Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du jeudi 25 mars 2021 à 15h00
Accompagnement des enfants atteints de pathologie chronique ou de cancer — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Pour les enfants qui souffrent de maladies chroniques ou de cancer, deux possibilités existent afin de poursuivre leur scolarité.

La première consiste à réintégrer l'école après un séjour à l'hôpital grâce au soutien des AESH, les accompagnants – bien souvent des accompagnantes – d'élèves en situation de handicap. Ce dispositif se heurte malheureusement à deux obstacles, dénoncés par la fédération Grandir sans cancer.

Le premier concerne la lourdeur du dossier à fournir à la MDPH, la maison départementale des personnes handicapées. Ce dossier est volumineux et très long à remplir pour les parents à un moment où ils ont bien d'autres préoccupations. Il paraît indispensable de remédier à cette difficulté.

La situation des AESH elle-même constitue le second obstacle. Ces professionnelles sont sous-payées et tentées d'abandonner leur métier. Elles sont découragées par la création des pôles inclusifs d'accompagnement localisés, les PIAL, qui les obligent à se consacrer à plusieurs élèves et à courir d'un établissement à l'autre. Je saisis d'ailleurs cette occasion pour appeler le Gouvernement à davantage de vigilance s'agissant de la mise en place des PIAL : dans la pratique, nous sommes loin de l'école inclusive ! Ce nouveau dispositif décourage les AESH davantage qu'il ne facilite l'exercice de leur mission.

La seconde possibilité pour les enfants qui souffrent de maladies chroniques ou de cancer de poursuivre leur enseignement scolaire est l'enseignement à domicile, quand leurs soins exigent qu'ils restent chez eux. En commission, j'avais déposé un amendement visant à prévoir un accompagnement à domicile grâce à l'intervention d'un enseignant, mais on m'a expliqué que cela existait déjà puisque c'est précisément le rôle des services d'assistance pédagogique à domicile, les SAPAD, dont, je l'avoue, j'ignorais l'existence. J'ai retiré mon amendement, mais je réitère ma demande, car je ne suis pas le seul à ignorer l'existence de ces services : de nombreux enseignants, mais aussi des inspecteurs d'académie, ne les connaissent pas. En outre, l'accompagnement qu'ils proposent se fait sur la base du volontariat. Or on ne trouve pas toujours un enseignant volontaire pour se rendre au domicile d'un enfant malade. La fédération Grandir sans cancer a recueilli un grand nombre de témoignages qui vont dans le même sens : il faut souvent attendre de longs mois avant qu'un enseignant n'intervienne au domicile d'une famille.

On aura beau constituer un PAI pour permettre à un enfant de poursuivre sa scolarité, si les établissements manquent d'AESH et si les enseignants volontaires sont trop peu nombreux, le PAI restera lettre morte. Pour faire vivre l'article 2, il est indispensable de prévoir des moyens supplémentaires pour les AESH, mais aussi de renforcer les SAPAD.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.