Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du jeudi 4 mars 2021 à 9h00
Politiques de la france au sahel

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Dans les zones libérées, il faut soutenir le redéploiement de l'État, des administrations territoriales et des services de base. Concrètement, il s'agit de permettre aux marchés de se tenir à nouveau, aux cultivateurs de retrouver leurs champs et à la circulation de reprendre sur les axes routiers : l'amélioration du quotidien des populations est un maillon décisif de la reconstruction du lien entre les États et les citoyens des zones affectées par les crises, en même temps que la condition sine qua non d'un vrai retour à la paix. Des jalons importants ont déjà été posés : développements des unités mobiles de sécurité intérieure dans les territoires reconquis, renforcement des forces de sécurité intérieure à Ménaka au Mali, dans le Tillabéri au Niger ou à Ouagadougou au Burkina Faso, amélioration de l'accès à l'eau, à l'électricité et à la santé, progrès de la judiciarisation des actes terroristes ou construction d'enceintes fortifiées destinées à accueillir des représentants des services régaliens de l'État et des services sociaux.

Des progrès sont accomplis mais le compte n'y est pas, comme le savent ceux d'entre vous qui se sont rendus dans les pays du Sahel : les populations n'ont pas obtenu, à cause de la corruption et des mauvaises pratiques qui perdurent dans les administrations, tous les gestes qu'elles attendent en matière de lutte contre l'impunité des violences commises à leur endroit, et les agents publics affectés dans les zones les plus durement touchées par les crises n'ont toujours pas les moyens nécessaires à l'accomplissement de leur mission. Bref, les États n'assument pas encore pleinement leurs responsabilités. Cet élément fut l'un des axes importants des conclusions de la réunion de N'Djamena. Nous avons élaboré une feuille de route de la coalition pour le Sahel visant à déployer des stratégies interministérielles pilotées au plus haut niveau politique dans chaque pays du Sahel ; nous avons également décidé de mettre en oeuvre, avec l'appui des partenaires, des outils financiers souples garantissant des réponses rapides ; enfin, nous avons créé des zones pilotes – parmi lesquelles figurent la région de Kidal et le quadrilatère comprenant les villes de Tera, Dori, Douentza, Gao et Ménaka dont on sait la fragilité – destinées à montrer l'efficacité de cette nouvelle approche.

Voilà les initiatives prises au moment du sommet de N'Djamena, en dehors des actions militaires sur lesquelles Mme la ministre des armées reviendra. La coalition pour le Sahel regroupe aujourd'hui une soixantaine d'acteurs : ceux-ci – organes techniques, structures de développement, pays européens et non européens, comme le Japon – se réunissent sur les quatre piliers et singulièrement sur le sursaut civil qui englobe les deux derniers. Les ministres concernés tiendront leur première réunion de validation de la feuille de route dans quelques jours à Berlin : la dimension internationale de l'aide au développement est là, preuve que les lignes ont considérablement bougé au Sahel. Nous mettons tout en oeuvre, avec nos partenaires de la région, de l'Union européenne et du reste du monde, pour consolider les résultats de ces huit années d'engagement et inscrire nos succès dans le temps long. Nous le faisons par solidarité avec les populations du Sahel et parce que notre propre sécurité est en jeu.

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