Intervention de Paul-André Colombani

Séance en hémicycle du mercredi 24 mars 2021 à 15h00
Suivi de la crise sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul-André Colombani, LT :

Le 17 mars dernier était la date anniversaire du premier confinement qui marquait brutalement, pour l'ensemble de nos concitoyens, la rupture avec ce que nous avons appelé la vie d'avant. Le confinement, initialement prévu pour deux semaines, s'est prolongé durant cinquante-cinq jours et depuis, la crise sanitaire n'a jamais cessé. Les Français vivent désormais au rythme des confinements successifs, des couvre-feux et des annonces gouvernementales. Ils sont épuisés par la stratégie du stop and go et ont atteint la limite de l'acceptation. Certains expriment déjà une vive exaspération, comme lors du carnaval de Marseille qui a donné lieu à des comportements irresponsables que nous ne voulons pas voir se multiplier. C'est un tableau noir que je dépeins, marqué par un sentiment d'impuissance face à un virus qu'il est difficile de maîtriser malgré le combat mené par les professionnels de santé.

Nous avons malgré tout un espoir, celui de la vaccination qui prouve déjà son efficacité. Nous n'avons pas le droit à l'erreur, il faut réussir la campagne de vaccination car, à l'instant où nous parlons, la saturation des hôpitaux en Île-de-France a contraint au transfert de certains patients ; le nombre de lits disponibles est le même que l'an dernier et le risque de saturation également, alors que la troisième vague nous frappe et que plusieurs départements sont reconfinés.

Malgré cela, nous avons l'impression qu'en un an, rien n'a changé dans la méthode. L'action que vous menez se heurte quotidiennement à une centralisation écrasante, à une technocratie qui alourdit l'organisation de la lutte et surtout au manque de concertation avec les acteurs locaux, que le groupe Libertés et territoires n'a cessé de pointer du doigt. Le bât blesse également en matière de transparence : la publication erratique des avis du conseil scientifique pose question – le président de notre groupe Bertrand Pancher vous a interpellé à ce sujet – : pourquoi ces avis sont-ils cachés ? Cela participe d'un climat anxiogène. Le Président de la République semble décider de tout, tout seul, sans perspective ni cap identifiable. J'en veux pour preuve la cacophonie il y a quelques jours lors de la suspension du vaccin d'AstraZeneca.

Il y a malgré tout un espoir, je le répète : la vaccination. On observe une forte baisse des hospitalisations et des formes graves de la maladie chez les personnes de plus de 75 ans, et un taux presque nul de contamination au sein de la population déjà vaccinée. Certains pays comme le Danemark prévoient un retour à la vie normale grâce à une vaccination efficace de leur population. Malheureusement, si la vaccination est une course contre la montre, nous l'avons déjà en partie perdue par rapport à d'autres pays, du fait du retard à l'allumage de la campagne vaccinale, qu'ont suivi de profonds dysfonctionnements logistiques et une désorganisation constatée par tous.

Nous sommes arrivés à un tournant, qu'il faut négocier au mieux. Il faut se donner les moyens humains et logistiques de réussir les prochaines étapes de la campagne de vaccination. Monsieur le ministre, vous êtes enfin favorable aux vaccinodromes – le mot est peut-être mal choisi. Les vaccinodromes, oui, mais pour quoi faire ? Avec des vaccins et des bras pour piquer en nombre suffisant ? Ce matin, Philippe Juvin dénonçait la complexification de la vaccination au centre installé à la mairie de La Garenne-Colombes. Des hospitaliers venaient vacciner sur leur temps libre, rémunérés par des forfaits de la sécurité sociale ; désormais, on leur demande d'aller quémander une rémunération sous forme d'heures supplémentaires auprès des directeurs d'hôpitaux, car cela en dissuadera forcément un certain nombre.

Il faut décomplexifier au maximum la participation de l'ensemble des professionnels de santé qui le souhaitent et leur donner la possibilité de s'organiser sereinement entre eux pour effectuer ce travail exceptionnel ; ils sont prêts, ils nous l'ont montré particulièrement dans ma circonscription, entre Ajaccio et Porto-Vecchio : partout des médecins et des retraités se sont immédiatement portés volontaires, mais les retraités se voient imposer un parcours du combattant pour apporter leur aide.

En témoigne un courrier que je vous ai adressé la semaine dernière, monsieur le ministre, retraçant le parcours d'une retraitée, médecin du SAMU, Mme Catherine Ferracci. Elle a failli renoncer à cause du parcours du combattant ; elle décrit un parcours administratif sans fin. La plupart des retraités de ma circonscription ont renoncé. Catherine Ferracci est toujours en première ligne quand il faut. En 1993, elle avait été retenue en otage dans l'école maternelle de Neuilly-sur-Seine ; je voulais lui rendre hommage aujourd'hui.

Il faut autoriser aussi la participation de l'ensemble des étudiants de deuxième année de médecine ainsi que des étudiants infirmiers. Nous avons besoin de tout le monde et tout le monde est prêt, les élus locaux y compris, nos collègues l'ont dit.

Il faut tirer les leçons de la lutte contre le virus et définir une nouvelle méthode fondée sur l'anticipation, sur la concertation et sur la transparence afin de retrouver au plus vite la vie normale, comme l'a promis le Président de la République.

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