Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Réunion du mercredi 25 juillet 2018 à 9h30

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • alexandre benalla
  • arme
  • benalla
  • crase
  • militaire
  • opérationnelle
  • présidence
  • réserve opérationnelle
  • Élysée

La réunion

Source

La réunion débute à 9 heures 35.

Présidence de Mme Yaël Braun-Pivet, Présidente.

La Commission auditionne le Général Éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République, dans le cadre des travaux menés pour « faire la lumière sur les événements survenus à l'occasion de la manifestation parisienne du 1er mai 2018 » (article 5 ter de l'ordonnance 58-1100 du 17 novembre 1958).

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mes chers collègues, je voulais vous indiquer que les personnes que nous auditionnons ce matin ont formulé une demande de huis clos, à laquelle, en tant que co-rapporteure, je ne suis pas favorable, souhaitant que toute la lumière soit faite sur les faits dont nous sommes saisis. Je demanderai donc à mon co-rapporteur ce qu'il en pense et, en cas de désaccord entre nous, la commission des lois devra trancher cet éventuel désaccord.

En ce qui concerne les interrogations très légitimes qui se font jour sur la suite de nos travaux, je vous indique que nous allons arriver ce matin au terme des auditions qui faisaient consensus entre tous les groupes et entre le rapporteur et moi-même. Je vous propose donc, compte tenu du fait que nous avions réservé un créneau cet après-midi à seize heures trente, de nous réunir afin de définir ensemble la suite que nous allons donner à nos travaux.

Je vous précise, à la demande notamment de M. Philippe Gosselin, que je réunirai le bureau de la commission des Lois à seize heures.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

S'agissant de la demande de huis clos qui a été formulée par le général Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République et par le colonel Lavergne, je constate, madame la présidente, que vous vous ralliez à la position que j'avais, dès le départ, défendue ; l'audition aura donc un caractère public.

S'agissant ensuite de l'organisation de nos travaux, je veux redire avec gravité que je regrette que la liste des auditions que j'ai suggérée dès samedi dernier ait jusqu'à présent fait l'objet de la part de la majorité d'un refus qui est une entrave au bon fonctionnement de notre commission d'enquête.

Je regrette également que les demandes qui ont été faites par les différents groupes – Nouvelle Gauche, France insoumise, UDI – et les non inscrits n'aient pas été examinées par notre commission. Il est plus que temps en effet que la lumière soit faite et que ces auditions puissent être conduites.

Je regrette donc que le programme de nos auditions n'ait toujours pas été fixé pour cet après-midi, que des créneaux n'ait pas été aménagés pour les jours à venir et, je le dis, je suis très préoccupé par les conditions dans lesquelles nos travaux pourront se poursuivre.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Madame la présidente, y a-t-il deux catégories de députés : les députés en marche qui ont l'honneur de recevoir le Président de la République pour avoir des explications sur ses responsabilités et les autres, qui sont baladés par une commission qui n'auditionne pas tous ceux qu'ils veulent entendre ?

J'ai toujours dit que j'étais hostile au fait que le Président de la République soit auditionné par la commission, car cela remettrait en cause la séparation des pouvoirs, mais je constate que le Président de la République n'est plus le président de la Nation, mais seulement celui de « ses » députés, ce qui est totalement contraire aux institutions. La situation est très grave et le Président de la République, dans cette affaire, n'est pas digne de sa fonction. Je ne participerai plus à cette mascarade. (M. Nicolas Dupont-Aignan quitte la réunion.)

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Nous sommes réunis pour auditionner des protagonistes de cette affaire et non pour se servir de cette commission comme d'une tribune politique, bien que cela soit clairement l'objectif de certains.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon intervention concerne le fonctionnement et l'organisation des travaux de notre commission. À ce stade, nous ne pouvons que déplorer la situation de blocage dans laquelle nous nous trouvons. Notre groupe ne comprend pas votre refus de la transparence nécessaire à la poursuite de la mission qui nous a été confiée et déléguée au travers des pouvoirs d'enquête qui ont été conférés à la commission des Lois.

Il est légitime aujourd'hui que nous entendions les personnes que votre co-rapporteur a proposé d'auditionner, notamment le secrétaire général de l'Élysée. Il est d'autant plus important que nous l'entendions, ainsi que tous les membres de la chaîne administrative hiérarchique de l'Élysée, que le Président de la République a totalement contredit hier soir, par ses déclarations, la version de son directeur de cabinet que nous avions entendu dans l'après-midi. Le directeur de cabinet a-t-il menti hier quand il a affirmé qu'il n'avait jamais évoqué la sanction infligée à M. Benalla avec le Président de la République, alors que le Président de la République dit avoir validé cette sanction ? À moins que ce ne soit M. Kohler qui ait évoqué cette sanction avec le Président.

Sur la forme donc, nous devons, par souci de transparence, entendre tous ceux qui ont joué un rôle dans cette affaire. Quant au fond, les faits qui se sont produits hier soir nous conduisent à demander, avec plus de force encore, l'audition de M. Kohler. Je le dis très clairement, le groupe Les Républicains ne se satisfera pas de la façon dont est gérée cette commission qui, avec votre stratégie consistant à gagner du temps, va aboutir à un enterrement de première classe. Nous ne l'accepterons pas.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

J'ai entendu vos propos. Je vous indique néanmoins que, contrairement à tout ce que je viens d'entendre, la commission des Lois a fait preuve d'une extrême rapidité pour mettre en place cette commission d'enquête : jeudi dernier, nous avons réuni le bureau de cette commission, et vendredi, la commission des Lois ; nous avons commencé nos auditions dès le lundi matin, nous avons réalisé lundi trois auditions, et travaillé hier jusqu'à vingt-trois heures passées ; nous étions de nouveau réunis ce matin pour auditionner les personnels de l'Élysée, et je viens de vous indiquer que le bureau de la commission se réunirait à seize heures et la commission des Lois à seize heures trente pour organiser la suite de nos travaux, ce qui devrait nous permettre de débattre entre nous de l'opportunité de telle ou telle audition.

Pour l'heure je souhaite que nous commencions nos travaux. À moins que vous ne vouliez pas auditionner les personnes prévues aujourd'hui…

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Madame la présidente, je ne comprends pas que vous n'ayez pas pris le soin d'accueillir et d'introduire les personnes que nous auditionnons. Cela aurait permis d'éviter qu'elles soient ainsi les témoins de nos débats internes, ce qui ne me paraît pas tout à fait de bonne méthode.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

S'agissant de la liste des auditions, je ne peux pas, madame la présidente et co-rapporteure, vous laisser parler de consensus. Comme je l'ai déjà dit dans l'hémicycle devant le président de Rugy samedi matin, au titre de mes fonctions de co-rapporteur, je vous ai saisie officiellement et par écrit d'une liste extrêmement précise de personnes appartenant à l'Élysée, au ministère de l'intérieur et à En Marche ! que je souhaite voir convoquées par notre commission d'enquête. Les groupes Nouvelle Gauche, de La France insoumise, de la Gauche démocrate et républicaine, UDI Agir et Indépendants ainsi que des députés non inscrits vous ont également saisie de demandes extrêmement précises. Or je constate qu'à dix heures ce matin nous n'avons pas une seule audition prévue dans l'après-midi d'aujourd'hui. Je considère donc qu'il y a là un dysfonctionnement manifeste de notre commission d'enquête et, en tant que co-rapporteur, je n'accepterai pas que cette commission fasse l'objet d'entrave et d'obstruction de la part d'une majorité aux ordres de l'Élysée.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon cher co-rapporteur, je trouve vos propos ahurissants… mais commençons nos travaux.

