Intervention de Marwan Lahoud

Réunion du 9 novembre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Marwan Lahoud, président du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales :

Sur le contrat polonais, je rappelle que le gouvernement précédent avait sélectionné Airbus Helicopters à l'issue d'une procédure d'appel d'offres extrêmement rigoureuse. Pendant toute la campagne précédant l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, les figures de la nouvelle majorité ont expliqué que ce contrat était un scandale. Nous avons négocié les offsets – les compensations industrielles – pendant un an, ce qui par ailleurs est un peu surprenant dans le cadre d'un marché européen. Au bout d'un an, le nouveau gouvernement nous a mis dehors. C'est une déception pour nous, qui estimons que cette mise à l'écart ne se justifie pas. Une information judiciaire a en effet été ouverte en Pologne afin d'éclaircir la manière dont les choses se sont passées. Mais ce n'est pas la clé de cette affaire. La clé c'est que, dans un premier temps, le ministre de la Défense polonais a annoncé qu'il souhaitait acheter des hélicoptères américains Black Hawk sur étagère puis, dans un second temps, il a affirmé que sa première déclaration n'était pas une déclaration officielle… Le gouvernement a alors lancé un nouvel appel d'offres auquel nous avons été invités à participer. Nous allons voir si nous y donnons suite, mais le moins que l'on puisse dire c'est que le comportement des autorités polonaises pendant cette année de négociation n'a pas été des plus transparents.

J'en viens à l'A400M. Nous le savons, il y a un problème majeur lié au réducteur du turbopropulseur. Nous travaillons à la résolution de ce problème technique important. Mais ce sujet masque tous les travaux en cours sur l'amélioration des capacités militaires de l'avion. Or un avion militaire dure un certain temps. C'est totalement différent dans le domaine civil, où les étapes d'entrée en service d'un avion sont beaucoup plus courtes. Nous assumons ce problème, nous travaillons main dans la main avec nos fournisseurs pour le résoudre. Je reste extrêmement positif. L'A400M est entré en service, il participe aux opérations, sa capacité militaire va monter progressivement et il va rester en service pendant plusieurs dizaines d'années. C'est le début d'un voyage. En disant cela, je fais un effort sur moi-même pour ne pas évoquer les milliards d'euros que ce programme a coûté à l'entreprise. Une augmentation de devis avait été effectuée en 2010, dont une partie avait été assumée par les clients. Mais nous provisionnons régulièrement des fonds et, au total, nous perdons de l'argent sur cet avion.

La supply chain est le talon d'Achille de la filière. Nous nous en occupons comme d'un nouveau-né. Nous essayons d'améliorer la performance industrielle en nous efforçant de diffuser le savoir. Au-delà, nous surveillons de très près ce qui se passe dans la filière, nous examinons les défaillances, des fonds existent, etc. Malgré tout, la défaillance d'un seul peut se traduire par des impacts majeurs pour tous.

Une dernière précision : j'ai évoqué nos relations commerciales avec Google, mais nous ne vendons pas uniquement à cette entreprise. Je souhaitais simplement souligner le fait que nous disposons d'une activité imagerie très performante et reconnue. Par ailleurs, nous fournissons des services beaucoup plus élaborés que la simple vente d'images.

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