Intervention de Jean-Pierre Lacroix

Réunion du 19 octobre 2016 à 11h15
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Jean-Pierre Lacroix, directeur des Nations unies, des organisations internationales, des droits de l'Homme et de la francophonie au ministère des affaires étrangères :

L'approche que nous essayons d'adopter vis-à-vis de l'Azerbaïdjan n'est pas en noir et blanc. Bien entendu, elle tient compte des éléments que nous jugeons préoccupants, voire très préoccupants, pour la liberté de la presse, la situation des ONG ou les partis d'opposition, mais le constat n'est pas entièrement négatif. J'ai évoqué la position de ce pays sur la peine de mort. C'est un élément assez significatif, car beaucoup de pays sensiblement plus « démocratiques » que l'Azerbaïdjan ont une approche tout à fait différente de cette question… Nous ne négligeons pas non plus la situation des femmes, ni la coexistence des différentes minorités. Ce n'est pas de la langue de bois que de dire que chaque contexte historique est spécifique ; nous essayons de nous garder d'avoir une approche trop tranchée qui ne tienne pas compte de tous les éléments.

Au-delà du cas de l'Azerbaïdjan, force est de constater que nous assistons à un durcissement de la situation des droits de l'Homme et des libertés publiques dans de nombreux pays et, dans les enceintes multilatérales, le combat de cultures est beaucoup plus âpre qu'au cours des dix ou vingt dernières années – je pense à l'évolution de pays tels que la Turquie, la Russie ou certains partenaires de l'Union européenne. Cette évolution crée un contexte susceptible d'encourager des régimes, tels que celui de l'Azerbaïdjan, à aller plus loin, de même qu'en Afrique centrale, le fait qu'un président change la Constitution pour se faire réélire incite ses voisins à faire de même. Ce contexte n'est pas particulièrement encourageant, et il s'étend aux questions de société : sur la famille ou la situation des femmes, la polarisation est plus forte qu'auparavant. Cela ne doit pas nous inciter à désarmer, au contraire. Nous devons continuer à travailler avec nos partenaires les plus proches, notamment les membres de l'Union européenne, pour faire valoir nos intérêts, au fond, car la défense des droits de l'Homme est une question de principe mais concerne aussi nos intérêts. C'est en tout cas la conviction du ministre.

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