Nous sommes réunis pour faire la lumière sur les événements survenus à l'occasion de la manifestation parisienne du 1er mai 2018. Je vous rappelle que, pour ce faire, la commission est dotée des prérogatives d'une commission d'enquête, conformément à l'article 5 ter de l'ordonnance du 17 novembre 1958.

Avant de commencer, je tiens à vous rappeler le cadre général de notre travail. Après avoir prêté serment, le général Éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République, tiendra un propos liminaire, puis moi-même et le co-rapporteur lui poserons quelques questions. Le général y répondra et je laisserai ensuite les représentants des groupes, dans l'ordre d'importance numérique de ces derniers, poser une première série de questions.

Je vous précise que les questions que vous poserez devront être limitées sur le fond par le principe de séparation des pouvoirs, en vertu duquel il est interdit aux travaux d'une commission d'enquête de porter sur des faits donnant lieu à des poursuites judiciaires, aussi longtemps que celles-ci sont en cours. La garde des sceaux, nous a fait savoir, le 23 juillet, qu'une information judiciaire était ouverte.

Je vous rappelle également que cette audition est ouverte à la presse, qu'elle est diffusée en direct sur la chaîne parlementaire et qu'elle fait l'objet d'une retransmission sur le site internet de l'Assemblée nationale.

Conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relatif aux commissions d'enquête, je vais vous demander, général, de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

M. le général Éric Bio-Farina prête serment.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Madame la présidente, monsieur le co-rapporteur, mesdames et messieurs les députés, je salue respectueusement ici la représentation nationale. C'est un honneur que de participer à la manifestation de la vérité.

Je n'ai pas à proprement parler de propos liminaire. Je dirai juste en préambule que, le 1er mai 2018 le commandement militaire, de par ses fonctions, était assez loin des événements de la Contrescarpe.

Bien sûr, nous connaissions M. Alexandre Benalla. Ses fonctions auprès du chef de cabinet l'amenaient à travailler avec nous, régulièrement. Bien sûr, M. Vincent Crase fut un temps réserviste de la réserve opérationnelle de la gendarmerie, employé à la Présidence de la République mais, ce jour-là, il n'avait pas été convoqué : il a donc agi de son propre chef, en tant que citoyen.

J'espère pouvoir répondre avec la plus grande clarté et avec le plus de détails possible aux questions que vous poserez. Néanmoins, à l'instar du directeur de cabinet, je dois vous rappeler que je suis soumis à la norme constitutionnelle et à la séparation des pouvoirs : je ne peux donc pas m'exprimer sur l'organisation interne de la Présidence. Par ailleurs, une enquête judiciaire étant ouverte, je ne pourrai pas non plus m'exprimer sur des faits relatifs à une instruction en cours. Plus particulièrement, mon positionnement au coeur du dispositif de sécurité de la Présidence de la République m'incite à la plus grande vigilance en ce qui concerne la protection du secret de la défense nationale.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

M. Crase est donc réserviste, ponctuellement mobilisé par votre commandement militaire. Pouvez-vous me préciser à quelles occasions et dans quelles conditions le commandement militaire a pu le mobiliser ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Le 23 octobre 2017, M. Vincent Crase a contracté un engagement pour servir dans la réserve opérationnelle, au sein de la Garde républicaine. Au travers de cet engagement, il est employé par moi-même, dans le cadre du vivier de réservistes que j'ai constitué au sein de la Présidence de la République, afin que la réserve, qui incarne l'engagement citoyen au service de la nation puisse s'incarner également au plus haut niveau de l'État, selon une conception à la fois symbolique et opérationnelle.

M. Vincent Crase a servi à l'Élysée dans le cadre de la réserve entre le 10 novembre 2017 et le 27 avril 2018, date de sa dernière convocation ; sur cette période de six mois, M. Crase a été convoqué quarante fois. Dans un premier temps, c'est-à-dire lors des dix premières convocations, M. Vincent Crase s'est acculturé aux modes de sécurité de la Présidence de République. Je l'avais plus particulièrement intégré au sein du service de contrôle des entrées, et sa mission se situait dans ce périmètre de sécurité. Il a fait le tour des postes pour comprendre comment fonctionnait le contrôle des entrées et pouvoir exécuter des missions dans ce service. Par ailleurs, comme il était le plus gradé de ma réserve – il était chef d'escadron –, je l'avais également missionné pour gérer au plan administratif le corps des réservistes que nous recrutions – il y a aujourd'hui quatorze réservistes à l'Élysée. Il a ensuite participé de manière opérationnelle à quelques événements du palais, essentiellement dans le cadre du service de contrôle des entrées.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Est-il habituel que des agents du commandement militaire participent à des opérations de maintien de l'ordre ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

La réponse est clairement non. Le commandement militaire a un périmètre d'action qui est strictement circonscrit aux enceintes de la Présidence de la République. Nous ne sortons pas de nos murs. La protection que nous effectuons concerne essentiellement l'intérieur des enceintes et des annexes de la Présidence. En tout état de cause, aucun réserviste ni militaire du commandement militaire n'est supposé participer à des opérations sur la voie publique, en dehors de nos murs.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Étiez-vous au courant que, le 1er mai, il devait se trouver aux côtés de M. Benalla avec le statut d'observateur sur des opérations de maintien de l'ordre ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Absolument pas. J'apprends ce fait le 2 ou le 3 mai et prends immédiatement des dispositions le concernant. Le 3 mai, je l'informe que, au regard de sa participation totalement déplacée aux événements du 1er mai, il ne fait plus partie de la réserve de la Présidence de la République, et je le remets par message, le 4 mai, à disposition de la Garde républicaine.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Le 3 mai, j'ai un entretien téléphonique avec lui et lui signifie oralement que, dès le lendemain, il ne servira plus au sein de la Présidence de la République dans la réserve opérationnelle.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Cela n'a pas d'incidence sur son appartenance à la réserve opérationnelle ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non. Pour radier un militaire de la réserve opérationnelle, il faut qu'une commission de radiation soit saisie, ce qui est une prérogative du ministre de l'intérieur.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, connaissez-vous la société Byblos ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

M. Crase s'est présenté tout seul, mais certainement sur suggestion de M. Alexandre Benalla, puisque tous les deux se connaissaient de longue date.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Quel type de vérifications le commandement militaire de l'Élysée que vous dirigez a faites, ou n'a pas faites, sur les aptitudes qu'avait M. Crase pour être ainsi mobilisé au coeur de l'État.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

M. Crase appartient à la réserve depuis assez longtemps, puisqu'il me semble que c'est en 1996 qu'il a contracté son premier engagement au sein du groupement de gendarmerie départemental de l'Eure. En 2017, il a rompu ce premier contrat d'engagement à servir dans les réserves (ESR) pour contracter un autre contrat ESR auprès de la Garde républicaine. C'est à ces deux niveaux que les opérations de vérification administratives ont été effectuées. Lorsqu'il a manifesté sa volonté de servir au sein de la Présidence de la République, il a, bien sûr, dû se soumettre à plusieurs entretiens, d'abord avec mes adjoints, ensuite avec moi-même, et il a fait l'objet d'un criblage, qui n'a rien révélé. Sa moralité étant donc attestée par ses services antérieurs et rien ne me semblant par ailleurs s'y opposer, j'ai accepté de le prendre dans la réserve opérationnelle de l'Élysée.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Dans son intervention officielle du 19 juillet dernier, le porte-parole du Président de la République, M. Bruno Roger-Petit, a déclaré que M. Benalla avait demandé l'autorisation d'observer les opérations du 1er mai et que cette autorisation lui avait été donnée. M. Bruno Roger-Petit a ajouté que « M. Alexandre Benalla était accompagné ce jour-là, et dans les mêmes conditions, de M. Vincent Crase ».

