Intervention de Emmanuelle Anthoine

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Mutations du secteur aérien face aux défis économique et écologique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Anthoine :

La crise de la covid-19 a profondément déstabilisé le secteur de l'aéronautique, domaine d'excellence économique de la France. Derrière les grands constructeurs aéronautiques, ce sont des milliers de sous-traitants qui sont affectés en cascade et, avec eux, des centaines de milliers d'emplois. Les conséquences des mesures sanitaires sont dramatiques pour les compagnies aériennes qui voient leur activité s'effondrer. Elles se retrouvent ainsi en grande fragilité financière, ce qui complique d'autant leur capacité à faire face aux nouvelles contraintes de compensation des émissions carbone que le projet de loi climat et résilience entend leur imposer dans les prochaines années, mais également à l'augmentation du prix du carbone et à l'interdiction d'exploiter certaines lignes intérieures, conformément aux souhaits de la convention citoyenne pour le climat.

Si le groupe Air France a été soutenu par l'État, la Commission européenne, au nom des règles de la concurrence, impose que la compagnie cède vingt-quatre de ses slots – créneaux horaires – à l'aéroport d'Orly. Cela aura pour conséquence d'affaiblir encore une compagnie en difficulté, au profit de compagnies low-cost dont les pratiques sociales font l'objet de critiques.

Or seules les grandes compagnies aériennes sont à même d'avoir la capacité financière pour offrir de premiers débouchés aux avions propres du futur. Les fragiliser revient à fragiliser l'ensemble du secteur aéronautique, à un moment où celui-ci doit être en mesure d'engager les lourds investissements que nécessitent les innovations vers des appareils plus propres. Au-delà des mesures punitives, l'État doit donc proposer un réel accompagnement du secteur pour lui permettre d'effectuer sa mue vers un modèle plus respectueux de l'environnement ; et ce soutien doit s'opérer sans les mesures de rétorsion imposées par Bruxelles.

Le Gouvernement entend-il défendre le secteur face aux règles européennes absurdes, plutôt que de lui porter le coup de grâce en ne lui offrant pour seul horizon que des mesures punitives ?

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