Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Débat consacré à l'europe

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

… et refusaient de nous suivre sur cette voie. Aujourd'hui, la Commission européenne se rend compte qu'une telle mesure est essentielle à l'efficacité de notre engagement en faveur du climat comme à la préservation de la compétitivité de nos entreprises et de nos industries. Cette prise de conscience fait, elle aussi, partie du réveil européen et de la sortie de l'innocence que j'évoquais tout à l'heure. Sur tous ces sujets, la Commission présentera en juin un paquet énergie-climat dont nous aurons l'occasion de débattre.

Nous nous sommes battus en 2015 pour obtenir l'accord de Paris et, depuis quatre ans, nous nous battons pour le préserver. Aujourd'hui, les États-Unis sont de retour parmi nous et nous entendons bien continuer à montrer la voie. Il ne s'agit pas seulement de prendre notre part à un effort nécessairement collectif, mais aussi d'inciter nos partenaires à faire plus dès maintenant, et la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques – COP 26 – sera le point d'orgue de cette démarche exigeante.

C'est bien un combat que nous menons, et nous avons à jouer un rôle déterminant dans l'avancée du multilatéralisme. Nous ne faisons pas du multilatéralisme à éclipses, mais considérons au contraire que c'est, pour l'ensemble de la communauté internationale, le seul vrai moyen d'avancer par le dialogue, la coopération et le droit, qui sont les choix constitutifs définissant l'Europe. Les enjeux de ce multilatéralisme sont tout à fait essentiels, ne serait-ce que pour la définition des normes. Dans ce domaine, nous avons acquis au cours des dernières années une expérience que nous devons maintenant mettre à profit pour relever tous les défis qui se présentent à nous sur une scène internationale très conflictuelle.

Enfin, nous devons nous battre pour que soient tenues les promesses de cette nouvelle révolution industrielle qu'est la révolution numérique, en mettant en avant le modèle que nous sommes en train d'inventer. Ce mouvement de projection sur la scène internationale est d'ailleurs complémentaire du mouvement d'affirmation de notre souveraineté que je décrivais tout à l'heure. Ces grands équilibres que nous travaillons à définir pour nous-mêmes entre innovation et régulation, entre protection des individus et protection des données, entre marché et citoyenneté, il nous faut maintenant en faire la matrice d'une mondialisation numérique mieux maîtrisée et plus humaine.

Voilà les combats qui nous attendent : il faut que l'Europe se donne les moyens de les mener, c'est pourquoi la transition numérique et la transition écologique sont au coeur du plan de relance et du nouveau cadre financier pluriannuel. Bien entendu, cela ne remet pas en cause les politiques historiques de l'Union telles que la politique agricole commune ou encore ce programme emblématique qu'est le programme Erasmus. Pour ce qui est de ce dernier, évoqué par plusieurs d'entre vous, notamment Mme Racon-Bouzon, je me félicite qu'il soit prochainement doté de 7 milliards d'euros supplémentaires, même s'il va désormais malheureusement devoir fonctionner sans le Royaume-Uni.

Oui, nous allons nous donner les moyens de préparer l'avenir, et c'est bien le sens des ressources propres que nous devons développer, qu'il s'agisse du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, de la taxe numérique ou encore de la taxe sur les transactions financières évoquée par le président Bourlanges, un dispositif que nous avons initié de longue date et que nous devons partager le mieux possible.

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