen ont fixé un nouvel objectif de réduction d'au moins 55 % des émissions de CO2 à l'horizon 2030 et de neutralité carbone à l'horizon 2050.

Nous devons maintenant décliner ces objectifs en adoptant une stratégie concrète pour accélérer la décarbonation du secteur de l'énergie, renforcer ces puits de carbone que sont nos forêts et instaurer le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières que la France appelle de ses voeux depuis dix ans. Hier, nos partenaires ne voyaient dans cette démarche qu'une forme de protectionnisme…

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