Je vous demande donc si M. Crase a été, comme l'a été M. Benalla, et dans les mêmes conditions que lui, autorisé à assister aux opérations du 1er mai.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Absolument pas. La dernière convocation de M. Crase pour une mission de service de la réserve opérationnelle au sein de la Présidence de République date du 27 avril 2018. Je n'ai à aucun moment eu connaissance du souhait de M. Crase de participer aux événements du 1er mai.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Quand avez-vous été informé, et par quel moyen, de la participation de M. Crase aux opérations du 1er mai ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Le 2 mai, M. Alexandre Benalla est venu me trouver pour m'expliquer qu'au cours de la manifestation du 1er mai, il avait participé à une interpellation, dans un contexte où des manifestants jetaient sur les forces de l'ordre et sur lui-même des objets. Il m'a montré sur son téléphone portable un court extrait vidéo de son intervention. C'est à peine si je l'ai reconnu, et je n'ai pas identifié M. Vincent Crase ; ce n'est que le 2 mai au soir, ou le 3 mai, qu'Alexandre Benalla m'apprendra que ce dernier se trouvait avec lui. Par ailleurs, je ne suis jamais parvenu à retrouver cette vidéo sur internet, n'étant pas sur les réseaux sociaux et n'y ayant pas accès. Je ne l'ai visionnée dans son intégralité que lorsqu'elle est devenue publique.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous nous dites, mon général que, vous n'avez pas pu accéder aux réseaux sociaux, qui sont pourtant publics…

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Disons que nous avons cherché cette vidéo sur les réseaux sociaux et sur internet mais que je ne l'ai pas trouvée.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

J'observe que les autorités préfectorales que nous avons entendues ont eu manifestement moins de difficultés que le général en charge du commandement militaire de l'Élysée à trouver, en quelques clics, cette vidéo sur internet.

J'en viens à vos relations avec M. Benalla : le connaissez-vous personnellement ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je connais M. Alexandre Benalla dans le cadre de nos relations professionnelles. M. Alexandre Benalla est arrivé à la Présidence de la République en mai 2017. Il a été affecté auprès du chef de cabinet avec le rang d'adjoint au chef de cabinet.

M. Patrice Strzoda vous a expliqué hier le rôle qu'il avait dans l'organisation des événements, un rôle de « facilitateur » en quelque sorte, qui le plaçait à la charnière des problématiques de sécurité entre le Groupe de sécurité de la Présidence de la République (GSPR) et le commandement militaire. J'avais donc des relations quotidiennes avec M. Alexandre Benalla dans le cadre de la préparation et de la gestion d'événements, parmi lesquels beaucoup commencent à l'extérieur de l'Élysée, mais se terminent dans son enceinte, comme, tout récemment, l'accueil de l'équipe de France, dont la gestion opérationnelle commençait sur le tarmac de Roissy pour se terminer au palais de l'Élysée.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

À votre connaissance, M. Benalla a-t-il participé à la préfecture de police à des réunions relatives à l'organisation des déplacements du Président de la République ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Oui. À l'époque, il était totalement impliqué dans l'organisation des déplacements du Président de la République.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

À l'époque ? Jusqu'à quand M. Benalla a-t-il participé à ces réunions ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

De façon certaine, jusqu'à ce qu'il soit démis de ses fonctions ; pour le moins, tant qu'il était adjoint au chef de cabinet.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Quand a-t-il été démis de ses fonctions relatives à l'organisation des déplacements du Président de la République ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Dès lors que le directeur de cabinet l'a suspendu, sans doute le 2 ou le 3 mai, immédiatement après qu'il a eu découvert les faits.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Je rappelle que dans la déclaration écrite qu'il nous a adressée hier, M. Alain Gibelin, directeur de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) nous a indiqué que M. Benalla avait participé, entre le 18 mai et le 18 juillet, à la préfecture de police, à des réunions relatives à l'organisation des déplacements du Président de la République.

Mon général, pouvez-vous nous apporter des précisions sur le grade de lieutenant-colonel de M. Benalla ? Quelles responsabilités implique-t-il ? Quelle est l'autorité qui l'a sollicité et celle qui l'a accordé ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Votre question nécessite une petite digression sur le fonctionnement de la réserve opérationnelle de la gendarmerie.

À l'origine, si ma mémoire est bonne, M. Benalla appartenait à la réserve opérationnelle du groupement de gendarmerie départementale de l'Eure.

Il a démissionné de cette réserve pour signer un contrat, toujours dans la réserve opérationnelle de premier niveau mais au sein d'une ressource spécialisée, dite ressource experte, mobilisée par le directeur de la gendarmerie, dès lors qu'un groupe de travail ou une réflexion particulière doit se tenir sur un sujet particulier. Il s'agissait, en l'occurrence, d'une mission de réflexion sur la protection des brigades territoriales montée après l'incendie criminel qui avait visé la gendarmerie de Meylan.

Dans la perspective de son intégration à cette ressource, le directeur général a accordé à M. Benalla le grade de lieutenant-colonel. Il s'agit d'un grade d'officier du corps technique administratif (OCTA) ne valant que pour la participation aux débats du groupe de travail et ne permettant pas à son titulaire d'assumer des fonctions opérationnelles sur le terrain ou de concourir à l'avancement. Je présume que le grade de lieutenant-colonel a été retenu pour donner à M. Benalla un positionnement satisfaisant dans un groupe de travail qui était d'un assez haut niveau.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Quel était le grade de M. Benalla lorsqu'il était membre de la réserve opérationnelle du groupement de l'Eure ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je ne le sais pas exactement, mais il devait s'agir d'un grade de sous-officier.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, vous êtes général de brigade de la gendarmerie nationale, et vous ignorez le grade qu'avait M. Benalla, adjoint au chef de cabinet du Président de la République, lorsqu'il était au sein de la réserve opérationnelle de l'Eure ? Il me semble que vous avez une connaissance assez elliptique du parcours de M. Benalla au sein de la gendarmerie nationale.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je sais qu'il était sous-officier, mais j'ignore quel a été son parcours de réserviste opérationnel au sein du groupement de l'Eure.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Est-il habituel qu'un sous-officier, à supposer que tel ait été son grade, puisque vous l'ignorez, soit promu lieutenant-colonel ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Cette ressource spécialisée est constituée d'experts qui constituent un vivier de personnes uniquement mobilisées dans le cadre de groupes de travail et à qui le directeur général de la gendarmerie peut en effet attribuer, à titre temporaire, ce niveau de grade. Cela se fait d'ailleurs dans les autres armées ; ce n'est pas spécifique à la gendarmerie nationale.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

M. Benalla, en sa qualité de lieutenant-colonel de cette réserve opérationnelle spéciale de la gendarmerie nationale, a-t-il effectué une mission et a-t-il participé à un groupe de travail ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je l'ignore.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

J'en reviens à M. Crase. Avez-vous saisi l'autorité judiciaire au sujet de la participation de M. Crase aux événements du 1er mai, à savoir, d'une part, les violences dont il semble s'être rendu responsable et, d'autre part, le fait qu'il se soit apparemment substitué aux forces officielles du maintien de l'ordre. Cette double circonstance vous a-t-elle semblé motiver le recours à l'article 40 du code de procédure pénale ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Absolument pas, parce que, dans le temps de la flagrance, j'ai très mal apprécié, visuellement, le rôle de M. Vincent Crase, et à aucun moment il ne m'est apparu dans les bribes d'actions que j'ai vues sur le portable d'Alexandre Benalla qu'il relevait de l'article 40.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous évoquez le visionnage que vous avez effectué sur le téléphone portable de M. Benalla, le 2 mai. Nous sommes aujourd'hui le 25 juillet. Entre le 2 mai et le moment où l'autorité judiciaire s'est elle-même saisie, c'est-à-dire le 18 ou 19 juillet, vous n'avez donc pas été conduit, en tant que commandant militaire de l'Élysée, mobilisant ponctuellement M. Crase, à revisionner les faits, à les analyser et à vous interroger sur l'opportunité qu'il y aurait à saisir l'autorité judiciaire au titre de l'article 40 ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non. Au vu de ce que je savais et de ce que j'ai vu, la décision que j'ai prise d'exclure quasi immédiatement M. Vincent Crase de la réserve de l'Élysée me semblait proportionnée.

