Intervention de Général Henri Pinard Legry

Réunion du 13 octobre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Henri Pinard Legry, président de l'Association de soutien à l'armée française (ASAF :

S'agissant du soutien aux combattants, pour éviter les redites, l'ASAF exprime son soutien aux propositions émises par les associations.

Je tiens à aborder deux points qui ont trait à la mémoire et au lien armées-Nation. Je souscris pleinement à ce qui vient d'être dit par le contrôleur général Barcellini.

Les réactions suscitées par la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun montrent que certaines de nos commémorations, dont l'objectif est pourtant de rassembler les Français autour de leur histoire et de leur transmettre les connaissances indispensables à la compréhension des événements passés et à la réflexion pour le futur, n'atteignent pas toujours ce but. Il me paraît essentiel que le style des cérémonies ne heurte en aucune manière les différentes sensibilités des Français afin d'éviter que les commémorations ne deviennent des sujets de division. Est-il envisageable que l'avis des associations représentatives du monde combattant soit recueilli en amont ? Peut-être faut-il aussi un effort de réflexion sur le type de commémorations, le type de spectacles pédagogiques les plus à même de transmettre cette mémoire. Il faut absolument que le déroulement des cérémonies ainsi que la symbolique des évocations soit clairement expliqués. L'exemple de la « cavalcade » entre les tombes est significatif à cet égard.

Le lien armées-Nation est encore plus indispensable aujourd'hui qu'il y a vingt ans au regard du contexte dans lequel se trouve notre pays. Il ne peut se renforcer que si les citoyens connaissent leur armée. Or, un récent sondage du ministère de la Défense montre que si les Français ont confiance dans leur armée, ils considèrent ne pas la connaître suffisamment, en particulier les jeunes. L'ASAF exprime depuis plusieurs années le souhait que le haut commandement militaire puisse s'exprimer davantage dans les grands médias télévisuels. Plus que tous les autres intervenants, celui-ci possède à la fois la compétence et la légitimité puisqu'il assure la préparation des forces et la conduite des opérations. Aussi l'ASAF s'étonne-t-elle de ne jamais voir les chefs d'état-major dans le journal télévisé de vingt heures ou à une heure de grande écoute pour expliquer aux Français les missions confiées aux armées, les capacités dont elles disposent, les insuffisances ou les difficultés qu'elles rencontrent. Qui mieux qu'eux pourraient répondre aux légitimes questions des citoyens, eux qui sont des actionnaires de la défense ? Ils pourraient expliciter certains points essentiels qui sont exposés par les chefs d'état-major devant les membres de la commission de la Défense ; les comptes rendus qui sont publiés sont très peu repris et rarement décryptés pour des non-spécialistes. Alors que la Nation est engagée dans une guerre difficile dont l'un des nombreux volets concerne les armées, il nous paraît hautement souhaitable qu'au devoir de réserve trop souvent invoqué se substitue un devoir d'expression.

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