Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du lundi 27 novembre 2017 à 16h00
Création de l'établissement public paris la défense — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

En outre, je doute que le fait de développer La Défense aura pour conséquence directe d'attirer les entreprises qui quitteraient la City du fait du Brexit. Vous leur avez déjà donné beaucoup ; au nom de ce même objectif, on nous a déjà fait baisser très fortement la taxation du capital dans la loi de finances pour 2018, avec dans l'idée un certain dumping fiscal : le moins-disant fiscal serait susceptible d'attirer les entreprises de la grande finance internationale et les grands groupes multinationaux. Là encore, je doute que cela serve à quelque chose, car vous trouverez toujours quelqu'un qui ira plus loin que vous dans le moins-disant fiscal. Avec cette course à l'échalote, à force de diminuer les recettes de l'État au profit de la finance, je crains fort que ce soient les équilibres et le budget du pays qui souffrent.

D'autre part, on pourrait convoquer Fernand Braudel et évoquer le temps long : on ne rompra pas si facilement avec certaines logiques historiques, comme le rapprochement du monde des affaires anglo-saxon avec le monde batave, comme l'illustre le départ de certaines entités de la City vers la Hollande – mais cela nous mènerait trop loin.

En tout cas, je préférerais, pour ma part, que l'on fasse des efforts pour défendre les grands groupes industriels français, comme Alstom, plutôt que pour attirer toujours plus la finance. Vous comprendrez que pour un groupe comme le nôtre, qui pense qu'il est essentiel de définanciariser l'économie, ce soit un point de désaccord.

Deuxième difficulté – j'espère que cela vous convaincra davantage : le présent projet de loi consacre l'affaiblissement de l'État, voire son démantèlement. Vous souhaitez confier la responsabilité du développement de La Défense aux collectivités territoriales, notamment au département des Hauts-de-Seine, qui seraient majoritaires au conseil d'administration. La seule présence qui resterait de l'État au sein de celui-ci serait celle du préfet de région. D'un côté, on entend M. Bourlanges dénoncer le jacobinisme auquel serait soumise La Défense – qui, comme chacun peut le constater, est une entité d'intérêt purement départemental, voire local : on nous expliquerait presque que cela s'apparente à un gymnase local. Pourquoi ne pas proposer que les élus de Courbevoie, Puteaux, La Garenne-Colombes et Nanterre soient majoritaires, tant que vous y êtes ? D'un autre côté, vous ne cessez de dire qu'il s'agit du numéro un en Europe et que cela permettra de renforcer l'attractivité de la France. On voit bien la contradiction !

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