Ensuite, il appartient à la Direction générale de la gendarmerie de statuer sur l'avenir de M. Crase dans la réserve. Je pense que nous allons nous diriger vers une radiation, mais c'est une prérogative du ministre de l'intérieur. En mon âme et conscience, j'ai fait ce qui me semblait devoir être fait à mon niveau.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Avez-vous fait un compte rendu relatif à M. Crase pour le secrétaire général de la Présidence de la République, M. Alexis Kohler ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Ma chaîne hiérarchique au sein de la Présidence de la République est très claire : je dépends du directeur de cabinet. Dès que j'apprends que M. Vincent Crase a participé, aux côtés de M. Benalla, aux événements de la Contrescarpe je lui en rends compte. Mais je n'ai pas, sauf en l'absence du directeur de cabinet, à rendre compte directement au secrétaire général.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, le porte-parole du Président de la République a déclaré le 19 juillet que M. Crase était, d'une part, gendarme réserviste mobilisé par le commandement militaire de la Présidence de la République et, d'autre part, employé de La République en Marche. D'autres employés de La République en Marche sont-ils mobilisés sous votre autorité par le commandement militaire de l'Élysée ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

De mémoire, il doit y en avoir un sur les quatorze que nous employons aujourd'hui.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous employez donc toujours un salarié de La République en Marche au sein du commandement militaire de l'Élysée.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Oui, monsieur le co-rapporteur.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Je vais, comme à l'accoutumée, donner la parole à des représentants de chacun des groupes présents dans cette salle. Je vous précise que j'ai deux demandes de la part de députés non inscrits et que, privilégiant les commissaires aux lois, je donnerai la parole à Mme Lorho, pour cette audition et la suivante.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Depuis nos auditions de lundi, nous cherchons notamment à déterminer qui était informé de l'intention de M. Alexandre Benalla de participer à la manifestation du 1er mai. À ce jour nous n'avons pas de réponse, notamment de la préfecture de police et de ses services, qui étaient pourtant en première ligne dans l'organisation de la manifestation du 1er mai. Le préfet de police et le directeur de l'ordre public et de la circulation nous ont notamment dit ne pas avoir été informés de la présence de M. Alexandre Benalla avant la manifestation et l'avoir découvert, le soir du 1er mai, dans la salle de commandement.

Compte tenu de vos fonctions de haut niveau, savez-vous si quelqu'un, à la préfecture de police, en particulier le préfet de police ou le directeur de l'ordre public et de la circulation, était informé de l'intention de M. Benalla de participer à la manifestation du 1er mai ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Le 25 avril 2018 – la date est reportée sur mon agenda – s'est tenu un déjeuner de travail entre M. Alain Gibelin, moi-même et Alexandre Benalla. L'objet de ce déjeuner de travail était de reconsidérer les conditions d'emploi et de travail des fonctionnaires de police de la compagnie de gardes de l'Élysée, qui dépendent de la Division de protection des institutions, qui, elle-même, dépend de la DOPC. Ces fonctionnaires de police sont chargés du premier périmètre de défense de la Présidence de la République, et nous réfléchissons de longue date, Alain Gibelin et moi-même, à la manière de mieux les intégrer au sein de la Présidence de la République, afin qu'ils aient une meilleure perception du niveau de leur emploi. Au titre de ses fonctions d'adjoint au chef de cabinet et étant souvent amené, lors des déplacements du Président de la République, à traiter avec la compagnie des gardes de l'Élysée, qui ouvre et ferme les accès du Faubourg Saint-Honoré, Alexandre Benalla participait à ce déjeuner.

Au cours de ce déjeuner – et je m'en tiendrai à ce que ma mémoire a retenu –, il y a eu entre MM. Alain Gibelin et Alexandre Benalla un aparté au sujet de la manifestation du 1er mai, à l'occasion duquel ils ont échangé sur les équipements qui seraient fournis à M. Benalla pour sa participation à la ladite manifestation. C'est tout ce dont je me souviens.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Je comprends donc qu'au cours de ce déjeuner qui s'est tenu quelques jours avant la manifestation du 1er mai, M. Gibelin et M. Benalla ont, selon votre mémoire, échangé sur les équipements dont M. Benalla disposerait à l'occasion de la manifestation du 1er mai. J'en conclus que M. Gibelin était informé du fait que M. Benalla participerait à la manifestation du 1er mai. Est-ce exact ? Je vous rappelle, monsieur le général, que vous parlez sous serment.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

C'est ce dont je me souviens.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Il semblerait donc qu'il y ait une contradiction très nette entre ce que vous nous apprenez et ce que nous a déclaré M. Gibelin, puisqu'il nous a indiqué ne jamais avoir été informé de la participation de M. Benalla à la manifestation et l'avoir découvert le soir-même en salle de commandement. Nous devrons donc éclairer ce point, et je proposerais à Mme la présidente que nous réentendions M. Gibelin.

Général, la présence de M. Alexandre Benalla, le 1er mai, sous l'apparence d'un policier et doté d'équipements de police, fait dire à certains qu'il existerait une sorte de police parallèle au sein même de l'Élysée : cette police parallèle existe-t-elle ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non, madame la députée, il n'y a pas de police parallèle au sein de la Présidence de la République, mais uniquement le commandement militaire de la présidence de la République et le Groupe de sécurité du Président de la République.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, vous nous avez indiqué quelles avaient été les sanctions prises à l'encontre de M. Crase, qui a été remis à la disposition de la garde républicaine.

Il nous a été dit à plusieurs reprises que M. Benalla avait été absent de l'Élysée du 4 au 22 mai. Nous le confirmez-vous ? Pouvez-vous par ailleurs attester que, pendant cette période, il n'était pas affecté à des travaux liés à la sécurité ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Jamais pendant la période de sanction M. Alexandre Benalla n'est revenu au palais de l'Élysée. Comme je suis responsable du contrôle des entrées, je peux vous l'affirmer, monsieur le député. J'ajouterai qu'à titre personnel, je n'arrivais même plus à le joindre sur son téléphone.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

À votre connaissance, a-t-il travaillé de près ou de loin pour l'Élysée pendant cette période ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Alexandre Benalla ne travaillait pas sous mes ordres. Je peux vous affirmer qu'il n'a jamais remis les pieds à l'Élysée mais là s'arrêtent mes certitudes pour cette période.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

J'aimerais revenir sur l'autorisation de port d'arme délivrée à M. Benalla et manifestement à M. Crase. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet compte tenu des relations de travail directes que vous avez eues avec ces deux individus ?

