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Éric Pauget
Question N° 329 au Ministère de la transition écologique et solidaire


Question soumise le 1er août 2017

M. Éric Pauget appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur les incidences fâcheuses que génère l'application de l'arrêté du 3 mai 2017 sur l'activité des parcs animaliers marins. Il lui rappelle que ces derniers participent grandement à l'attractivité touristique et économique des territoires français. Ils voient aujourd'hui par ce texte leur pérennité remise en cause ainsi que celle de nombreux emplois afférents. En effet, cette disposition normative fixe les caractéristiques générales et les règles de fonctionnement des établissements présentant au public des spécimens vivants de cétacés. Il interdit la reproduction au sein de ces parcs de certaines espèces, ce qui est pour le moins préjudiciable aux dits établissements. De plus, il semblerait, eu égard aux éléments d'information portés à sa connaissance, que sa teneur remette en cause une longue et constructive période de concertation entre les services de l'État, les associations de défense des animaux et les professionnels du secteur. En France sont concernés par ces dispositions de nombreux parcs animaliers marins au nombre desquels le plus important d'Europe implanté dans le département des Alpes-Maritimes qui accueille 1 million de visiteurs chaque année, emploie plusieurs centaines de salariés, permanents et saisonniers, et participe à la préservation d'espèces marines (dauphins, orques, otaries). Alors que les territoires littoraux connaissent une diminution importante de leur fréquentation en raison des menaces terroristes et des perspectives sécuritaires dégradées auxquelles La France est confrontée, ce texte contribue à amplifier un phénomène qui affecte particulièrement cette activité touristique. Aussi, ces professionnels forment le vœu que ledit arrêté, à l'issue d'une concertation avec la communauté scientifique, soit modifié. Ils souhaitent notamment que les règles d'encadrement des activités zoologiques que connaissent tous les zoos de France leur soient appliquées et que soit enfin trouvé un juste équilibre entre préservation des espèces et activités économiques. Aussi, il le remercie de bien vouloir l'informer des intentions du Gouvernement afin de pallier une situation des plus préoccupantes pour la pérennité de tout un secteur professionnel et des emplois des territoires français.

Réponse émise le 19 septembre 2017

Le bien-être animal est un sujet de société, et les réflexions en cette matière doivent se poursuivre, dans la continuité des améliorations apportées par la loi no 2015-177 du 16 février 2015, qui a proclamé que les animaux sont des « êtres vivants doués de sensibilité ». À l'heure actuelle, en France métropolitaine, trois établissements détiennent et présentent au public des spécimens vivants de cétacés. Toutefois, si l'ordre des cétacés regroupe entre 80 et 90 espèces, seules deux espèces sont effectivement détenues : l'orque (Orcinus orca) et le grand dauphin (Tursiops truncatus). Or, la détention en captivité des cétacés, et en particulier la participation de ces animaux à des spectacles, soulèvent de nombreuses questions éthiques. Dans le milieu naturel, le territoire exploité par les dauphins peut atteindre 100 km2, et les dimensions du territoire d'un orque sont de l'ordre de plusieurs milliers de kilomètres. Dans le milieu naturel, les dauphins et plus encore les orques sont des espèces migratrices : un orque peut parcourir 225 km par jour pendant plus de 30 jours d'affilée, et les dauphins parcourent couramment des dizaines de kilomètres par jour. Ces migrations conduisent les orques de l'Antarctique vers les zones tropicales, et l'hypothèse a été formulée que ces migrations étaient nécessaires à leur bonne santé. Les orques plongent parfois à plus de 500 mètres de profondeur, et fréquemment à plus de 150 mètres. Les dauphins peuvent plongent jusqu'à 450 mètres, ce que les scientifiques ignoraient il y a encore trente ans. Au regard de telles exigences, les installations qui accueillent ces espèces en captivité seront donc toujours trop exigües, quels que soient les efforts entrepris en matière de forme, de surface, et de profondeur. Comme les bassins ont une taille limitée, les spécimens dominés se trouvent dans l'incapacité d'échapper aux agressions des dominants. Les animaux souffrent de l'ennui et développent ce que les éthologues appellent des stéréotypies, qui sont aggravées par la « pauvreté » des bassins par rapport au milieu naturel. La trop faible profondeur, combinée au fait que les animaux passent trop de temps la tête hors de l'eau (pour recevoir des consignes ou de la nourriture de la part de leurs soigneurs), et pas suffisamment de temps en apnée, pose de nombreux problèmes physiologiques, dont le syndrome de la nageoire flaccide chez l'orque n'est qu'un exemple parmi d'autres. Pour toutes ces raisons, l'interdiction de la détention en captivité des cétacés par l'arrêté ministériel du 3 mai 2017 ne doit pas être remise en cause. L'impact de cette interdiction sur les delphinariums existants a par ailleurs été réduit autant que possible : en effet, l'arrêté du 3 mai 2017 est assorti de mesures transitoires qui autorisent la détention et la présentation au public des grands dauphins et des orques actuellement détenus en captivité jusqu'à leur mort naturelle. Comme l'espérance de vie moyenne des orques et des grands dauphins en captivité est estimée entre 30 et 45 ans et que la plupart des dauphins et des orques présentés dans les trois établissements français sont des animaux jeunes, chacun de ces établissement pourra donc poursuivre son activité pendant encore au moins 30 ans. Il faut noter également que l'activité des sites d'accueil des trois delphinariums de France métropolitaine n'est pas exclusivement consacrée à la présentation au public de cétacés : ces établissements sont en effet soit des parcs d'attraction, soit des parcs zoologiques hébergeant de nombreuses espèces animales autres que des cétacés. L'impact économique de l'interdiction de la détention en captivité des cétacés sera donc modéré au regard du progrès que cette interdiction constitue pour le bien-être animal. Dans les prochains mois, de nouvelles démarches de réflexion sur le bien-être animal seront engagées, en associant les parlementaires, les éthologues et les philosophes.

