Intervention de Laurianne Rossi

Séance en hémicycle du lundi 27 novembre 2017 à 16h00
Création de l'établissement public paris la défense — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurianne Rossi :

Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la rapporteure, mes chers collègues, près de soixante ans après la création du quartier de La Défense, nous examinons dans cet hémicycle le projet de loi ratifiant l'ordonnance portant création de l'établissement public unique Paris La Défense.

Permettez-moi un retour aux origines du projet qui nous réunit aujourd'hui. Rappelons-nous en effet la volonté politique du général de Gaulle qui, par le décret du 9 septembre 1958, créait l'établissement public d'aménagement de La Défense, donnant ainsi un avenir hors norme à plusieurs hectares de friches répartis entre les communes de Puteaux, Courbevoie et Nanterre. Les premiers bâtisseurs de ce projet monumental imaginaient-ils alors donner corps au premier quartier d'affaires européen ? À ce que les journaux de l'époque appelaient déjà le « Manhattan français », qui abrite aujourd'hui 3 600 entreprises, dont quinze des cinquante premières mondiales ?

Soixante ans plus tard, il nous faut, à notre tour, achever cet éternel chantier, en le dotant enfin d'une gouvernance stable, efficace, lisible et pérenne. Soixante ans plus tard, dans le contexte du Brexit, il nous faut plus que jamais donner à ce territoire les moyens d'être attractif et compétitif face à ses concurrents européens et internationaux. Le renouveau du quartier de La Défense, qui passe par la poursuite de son aménagement et de sa modernisation, exige de dépasser les différends administratifs et territoriaux. Ces différends, pointés du doigt notamment par la Cour des comptes dans son rapport public annuel de 2015, ont, pendant trop longtemps, ralenti voire entravé des opérations d'aménagement et conduit au vieillissement des infrastructures et des équipements.

Le texte que nous examinons aujourd'hui apporte les réponses aux enjeux de gouvernance et de financement indispensables au rayonnement de ce quartier. Il vient clore deux années de préparation et de concertation. Au fond, les questions auxquelles nous sommes appelés à répondre aujourd'hui, à travers la ratification de cette ordonnance, sont les suivantes : voulons-nous assurer à ce territoire un avenir à la hauteur des ambitions que nous portons pour lui ? Voulons-nous faire de ce territoire économique majeur un quartier à vivre, un quartier où l'on habite, et non un quartier où l'on ne vient que pour travailler ou dormir ?

Faut-il le rappeler, La Défense accueille déjà 42 000 habitants, 45 000 étudiants, 180 000 travailleurs quotidiens, et plus encore demain. À l'image de la récente inauguration de la U Arena et de la réussite des Jardins de l'Arche, son aménagement ne se circonscrit pas au seul accueil de bureaux. Car La Défense, c'est aussi un lieu de vie, un lieu de vivre ensemble, un lieu de rencontre et un lieu de fraternité. Cette fraternité qui a, rappelons-le, donné son nom à celle que nous appelons communément la Grande Arche de La Défense. Inaugurée en 1989 par le Président François Mitterrand, « l'Arche de la Fraternité » doit nous inspirer et nous guider. En effet, il s'agit bien plus que de l'aménagement d'un quartier d'affaires, il s'agit d'un projet de territoire !

C'est en ce sens que je rejoins les impératifs énoncés par Mme la rapporteure : demeurer attentifs aux évolutions, aux besoins et aux aspirations des usagers comme des habitants, sans oublier les territoires avoisinants ; améliorer la qualité de vie, les déplacements, la mixité du logement et l'animation socioculturelle. Car l'attractivité de La Défense ne doit plus s'envisager sous le seul prisme de l'activité économique, mais bien s'inscrire dans un projet plus vaste, plus harmonieux et plus durable.

Aucun acteur ne peut décider seul de l'avenir d'un territoire comme celui-ci. Une gouvernance constructive s'impose enfin : la fusion des deux établissements, prévue par ce projet, sera facteur de cohérence, de représentativité et d'efficacité. Nous faisons par ailleurs le choix inédit de décentraliser la gouvernance en confiant au département des Hauts-de-Seine la mission de fixer une stratégie de développement et d'assurer, avec l'ensemble des collectivités concernées, la coopération territoriale qui a si souvent fait défaut.

Il était crucial d'adopter un mode de décision souple, réactif, mais aussi sécurisé. La sécurité des décisions, tout d'abord, sera matérialisée par la présence non délibérative du préfet d'Île-de-France ; en cas d'atteinte manifeste aux intérêts nationaux, aux intérêts patrimoniaux de l'État, ou au bon fonctionnement des services publics, ce dernier aura la faculté de suspendre le caractère exécutoire des décisions du conseil d'administration. À cela, la commission des lois de notre assemblée a ajouté une autre protection : en cas de suspension, une seconde délibération devra avoir lieu et, pour être adoptée, la décision devra recueillir la majorité des deux tiers des suffrages exprimés et le soutien d'au moins deux collectivités.

Outre la sécurité des décisions, ce projet garantit enfin la nécessaire sécurité financière. Avec 360 millions d'euros sur une période de dix ans, le territoire de La Défense sera en mesure de réaliser les investissements les plus urgents, un aspect crucial au regard des enjeux réels de sécurité posés par les infrastructures et les équipements de ce quartier.

Pour conclure, je crois important de rappeler que ce poumon économique local, national et européen ne doit en aucun cas être perçu comme un lieu s'attribuant le monopole des richesses. Voyons-y au contraire une aubaine, une locomotive et un nouveau souffle pour nos territoires et notre pays. Je le dis d'autant plus fermement que je suis élue de l'une des circonscriptions les plus pauvres du département.

Mes chers collègues, la confiance, la simplification, l'efficacité et la pérennité caractérisent l'esprit comme la lettre de ce projet de loi, que je défends aujourd'hui devant la représentation nationale.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.