Aviez-vous constaté qu'ils portaient une arme ? Si oui, en quelles circonstances ? Était-ce au sein du palais de l'Élysée ou au cours des missions qui leur étaient confiées ? Vous êtes-vous interrogé sur le fait que l'un ou l'autre portait une arme ? Savez-vous aujourd'hui si ces armes ont été fournies par l'Élysée, par votre commandement ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Procédons dans l'ordre.

Commençons par M. Benalla. Je l'ai vu porter une arme, bien sûr, dans le cadre de certaines de ses missions. Je savais qu'une autorisation de port d'arme lui avait été délivrée et donc qu'il portait son arme de manière réglementaire.

Quant à M. Vincent Crase, dans le cadre de ses convocations, et donc dans le cadre des missions de réserviste qu'il a pu mener au sein de la présidence de la République, il était doté d'une arme de service qu'il percevait au début de ses missions et qu'il réintégrait quand elles prenaient fin. Je n'insiste pas sur le caractère extrêmement verrouillé de la procédure de perception et de réintégration des armes qui prévaut au commandement militaire et au groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). Autrement dit, le commandant militaire prêtait une arme à M. Crase dans le cadre de ses missions qui étaient toujours précédées d'une convocation.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Quelle est l'origine de l'arme que M. Benalla portait le 1er mai ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je l'ignore, monsieur le député. En tout cas, ce n'est pas une arme du commandement militaire.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous nous avez appris ce matin, mon général, que la réserve opérationnelle de gendarmerie de la présidence est composée de quatorze réservistes. Le nom de M. Crase, qui en faisait partie jusqu'au 4 mai, vous a été suggéré par M. Benalla. Nous savons que parmi ces quatorze réservistes figure aussi un salarié du mouvement La République en Marche. Y a-t-il d'autres personnes salariées de ce mouvement qui vous ont été suggérées soit par M. Benalla, soit par un conseiller ou chargé de mission de l'Élysée ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

J'ai sous les yeux la liste des quatorze réservistes de la réserve opérationnelle qui servent au sein de la présidence de la République. Outre M. Vincent Crase, il y a un autre réserviste qui était salarié du mouvement La République en marche quand je l'ai rencontré. Je crois qu'il ne l'est plus car il est indiqué qu'il est actuellement technicien d'études chez Engie.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous a-t-il été suggéré par M. Alexandre Benalla ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non. C'est la garde républicaine qui me présente des profils de personnes qui ont demandé à souscrire un engagement dans la réserve et c'est moi qui choisis ceux qui, à l'issue de nombreux entretiens, intégreront la réserve de l'Élysée.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, je voudrais d'abord redire notre attachement aux services qui assurent traditionnellement la sécurité de la présidence de la République et la protection du Président de la République. Nous leur faisons confiance et nous leur maintenons cette confiance.

Le périmètre des attributions de M. Benalla était strictement défini, comme plusieurs personnes auditionnées nous l'ont précisé. Indépendamment des événements du 1er mai, qui font l'objet d'une enquête judiciaire, vous est-il apparu qu'il arrivait à M. Benalla de sortir de ce périmètre ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Madame la députée, à ma connaissance et selon ce que j'ai pu moi-même constater, M. Alexandre Benalla est toujours resté dans le cadre des attributions qui avaient été définies par le chef de cabinet.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous nous avez dit avoir vu la vidéo le 2 mai et ne pas l'avoir revue ensuite. Est-ce parce que vous n'avez pas cherché à la revoir ou parce que vous ne l'avez pas retrouvée sur les réseaux sociaux ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je n'ai pas cherché à la revoir sur le portable d'Alexandre Benalla.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, j'ai bien noté vos observations sur la séparation des pouvoirs, l'organisation de la présidence de la République et l'enquête judiciaire. Vous êtes un militaire de très haut niveau, donc soucieux de rectitude. Vous connaissez M. Benalla, que vous avez rencontré à maintes reprises. Pouvez-vous nous en dire plus sur sa personnalité ? Quel est votre sentiment à ce sujet ? Se sentait-il l'objet d'une protection particulière ? Disposait-il d'une grande latitude au sein de l'Élysée ? Peut-il être considéré comme un électron libre, comme certains collaborateurs de l'Élysée l'ont laissé entendre ? Enfin, avez-vous une idée des relations qu'entretenait Alexandre Benalla avec Yann Drouet, qui est maintenant à la cellule anti-terroriste de l'Élysée ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Monsieur le député, j'ai parfaitement compris votre question. Je ne suis un expert ni en sociologie ni en étude de caractère. Ce que je peux vous dire – et je me contenterai de rester dans le champ de l'opérationnel et du missionnel –, c'est qu'Alexandre Benalla était un excellent spécialiste. Ce qu'il faisait, il le faisait bien et il le faisait vite, bien souvent avec une grande faculté d'anticipation.

Sur le plan de la personne – et là, vous me permettrez d'être très succinct –, il avait sans doute quelques défauts propres à la jeunesse – vingt-six ans –, une forme d'enthousiasme, une fougue qui pouvaient parfois paraître un peu débridées.

Sur le plan opérationnel et missionnel, en tout cas, tout le monde à la présidence de la République appréciait les services qu'il rendait. Et ce serait faire preuve d'injustice à son égard que de le nier ici et maintenant.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vos officiers se sont-ils fait l'écho d'altercations et de tensions qui auraient eu lieu à un niveau ou à un autre avec M. Benalla ? Avez-vous parlé avec lui de la réorganisation des services de l'Élysée ? Est-il courant dans la gendarmerie qu'une personne de vingt-six ans soit promue au grade de lieutenant-colonel ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Jamais il n'a été porté à ma connaissance une quelconque friction entre mes gendarmes et mes policiers et Alexandre Benalla, qui était, je peux le dire, unanimement apprécié.

Le projet de direction de la sécurité de la présidence de la République (DSPR) était piloté par le directeur de cabinet Patrick Strzoda, pour ce qui est de son concept global, et par moi-même pour ce qui est du plan applicatif. Alexandre Benalla y participait à titre consultatif – un peu comme pour la ressource spécialisée : d'une part, parce qu'il faisait partie de la chefferie de cabinet et que nous avions besoin de cette vision-là pour construire les orientations ; d'autre part, parce qu'en de nombreux domaines touchant à la sécurité, sa parole était assez pertinente, je dois le dire.

Le grade de lieutenant-colonel était-il approprié ? M. Benalla participait à un groupe de travail de haut niveau créé par le directeur général de la gendarmerie et sans doute a-t-il paru opportun au général Lizurey de lui conférer ce grade afin qu'il puisse y prendre toute sa place. C'est la seule raison pour laquelle il a eu un grade de ce niveau-là. Par ailleurs, je le répète, ce grade ne valait pas sur le terrain en matière opérationnelle mais seulement dans le cadre des travaux menés par le groupe de réflexion.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, vous avez pu constater sur des photos et des vidéos que le 1er mai, M. Benalla disposait d'un poste de radio ACROPOL. Cet appareil a-t-il fait partie des équipements évoqués par M. Gibelin et par M. Benalla lors du déjeuner du 25 avril dernier ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Monsieur le député, je n'en ai pas souvenir.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Pensez-vous que M. Benalla ait pu communiquer avec quelqu'un de l'Élysée pendant la journée du 1er mai ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Il serait sans doute plus utile de poser la question au colonel Lavergne tout à l'heure. Sous réserve que mes connaissances techniques au sujet des postes Acropol soient justes, je ne pense pas que la radio dont disposait M. Benalla lui permettait de communiquer avec l'extérieur.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

A-t-il pu communiquer avec l'Élysée en dehors de ce poste de radio ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je ne sais pas. En tout cas, pas avec le commandement militaire.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

À ce propos, madame la présidente, je renouvelle ma demande : nous serait-il possible d'avoir connaissance des échanges qui ont eu lieu à partir de ce poste ACROPOL le 1er mai ?

