Intervention de Victorin Lurel

Séance en hémicycle du 5 octobre 2016 à 15h00
Égalité réelle outre-mer — Avant l'article 20

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVictorin Lurel, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République :

Je ne ferai qu’un bref rappel historique de la question. Nos amis qui sont impliqués dans cette affaire, notamment les présidents d’associations très actives comme le CM98 – le Comité Marche du 23 mai 1998 – militent depuis toujours pour que l’on reconnaisse et que l’on honore les victimes de l’esclavage.

Il est vrai que pour un métropolitain, tout cela peut paraître quelque peu ésotérique. Il y a le jour de l’abolition, le 27 avril 1848, et il y a aussi, dans chacun des territoires, des dates différentes, qui sont fonction de l’arrivée du décret : le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe… Mais ce que disent les associations, ainsi que nombre d’élus, c’est que l’on ne célèbre que les abolitionnistes. Bien sûr, il faut les célébrer : Victor Schoelcher, l’abbé Grégoire, et tous les autres – la Société des amis des Noirs, ou encore Wilberforce en Angleterre. Mais il faut aussi honorer les victimes de l’esclavage, qui se sont battues : pensons à toutes les luttes qui ont eu lieu, y compris après l’abolition de l’esclavage, avec le Gaoulé en Martinique ou, en Guadeloupe, le sacrifice de Delgrès en 1802, lorsque Napoléon a voulu rétablir l’esclavage…

Tous ceux-là ont souffert, mais il n’y a aucune journée pour eux. Alors, le 23 mai 1998, des associations ont défilé ici – elles disent qu’il y avait plus de 40 000 manifestants – au nom de la mémoire de ces victimes-là. Cela a abouti à la loi dite « Taubira ».

Bien évidemment, la loi Taubira, tout comme celle que nous sommes en train de produire, a ses contraintes, ses forces et ses faiblesses ; elle ne permet pas de sanctionner, elle ne permet que de commémorer et d’honorer. C’est la raison pour laquelle, dans le projet de loi relatif à l’égalité et à la citoyenneté, un très grand texte de ce gouvernement mais qui n’a pas encore été définitivement adopté – il est encore en navette –…

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