Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du mardi 9 mars 2021 à 15h00
Élection du président de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

L'élection présidentielle est l'élection principale de notre système politique ; c'est la clé de voûte des institutions. Aucun changement réel de politique n'est possible sans passer par un changement à la tête de l'exécutif. Non pas qu'un tel changement permette automatiquement un changement de politique, loin de là : on a bien vu comment le quinquennat Hollande a poursuivi – plus que contredit – celui de Nicolas Sarkozy, puis comment le Président Macron, pur produit de la Hollandie, n'a fait qu'aggraver les dégâts de la politique de son prédécesseur. Mais il est certain que rien de nouveau ne peut advenir sans passer par l'élection présidentielle.

La fonction présidentielle est une boursouflure dans notre système institutionnel. À l'image de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf, les pouvoirs du président ont tellement enflé que notre Constitution est désormais méconnaissable ; sous cet effet, le consentement aux institutions menace d'éclater. Le Président de la République concentre dans ses mains tous les pouvoirs, l'autoritarisme s'aggrave de jour en jour et les libertés publiques, individuelles et collectives, sont foulées aux pieds.

Notre régime politique est particulièrement dangereux et capable du pire ; aucun contre-pouvoir ne tient debout. Écrasé par l'inversion du calendrier électoral et le quinquennat, le Parlement se rabaisse au surplus de lui-même : son rôle de législateur est purement formel et le contrôle de l'exécutif est une mascarade. Le pouvoir judiciaire a piètre allure, tant il semble soumis aux injonctions de l'exécutif ; les rares marques d'indépendance ne contrebalancent pas un système fondamentalement déséquilibré. Quant au contre-pouvoir de l'information, il n'existe tout simplement pas : on y trouve au contraire des auxiliaires zélés du pouvoir.

Les citoyens sont donc piégés dans un système qu'on les prie de croire démocratique. Parce qu'ils votent tous les cinq ans, on leur rabâche qu'ils sont libres et souverains, mais chacun constate bien qu'il n'en est rien. Alors que la souveraineté populaire a été – et continue à être – allègrement bafouée, pourquoi voudriez-vous que l'enthousiasme populaire se déchaîne pour des élections dont on sait pertinemment qu'elles ne changeront rien ?

Tant que les conditions démocratiques ne seront pas réunies pour le scrutin, l'abstention continuera d'augmenter. Le système électoral du scrutin uninominal à deux tours entraîne une myriade de stratégies néfastes pour le libre choix démocratique : on somme solennellement certains candidats de se désister afin que certains puissent accéder au second tour, tandis que d'autres sont priés de remballer leurs programmes pour une improbable union dont personne ne veut. Toutes les balivernes autour du vote utile servent surtout à se débarrasser d'un concurrent politique. Les débats sur les programmes politiques sont étouffés sous une course de petits chevaux qui se joue sur la cravate de l'un, la posture présidentiable de l'autre ou encore les sondages qui n'ont aucun sens.

Les stratégies de barrage républicain ont fait long feu. Face à Mme Le Pen, le calcul misérable de La République en marche est le suivant : positionner un candidat unique certain d'être élu. Sauf qu'on le voit bien : il s'agit de piéger les électeurs pour les forcer à voter pour quelque chose dont ils ne veulent pas.

Voulez-vous la peste ultralibérale ou le choléra de l'extrême droite ? Ni l'un ni l'autre, pour des raisons différentes, mais tout aussi valables. Nombre de nos concitoyens se sont exprimés dans un sujet qui a fait la une du journal Libération : on ne les y reprendra plus à voter Macron. Entendez cet avertissement solennel ; les citoyens ne veulent pas qu'on leur force la main. Emmanuel Macron, par le repoussoir que sa politique constitue, est le meilleur candidat pour faire gagner Marine Le Pen.

Les Français sont fatigués et lassés de voter contre : il faut un système politique dans lequel ils puissent voter pour. L'élection présidentielle de la Ve République ne le permet pas. Il faut passer à une VIe République pour que le peuple souverain reprenne le pouvoir qui est le sien. Le peuple n'est pas le problème, il est la solution. Une assemblée nationale constituante doit travailler à une nouvelle constitution écrite par et pour le peuple. Nous sommes pour l'harmonie entre tous les êtres humains et entre les êtres humains et la nature ; nous sommes pour la VIe République.

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