La presse évoque le nom de M. Yann Drouet. Le connaissez-vous ? Quel était son rôle dans la sécurité de l'Élysée ? Quelles relations avait-il avec M. Benalla ou M. Crase ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je connais M. Yann Drouet à deux titres : parce qu'il a été chef de cabinet du préfet de police de Paris et parce qu'il est aujourd'hui secrétaire général de la coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Dans ces deux cadres, nous avons eu et nous avons des relations quotidiennes.

Je sais qu'il connaissait Alexandre Benalla. Je ne peux guère vous en dire plus car je n'ai pas constaté, dans le champ missionnel ou opérationnel, de relations particulières entre MM. Alexandre Benalla et Yann Drouet.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Madame la présidente, nous sollicitons bien évidemment l'audition de M. Yann Drouet.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Nous en discuterons tout à l'heure à seize heures dans le cadre de la réunion du bureau et à seize heures trente lors de la réunion de la commission des Lois.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, ma première question portera sur le cas de M. Crase. Après son renvoi, avez-vous cherché à savoir si c'était la première fois qu'il participait à une opération de maintien de l'ordre sans que vous en ayez été informé ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je n'ai pas enquêté stricto sensu sur les activités de M. Crase en dehors de ses périodes de réserve. Par acquit de conscience, j'ai vérifié qu'il était bien hors du champ d'une convocation opérationnelle le 1er mai, ce qui m'a conduit à constater que sa dernière convocation remontait au 25 avril. Par acquit de conscience, j'ai aussi vérifié que son arme était dans notre armurerie et elle l'était. Là se sont arrêtées mes investigations.

À ma connaissance – c'est un fait avéré –, lorsque M. Vincent Crase était convoqué à la présidence de la République au titre de la réserve opérationnelle, il ne participait qu'aux missions pour lesquelles je le mandatais.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

L'arme qu'il portait sur lui le 1er mai est donc celle qui est restée dans l'armurerie après son renvoi.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je ne sais pas s'il portait une arme le 1er mai. Tout ce que je sais, c'est qu'il ne pouvait pas porter une arme du commandement militaire. Après, nous rentrons dans le champ de l'instruction judiciaire.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous avez indiqué avoir cherché à joindre M. Benalla sur son téléphone durant la période de sa sanction. Pour quelles raisons ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Nous échangions sur nombre de dossiers, notamment sur la DSPR car nous étions en train de construire l'espace opérationnel. J'ai dû vouloir l'appeler à propos de l'un de ces sujets. Je n'ai pas en mémoire la raison exacte. C'était en tout cas dans un cadre purement professionnel.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Il a été question de police parallèle ou de chaîne de commandement parallèle. Je ne pense pas qu'il s'agisse de cela. À mon sens, il n'aurait pas été possible de mettre en place une telle organisation au sein de la présidence de la République à la vue de tous. Je sais l'attachement que vous et d'autres fonctionnaires de l'Élysée avez pour la République. Le fait qu'il y ait des salariés de La République en marche dans la réserve opérationnelle placée sous votre commandement vous posait-il question eu égard à la séparation des pouvoirs ? La séparation des pouvoirs s'entend en effet aussi entre le Président de la République et le Gouvernement puisque c'est le Premier ministre et non pas le Président qui est à la tête de l'administration publique. Cela vous a-t-il alerté ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

C'est une question que j'ai évoquée avec Patrick Strzoda dans le cadre de nos réunions quotidiennes ou hebdomadaires avant d'accepter d'intégrer Vincent Crase notamment. Nous avons discuté de l'opportunité de le prendre dans nos rangs, compte tenu du fait qu'il était salarié de La République en Marche. Rien juridiquement ne nous empêchait de le faire. Nous avons bien bordé son champ opérationnel et nous l'avons accepté.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, l'arrivée d'Alexandre Benalla et de son équipe est-elle venue combler un manque dans le dispositif existant ? La fonction charnière entre le commandement militaire et le GSPR était-elle jusque-là vacante ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Toute structure, aussi perfectionnée soit-elle, est susceptible d'être améliorée – c'est le sens de la réflexion que nous avons menée sur la DSPR – mais non, il n'y avait pas de manque et non, il n'y avait pas rupture dans la continuité de sécurité avant l'arrivée d'Alexandre Benalla.

Avait-il une fonction charnière ? Pas au sens opérationnel du terme. Son positionnement en tant qu'adjoint au chef de cabinet lui permettait d'ajouter un degré dans la coordination entre ce qui se passe à l'extérieur de l'Élysée et ce qui se passe à l'intérieur, l'extérieur et l'intérieur étant liés dans un continuum de sécurité. Voici la plus-value qu'apportait Alexandre Benalla à notre dispositif global de sécurité.

Ai-je répondu, madame la députée, à votre question ?

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

L'irruption d'Alexandre Benalla dans le dispositif chargé d'assurer la sécurité de la présidence de la République vous a-elle amené à modifier sensiblement votre protocole d'action et d'intervention ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je ne parlerai pas d'irruption mais d'arrivée d'Alexandre Benalla et je répondrai clairement non à votre question.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Le ministre de l'intérieur a affirmé hier matin avec force : « la sécurité ne s'improvise pas, elle est l'affaire de professionnels ». J'aimerais savoir si l'irruption – je maintiens ce mot – d'Alexandre Benalla et de son équipe vous a contraint en plus de vos missions classiques à concevoir des mesures visant à anticiper l'action de non-professionnels auprès de vos équipes. Outre la protection du Président de la République, ne vous fallait-il pas en plus surveiller les actions de ces personnes ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

D'abord, à mon niveau, je n'ai pas constaté qu'Alexandre Benalla avait fait « irruption » avec une équipe. Je l'ai vu arriver seul à la chefferie de cabinet. En aucun cas son action n'a pu parasiter la mienne. En aucun cas.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, tout d'abord, je vous remercie d'être venu devant notre commission. Je cite l'intitulé de votre poste : « commandant militaire, correspondant de défense et de sécurité ». Vous êtes général de gendarmerie, corps connu comme étant particulièrement hostile aux barbouzes et aux dérives des barbouzes dans d'autres corps. Avez-vous accepté sans restriction la désignation de M. Benalla au poste qu'il occupait ?

Par ailleurs, vous avez dit avoir participé à un déjeuner le 25 avril avec M. Gibelin et M. Benalla et avoir discuté en aparté des armes qu'il allait porter lors de la manifestation du 1er mai (Exclamations.) Vous étiez donc au courant de la participation de M. Benalla à la manifestation et du fait qu'il allait être armé ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Madame la députée, je vous confirme notre profonde détestation des barbouzes.

Ensuite, la désignation d'Alexandre Benalla a procédé d'une prérogative du directeur de cabinet. Je n'avais aucun avis à émettre et je n'en ai émis aucun.