4 commentaires :

Le 21/08/2017 à 18:49, Wizyl (Doctorant en Sciences de l'Environnement (PhD), Ingénieur en Géologie (MSc)) a dit :

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Ces parcs ne participent en rien à la préservation des espèces puisque les reproductions en captivité sont extrêmement rares et les animaux meurent à des âges prématurés lorsqu'ils sont en captivité. Il faudrait au contraire les relâcher (après ré-éducation) pour qu'ils puissent vivre longtemps et se reproduire !

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Le 21/08/2017 à 19:59, sk8mag a dit :

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Il est grand temps d'évoluer sur la question des zoos et des parcs marins. Cet arrêté est une victoire. Les animaux ne doivent plus être enfermés dans des conditions qui les rendent horriblement malheureux et dans le seul but de satisfaire l'économie locale. Il est temps que les zoos et les parcs marins s'adaptent, en utilisant notamment les progrès technologiques que sont la réalité virtuelle ou augmentée. J'espère donc que le ministère de la transition écologique et solidaire maintiendra sa position sur ce sujet et ne cèdera pas devant les appels peu scrupuleux au seul nom de l'activité économique.

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Le 28/08/2017 à 13:02, alrevallier a dit :

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Bonjour Mr Eric Pauget,

je tenais à vous écrire personnellement pour vous faire part de mon indignation à la lecture de votre question ... éthiquement indéfendable vous en conviendrez ... sauf si vous ignorez totalement le mode de vie des cétacés réduits en esclavage dans les parcs aquatiques.

Je vous ferais un rappel succint : les cétacées sont des mammifères marins qui parcourent des centaines de kilomètres par jours, vivent dans l'eau salée et restent en groupes familiaux. Il passe leur journée à nager, jouer et se nourrir ... Rien à voir, vous en conviendrez, avec les conditions de vie qu'on leur impose dans les bassins d'eau chlorée des marinelands et autres parcs aquatiques.

La combinaison du soleil et du chlore provoquant de graves brûlures ... mais ceci n'est rien face aux souffrances et tortures mentales qui leur sont infligées dès le plus jeune âge : séparation d'avec la mère et le groupe familial, spectacles contre nature et stress sensoriels continuels ... imaginez-vous vivre toute votre vie dans une pièce de 3 x 3 avec des inconnus, du bruit et de la lumière toute la journée sans aucun échappatoire ... vous commencerez à deviner l'enfer que vivent les animaux ...

pourquoi toutes ces souffrances ?

Je ne doute pas de votre empathie et de votre compassion envers ces animaux et leurs souffrances avérées. Je ne doute pas non plus que vous saurez trouver une solution intelligente afin de stopper cette industrie meurtrière sans perte d'emplois. C'est plutôt cela qu'il vous faut défendre ! les mentalités évoluent, vous devez être des précurseurs et inventer le monde demain.

J'attends de vous une réponse éthiquement et commercialement défendable.

Je vous remercie d'avoir pris le temps me lire. Pour étayer mes propos voici quelques références que je vous invite à lire : https://one-voice.fr/fr/blog/categorie/delphinariums.html, http://www.cestassez.fr/p/le-manifeste.html.

Cordialement,

Anne-Lise Revallier.

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Le 10/09/2017 à 00:24, Elo2ie a dit :

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NON à la remise en question de l'arrêté du 3 mai, qui marque la prise de conscience collective envers les conditions de vies des animaux dans les delphinariums. Comme l'ont montré des milliers de français pendant la consultation publique précédant l'écriture de l'arrêté, nous ne voulons plus de cette industrie qui n'a aucune légitimité pour le bien être animal (comme l'a encore prouvé il y a peu la mort d'un très jeune dauphin au parc Astérix, et comme le prouvent chaque année les morts prématurées des animaux en delphinariums) ou encore pour une quelconque histoire de protection de l'espèce... cette industrie n'a pour seul fondement que l'argent, au détriment de l'éthique : en s'approvisionnant d'animaux capturés dans des conditions choquantes ; en les retirant à leur milieu naturel, les cloîtrant dans des bassins qui ne sont qu'un millième de l'espace qu'ils parcourraient dans l'océan en liberté ; les arrachant à leur amis / famille, puisque nous savons qu'il s'agit d'animaux extrêmement sociables et intelligents ; et enfin en les exploitant tout le reste de leur misérable vie, les forçants à faire l'acrobate contre quelques poissons pour amuser un public non sensibilisé à la réalité de cette industrie nauséabonde, avec une mort qui arrivera bien plus tôt que si nous leur avions laissé la chance de passer leurs vies comme la nature leur avait offert.

Alors oui cet arrêté engendrera des pertes financières pour les parcs, mais l'éthique ne prévaut elle pas ? Devrions nous remettre en question la traite des esclaves, les zoos humains, les montreurs d'ours car cela engrangeait des bénéfices économiques ? Les français et plus généralement tous les humains sont de plus en plus réticents à l'idée d'animaux en captivité à des fins de loisirs, en témoignent les résultats financiers du parc marineland et les arrêtés municipaux interdisant les cirques avec animaux qui pleuvent, appuyés par de nombreux pays européens qui ont fait le choix d'interdire ces cirques au niveau national. D'autant plus que des reconversions pour les employés et pour le parc sont parfaitement envisageables, si seulement on s'en donner la peine...

Les consciences évoluent, et les parcs devront s'y faire.

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