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Jacqueline Maquet
Question N° 30299 au Ministère de l'agriculture


Question soumise le 16 juin 2020

Mme Jacqueline Maquet attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'avenir de l'agriculture biologique. Alors que l'État s'est désengagé, en 2017, du cofinancement de l'aide au maintien à l'agriculture biologique, de nombreuses régions ont pris le relais au prix d'efforts financiers importants. Par ailleurs, en 2018 et en 2020, l'augmentation du transfert de budget du premier au second pilier de la PAC n'a pas été acceptée : ainsi, cela empêche le financement de ces aides avec 100 % de fonds européens. À ce jour, la situation pour les exploitations engagées dans l'agriculture biologique est de plus en plus préoccupante. La quasi-totalité des régions ne pourront bientôt plus financer l'aide au maintien à l'agriculture biologique, et, via l'écoschème, la rémunération semble être davantage réservée à d'autres exploitations que celles engagées dans l'agriculture biologique. L'aide au maintien à l'agriculture biologique est très importante pour les fermes engagées dans ce processus, puisque le marché à lui seul ne permet pas d'assurer la pérennité de cette filière et de rémunérer les services environnementaux apportés. Si la France affiche une volonté de développement de l'agriculture biologique à hauteur de 15 % de la surface agricole en 2022, cet objectif semble difficilement atteignable en vue des faibles moyens accordés au développement de cette filière. Il s'agit pourtant de permettre à tous les agriculteurs qui le souhaitent de s'engager dans un tel processus, et de soutenir ceux qui se sont d'ores et déjà engagés en ce sens. Elle aimerait donc connaître la position du Gouvernement sur cette question, ainsi que les mesures envisagées pour garantir un niveau d'aide suffisant au maintien à l'agriculture biologique. Elle souhaite obtenir des éléments chiffrés sur les aides au maintien à l'agriculture biologique sur les deux années à venir.

Réponse émise le 7 juillet 2020

Pour le développement de l'agriculture biologique, un objectif de 15 % de surface agricole utile en 2022 a été retenu dès 2018 par le Premier ministre, dans le cadre du plan ambition bio. Ce plan est doté de 1,1 milliard d'euros et s'articule en sept axes majeurs, financés principalement via trois leviers : - le renforcement des moyens consacrés aux aides à la conversion : 200 millions d'euros (M€) de crédits État, 630 M€ de fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) auxquels s'ajouteront les autres financements publics, et à compter de 2020, un apport de 50 M€ par an par la redevance pour pollutions diffuses ; - un doublement du fonds de structuration « avenir bio » géré par l'agence Bio, porté progressivement de 4 à 8 M€ par an ; - une prolongation et une revalorisation du crédit d'impôt bio de 2 500 à 3 500 € jusqu'en 2020, inscrite en loi de finances 2018. Cette dynamique sera donc accompagnée financièrement par l'État avec une augmentation des moyens. Dans le cadre de ce plan, le Gouvernement a décidé d'affecter au dispositif d'aide à l'agriculture biologique 0,3 % du transfert du premier pilier vers le second pilier dont il avait arbitré le niveau global en juillet 2017. Ainsi, 44,7 M€ issus du transfert viennent abonder le financement de l'aide à la conversion à l'agriculture biologique. Ces moyens sont disponibles depuis 2019. Ces 44,7 M€ sont répartis entre les programmes de développement rural (PDR) de l'hexagone selon une clé de répartition historique (hors indemnité compensatoire de handicaps naturels), conformément aux demandes des régions en octobre 2017. Depuis 2018, l'État recentre effectivement son intervention sur l'accompagnement des conversions afin de répondre à la forte dynamique observée ces dernières années. Cela signifie qu'il y a davantage de crédits disponibles sur la conversion pour faire face aux besoins budgétaires supplémentaires que crée cette dynamique importante. L'État continuera bien évidemment de financer aussi les engagements en maintien souscrits avant 2018 jusqu'à leur terme, ces aides étant attribuées pour une durée de cinq ans. L'aide au maintien n'est pas supprimée : ce dispositif reste inscrit dans le document de cadrage national ainsi que dans les PDR élaborés par les conseils régionaux, et pourra continuer à être mobilisé en fonction des enjeux spécifiques à chaque territoire. Les autres financeurs que l'État en particulier les collectivités et les agences de l'eau, pourront ainsi continuer à financer de nouveaux engagements en maintien. Le document cadre national donne la possibilité aux autorités de gestion du FEADER de proposer des engagements complémentaires d'un an à ceux dont les contrats initiaux arrivent à leur terme. Les prolongations d'un an interviennent en tant que contrat additionnel, en prolongation d'un contrat initial, pour des exploitants ayant déjà bénéficié d'au moins cinq années de soutien (à la conversion ou au maintien) afin qu'ils puissent continuer, en particulier, à être soutenu dans leur démarche de conversion. Les contrats d'une durée d'un an permettront de faciliter la transition entre la programmation actuelle et la programmation de la politique agricole commune (PAC) 2021-2027, ouvrant la possibilité d'un basculement rapide vers les nouvelles mesures de soutien à l'agriculture biologique. Concernant l'élaboration des futurs dispositifs de soutien à l'agriculture biologique de la prochaine programmation, le ministère de l'agriculture et de l'alimentation est mobilisé sur la rédaction du plan stratégique national, qui devra être soumis à la Commission européenne. Dans la proposition réglementaire pour la future PAC, la Commission européenne a introduit l'éco-programme, un nouvel outil de rémunération des agriculteurs visant à valoriser les pratiques contribuant à la préservation de l'environnement. Les travaux nationaux sur la stratégie d'intervention, et notamment la définition des mesures entrant dans l'éco-programme, ne pourront débuter qu'une fois que le cadre financier et réglementaire de la future PAC, actuellement encore en cours de négociation au niveau européen, sera stabilisé.

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