Lors du déjeuner du 25 avril, qui n'avait pas trait à la manifestation du 1er mai, je le redis, l'ordre du jour portait sur l'amélioration du travail des policiers postés autour du palais de l'Élysée... j'ai assisté à un aparté entre MM. Alain Gibelin et Alexandre Benalla. À aucun moment, ils n'ont parlé d'armes. Ils ont évoqué des équipements.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous saviez donc qu'Alexandre Benalla serait présent à la manifestation du 1er mai.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Oui, madame. Il en avait déjà parlé avec le directeur de cabinet qui l'avait autorisé à participer en tant qu'observateur. Sa motivation, a-t-il dit, était d'observer les modes opératoires des Black Blocs. On pouvait en effet avoir affaire à eux au plus près de la présidence de la République. C'était un cas d'école envisageable.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Avant que ne débute l'audition suivante à onze heures, je vous propose, chers collègues, de vous redonner la parole à raison de deux questions par groupe, en vous demandant qu'elles soient rapides et précises et qu'elles portent sur des sujets qui n'ont pas été abordés par le général Bio-Farina.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Quel était l'état des relations entre Alexandre Benalla et l'Élysée et entre Alexandre Benalla et le corps policier ? Diriez-vous que ces relations, à ces deux niveaux, étaient bonnes ou mauvaises ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Avec l'Élysée, l'adjoint au chef de cabinet avait de bonnes relations. Et d'après ce que j'ai pu constater, il avait également de bonnes relations avec le corps de la police nationale à l'extérieur de l'Élysée. Je ne l'ai jamais vu avoir une altercation avec qui que ce soit ni à l'intérieur ni à l'extérieur mais il est vrai que je ne suis pas très souvent à l'extérieur.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Je préciserai ma question : des auditions des syndicats menées par nos collègues sénateurs, il ressort qu'Alexandre Benalla avait des relations difficiles avec les policiers.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Personnellement, je ne l'ai pas constaté.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous avez dit avoir appris par M. Benalla le 2 ou le 3 mai que M. Crase était présent avec lui le 1er mai. Vous avez ensuite appelé M. Crase pour lui signifier qu'il ne pouvait plus faire partie de la réserve opérationnelle de l'Élysée. Comment l'un et l'autre ont-ils justifié cette présence ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Ils ne l'ont pas justifiée. M. Crase, quand je l'ai eu au téléphone pour lui signifier qu'il ne reviendrait plus à l'Élysée, m'a dit qu'il avait suivi Alexandre Benalla de son propre chef ce jour-là.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, pour assurer la sécurité du président de la République, y a-t-il aux côtés des forces de police et de gendarmerie des personnels privés ? Lors d'un séjour à Brégançon du Président de la République et de son épouse, certains syndicats disent que les personnels privés étaient majoritaires par rapport aux forces de police et de gendarmerie. Nous le confirmez-vous ? S'il n'y avait pas de personnels privés pour assurer la sécurité du Président de la République, y avait-il des gens qui auraient été intégrés aux forces de l'ordre de manière accélérée ?

Je profite du fait d'avoir la parole, madame la présidente, pour vous inviter avec le co-rapporteur à demander une copie du dossier qu'a dû remplir M. Benalla pour devenir lieutenant-colonel de réserve.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je vais être clair : il n'y a aucun membre d'une force privée, quelle qu'elle soit, actuellement en service dans la mission de sécurité de la présidence de la République. Je ne vois pas de quoi vous parlez quand vous dites qu'il y a eu des personnes qui ont été incorporées aux forces de l'ordre de manière accélérée. Il n'y a eu aucun mouvement de ce type au niveau du commandement militaire, pas plus à l'Élysée qu'à Bregançon ou dans d'autres résidences présidentielles.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, connaissez-vous Ludovic Chaker ? Si oui, joue-t-il un rôle particulier dans la protection de la Présidence de la République ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Monsieur le député, je connais bien évidemment Ludovic Chaker puisqu'il travaille auprès de l'amiral Rogel au sein de l'état-major particulier de la présidence de la République. Nous échangeons sur certains dossiers. À ma connaissance, il n'est jamais sorti de son rôle, qui est, je pense – mais c'est sous toutes réserves – celui d'un chargé de mission.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, vous occupiez le poste de commandant militaire de la présidence de la République avant qu'Emmanuel Macron ne devienne Président de la République. Qui assurait alors les missions de coordination dont avait la charge M. Benalla ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Vous le savez, aucun cabinet ne se ressemble : ils ne fonctionnent pas nécessairement de la même façon. Du temps du président François Hollande, le chef de cabinet avait des adjoints et des chargés de mission dont les missions recouvraient peu ou prou le champ de celles d'Alexandre Benalla. Ils les effectuaient – je le dis par honnêteté intellectuelle – avec moins d'allant et moins de sens de l'anticipation que lui.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Le fonctionnement était donc le même sous la présidence de M. Hollande ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

La coordination entre les services faisait partie, si je puis dire, du portefeuille d'un chargé de mission.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Quel était le profil de ce chargé de mission ? Quel était son parcours professionnel ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Il s'agissait d'un civil chargé de mission. Il n'avait pas de grade dans l'administration, il n'était ni sous-préfet ni préfet. Il n'était pas non plus salarié d'un parti.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, nous confirmez-vous que M. Benalla ne s'occupait pas de la sécurité du Président de la République ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je vous le confirme : M. Benalla n'était pas en charge de la sécurité du Président de la République. Cette mission relève du commandement militaire et du GSPR.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Est-il normal qu'il soit allé observer les Black Blocks lors des manifestations du 1er mai ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Il ne m'appartenait pas de porter un jugement sur sa volonté d'aller observer les Black Blocks. Est-ce qu'observer les Black Blocks, c'est contribuer à assurer la sécurité du Président de la République ? Il me semble que non.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Le problème majeur dans cette affaire, c'est que M. Benalla, qui faisait partie du service de sécurité privé d'Emmanuel Macron quand il n'était pas encore Président, semble avoir voulu conserver ses prérogatives. C'est du moins ce qui ressort des auditions. Et c'est plutôt un sentiment que j'exprime ici qu'une question que je pose.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je comprends mieux votre question précédente. M. Benalla avait un tropisme pour la sécurité, c'était un sujet qui l'intéressait. Toutefois il n'est jamais intervenu dans ce domaine et, de toute façon, il ne pouvait pas intervenir dans les procédures de sécurité du commandement militaire ou du GSPR.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous vous accorderez sans doute avec nous, général, sur l'importance que revêt la délivrance d'une autorisation de port d'arme. Nous avons appris hier que l'autorisation de port d'arme de M. Benalla était dénuée de toute base légale. Le 1er mai, M. Vincent Crase avait une arme à la ceinture. Nous supposons que cette arme n'était pas celle qu'il était autorisé à porter au titre de sa mission en tant que réserviste puisque vous nous avez précisé qu'elle était conservée à l'Élysée. Je ne doute pas que vous connaissez la liste des personnes travaillant sous vos ordres qui disposent d'une autorisation de port d'arme.

Ma question est la suivante : M. Vincent Crase avait-il une autorisation de port d'arme distincte pour les missions qu'il remplissait sous votre autorité ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Madame la députée, je comprends bien votre question mais nous entrons de plain-pied dans le champ de l'enquête judiciaire.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Etait-il muni d'une autorisation de port d'arme pour le 1er mai ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je n'en ai pas eu connaissance.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Les personnes qui remplissaient les mêmes fonctions que M. Benalla sous la présidence de François Hollande portaient-elles aussi une arme ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je n'ai pas dit, ou peut-être me suis-je mal exprimé, qu'il existait un homologue de M. Alexandre Benalla dans le cabinet précédent. J'ai indiqué que les missions effectuées par M. Benalla recouvraient celles des collaborateurs du chef de cabinet sous la présidence antérieure. Il y a toujours eu une mission de coordination au sein de la chefferie de cabinet qui s'occupe de l'événementiel.

Et pour répondre à votre question, les adjoints du chef de cabinet sous François Hollande n'étaient pas armés. Je n'ai jamais vu d'armes à leur ceinture.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous avez parlé à plusieurs reprises de M. Benalla comme d'un expert. Quelles expériences passées et présentes auraient fait de lui un expert de haut niveau ? On ne le comprend pas très bien.

Quelles sanctions disciplinaires sont prévues contre les réservistes qui ne respectent pas le code de déontologie ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Cela revient à se demander si la valeur attend le nombre des années. Alexandre Benalla avait une grande connaissance des problématiques de sécurité. L'avait-il acquise par son expérience personnelle ? Au cours de ses études ? Je dirai que c'était sans doute un mélange des deux.

Le code de déontologie l'exposera-t-il à des sanctions ? La question se posera, comme pour M. Vincent Crase, de sa radiation de la réserve opérationnelle de premier niveau dans la ressource spécialisée.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

J'aimerais moi aussi poser une question, madame la présidente.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Vous ne m'avez pas écoutée, monsieur Habib : j'ai indiqué très clairement que je faisais un deuxième tour de questions, avec deux questions par groupe. (Exclamations.)

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, pourriez-vous donner l'identité de la personne ex-salariée ou actuellement salariée de La République en Marche qui figure parmi les quatorze réservistes de votre réserve opérationnelle ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non, monsieur le député, je ne peux pas.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Pouvez-vous retranscrire, de la manière la plus exhaustive possible, l'échange entre M. Gibelin et M. Benalla concernant le 1er mai ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Je vous ai dit, de la manière la plus exhaustive possible, tout ce que je me rappelais personnellement de cet échange. Je ne saurais en ajouter davantage.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, avez-vous connaissance de l'existence d'une fonction équivalente à celle d'Alexandre Benalla à l'Élysée avant mai 2017 ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Si quelqu'un tenait la même fonction, avec le même périmètre missionnel ? Non. C'était un recouvrement de périmètres, distribués entre plusieurs adjoints et chargés de mission de la chefferie de cabinet. Vous le savez, les cabinets qui se succèdent ne fonctionnent jamais à l'identique.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, j'ai bien noté qu'il n'y avait pas d'équipe Benalla. J'aimerais toutefois savoir combien de personnes ont été recrutées depuis mai 2017 pour assurer la sécurité de l'Élysée.

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

La question est vaste. Les équipes connaissent toujours un turnover, aussi bien au sein du commandement militaire que du GSPR. Le renouvellement des équipes procède d'un cycle naturel de constitution, de reconstitution et de consolidation des équipes de sécurité. Combien de gendarmes ont été mutés et combien de gendarmes avons-nous recrutés dans l'année 2017 ? Je dirais entre quinze et vingt.

Le turnover du GSPR doit être moindre, puisque l'équipe est moins importante qu'au sein du commandement militaire. Je précise que je ne recrute que des gendarmes ou des policiers.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Les députés non inscrits ont eu droit à une question ce matin, en la personne de Mme Lohro, membre de la commission des Lois. Celle-ci m'avait indiqué qu'elle souhaitait ne poser qu'une question par audition. Ce sont les règles de notre assemblée.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Madame la présidente, je suis prêt à céder mon temps de parole aux non-inscrits.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Ce n'est pas vous qui décidez, monsieur Larrivé, de l'organisation de nos débats. En ma qualité de présidente, j'avais indiqué à Mme Lohro que j'acceptais sa requête, poser une question par audition au titre des non-inscrits. Nous sommes dans le strict respect de ce que nous étions convenus.

Monsieur Larrivé, je vous remercie de poser votre question.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Mon général, pourriez-vous préciser le périmètre du groupe de travail de réorganisation des services de sécurité de la présidence de la République ? Pouvez-vous préciser si M. Benalla y participait et si, comme un grand journal du soir l'indiquait hier, l'ancien secrétaire général du parti La République en Marche, M. Ludovic Chaker, y participait également ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Cette question se situe à la frontière de ce qui peut être dit. Je ne peux pas décrire le périmètre de la réflexion sur l'amélioration de la sécurité de la présidence de la République. Ce que je peux vous dire, c'est que notre réflexion s'est portée sur chaque segment de la mission sécurité, afin de voir ce que nous pouvions faire pour l'améliorer, ou si cela était inutile.

M. Alexandre Benalla a participé à quelques groupes de travail. Il participait d'ailleurs au groupe de travail de la direction générale de la gendarmerie nationale – DGGN.

M. Ludovic Chaker, au titre de son travail au sein de l'état-major particulier de la présidence de la République, donc bien au fait des questions de défense, a pu être convié à une réunion d'un groupe de travail qui traitait de ces questions.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Dans la continuité de la question de M. Guillaume Larrivé, savez-vous si certaines des personnes que nous avons auditionnées dans le cadre de l'enquête ont participé à ces travaux de réorganisation ou sont pressenties pour en faire partie ? Je pense à MM. Gibelin ou Simonin. Pouvez-vous nous éclairer sur ce point ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

À ce stade de notre réflexion, nous n'en étions pas à l'établissement de l'organigramme hiérarchique et fonctionnel de la nouvelle structure. Nous n'avions pas abordé les questions de personnes, mais les questions de process.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Ces personnes ont-elles participé à des réunions ?

Permalien
général éric Bio-Farina, commandant militaire de la Présidence de la République

Non, madame.

PermalienPhoto issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Général, je vous remercie pour les précisions que vous avez apportées.

La réunion s'achève à 11 heures 15.

Membres présents ou excusés

Présents. - Mme Caroline Abadie, Mme Laetitia Avia, M. Erwan Balanant, Mme Huguette Bello, M. Ugo Bernalicis, Mme Yaël Braun-Pivet, Mme Émilie Chalas, M. Éric Ciotti, M. Éric Diard, Mme Coralie Dubost, Mme Nicole Dubré-Chirat, M. Jean-François Eliaou, M. Jean-Michel Fauvergue, Mme Isabelle Florennes, M. Raphaël Gauvain, M. Philippe Gosselin, Mme Marie Guévenoux, M. David Habib, M. Sébastien Huyghe, Mme Élodie Jacquier-Laforge, M. Mansour Kamardine, Mme Marietta Karamanli, M. Guillaume Larrivé, Mme Marie-France Lorho, Mme Alexandra Louis, M. Jean-Louis Masson, M. Fabien Matras, M. Stéphane Mazars, M. Jean-Michel Mis, M. Paul Molac, M. Pierre Morel-À-L'Huissier, Mme Naïma Moutchou, M. Didier Paris, M. Stéphane Peu, M. Jean-Pierre Pont, M. Éric Poulliat, M. Aurélien Pradié, M. Bruno Questel, M. Rémy Rebeyrotte, M. Robin Reda, M. Raphaël Schellenberger, M. Jean Terlier, Mme Cécile Untermaier, M. Arnaud Viala, Mme Laurence Vichnievsky, M. Guillaume Vuilletet, Mme Hélène Zannier, M. Michel Zumkeller

Excusés. - M. Richard Ferrand, M. Marc Fesneau, Mme Paula Forteza, M. Jean-Christophe Lagarde, Mme Maina Sage

Assistaient également à la réunion. - M. Louis Aliot, Mme Marie-Noëlle Battistel, M. Vincent Bru, Mme Danielle Brulebois, M. Dino Cinieri, M. Pierre Cordier, M. Julien Dive, M. Nicolas Dupont-Aignan, M. Meyer Habib, Mme Marine Le Pen, M. Denis Masséglia, Mme Emmanuelle Ménard, M. Dominique Potier, M. Éric Straumann